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Libye : le silence troublant de l’Algérie

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Dans les hautes sphères du gouvernement, on s’enorgueillissait jusqu’il y a quelque temps du retour d’une diplomatie algérienne agressive et rompue aux affaires internationales. Sauf que depuis le début de l’année, elle est inaudible. Sans prise sur l’accélération des événements dans l’espace sud de la Méditerranée.

Alors qu’à nos frontières Est, le monde suite minute par minute la fin libératrice de 42 ans du règne absolutiste de Mouammar Kadhafi et le triomphe des insurgés du Conseil national de transition, en Algérie, on préfère plonger la tête dans le sable, continuer comme si de rien n’était. Aucun commentaire, ni réaction de la part des autorités. Malgré les accusations de présence de mercenaires, tantôt du côté de Kadhafi et tantôt des insurgés du CNT, on applique le silence. La diplomatie algérienne se mure dans le mutisme.

Comment interpréter le black-out informationnel sur la révolution libyenne de la part des officiels ? Par le sacro-saint argument de non-ingérence dans les affaires intérieur ? Ou par une gêne due à une position plutôt ambigüe affichée par nos autorités sur le conflit libyen ? Sans doute. Il est quand même ahurissant que pendant qu’un pays voisin vit un extraordinaire bouleversement politique, l’Algérie ne dise rien. Tourne le dos aux bouleversements qui touchent les pays limitrophes.

Sauf qu’on ne peut longtemps ignorer l’évidence. Déjà que les frontières ouest sont fermées, celles du sud, immenses et difficiles à surveiller, sont sujettes à des incursions ponctuelles de terroristes donc sous tension, on ne peut pour longtemps nous aliéner le voisin de l’est et le Conseil national de transition. Pourquoi le ferait-on ? Sous prétexte d’une longue amitié entre le tyran libyen et les autorités algériennes ?

Une évidence tout de même : il sera difficile de rétablir des relations saines avec notre voisin libyen. La tension est sourde pour le moment. Et c’est notre ambassade pillée la nuit dernière à Tripoli qui a, en premier, payé les frais de cette glaciation diplomatique.

La Ligue arabe fidèle à ses vieux réflexes

Après des semaines de silence sur les soulèvements populaires qui ont balayé deux dictateurs et font trembler les régimes autocratiques et séniles du monde arabe, la Ligue arabe a comme à ses sempiternelles habitudes dénoncé l’agression israélienne et demandé l’intervention de la communauté internationale. Du copié-collé de ses vieux communiqués. Aux yeux des membres de la Ligue, rien donc n’a changé ces derniers mois. Avec l’implacable cynisme qui l’a caractérise, la Ligue arabe dénonce l’agression israélienne et se tait sur ce qui se passe à l’intérieur des pays arabe. Aucune déclaration sur la Libye, pourtant membre, ni sur les massacres qui ont lieu en Syrie. Plus de 2000 morts et des milliers de disparus et la Ligue arabe n’a toujours pas sa langue, elle ferme les yeux.

Manifestement, au sein de cette organisation panarabe, on n’a pas compris que des révolutions populaires sont passées par là. Qu’un séisme politique est en train de balayer un par un les despotes qui la composent.

La nouveauté c’est que désormais le fonctionnement de ce "syndicat de dictateurs" ne trouve plus grâce auprès de certains de ses membres. Ceux-là même qui ont fait leur révolution voudraient lui impulser une nouvelle dynamique. Ainsi, l’Egypte est déçue par le communiqué de la Ligue. Elle souhaitait un changement radical des pratiques à la lumière des derniers développements dans la région.

On ne peut pas dire que Nabil Al Arabi ait pris quelque risque depuis son arrivée à sa tête. La preuve ? Sur la question libyenne également, la Ligue arabe s’est montré d’une complaisance renversante avec le "guide" libyen, ignorant complètement les affrontements armés qui durent depuis février. Le cas libyen est l’autre preuve que l’organisation panarabe cultive toujours les vieux réflexes de soutien aveugle à ses membres. Il a fallu que la rébellion prenne le contrôle de Tripoli pour que son secrétaire général Nabil Al Arabi exprime, hypocritement "sa totale solidarité avec les efforts menés par le CNT".

Sans doute soutiendra-t-elle encore longtemps le président Bachar Al Assad dans sa répression contre son peuple. Comme d’ailleurs les derniers potentats encore au pouvoir dans le monde arabe.

Sofiane Ayache

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