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Initiatives d’état… clandestines

 

Par : Mustapha Hammouche

Le pouvoir algérien est capable de tous les errements. On peut s’en émouvoir ou les dénoncer ; en général, rien n’y fait. Jusqu’à ce que le pouvoir lui-même les dénonce enfin, à son tour, invalide ses décisions passées et puise un surplus de légitimité dans la mise en œuvre du contraire de sa politique antérieure.
Ainsi, après des années de libéralisation, le président Bouteflika se ravise, en juillet 2008, et déclare solennellement devant les cadres de la nation : “Nous nous sommes trompés”, ajoutant que “nous nous sommes rendu compte que nous avons fait fausse route. Oui ! En matière de politique de privatisation et d’investissement, nous nous sommes cassé le nez !”
Un an plus tard, la loi de finances complémentaire pour 2009 venait poser les restrictions supposées rectifier l’erreur.
Les réactions des entrepreneurs inquiets, mais timorés, n’y purent rien. Les entraves au commerce extérieur et à l’investissement étranger ont toujours cours. Pourtant, à son tour, Ouyahia reconnaissait, à l’occasion de la tripartite de mai 2011, le mauvais climat des affaires qui règne dans le pays.
“Le gouvernement affirme officiellement que le climat des affaires a besoin d’une amélioration.”
La LFC 2009 y est pour beaucoup et les concessions faites à l’investissement par la dernière tripartite sont censées y remédier, du moins en ce qui concerne les affaires du patronat local. Ces exemples montrent que les échecs du régime, même avoués, sont sans conséquence politique, du point de vue des dirigeants comme du point de vue du système politique global.
Ce système, qui immunise contre la sanction politique, devrait au moins avoir l’avantage de faciliter, pour chaque décideur, l’identification des décideurs. Et pourtant, il est d’étranges agissements qui restent sans auteur défini, bien que, parfois, ils marquent durablement la vie nationale. Il en est ainsi, par exemple, de la permissivité dont jouissent des émirs du Moyen-Orient dans la chasse à des volatiles… protégés par la loi nationale et internationale. Pourtant, pour que le viol de la loi et du principe universel de sauvegarde des espèces menacées fasse dans une telle durée, avec le tapage, la fréquence et l’ampleur qu’on sait, il fallait qu’il soit avalisé par une décision d’État.
De même que la chasse aux bars et débits de boissons doit obéir à une instruction de l’État. Mais nulle trace officielle de la décision ! Et dans la communication institutionnelle, aucun responsable n’assume l’initiative comme sienne.
La réponse, elle-même, du premier ministre, qui a eu la chevalerie d’affronter la question de la fermeture des bistrots et boutiques d’alcool, constitue une échappatoire à la question. Que les bars ne puissent, au mieux, créer que “deux emplois” ne justifie point leur fermeture. Et l’argument de la cirrhose, s’il était sérieux, aurait dû donner lieu à une fermeture généralisée adoptée dans la forme légale et réglementaire qu’exige une décision de santé publique.
Ouyahia a donc, pour ne pas fuir la question, donné la réponse qu’il peut. Autrement, quelqu’un qui en a le pouvoir, prend des décisions au nom d’on ne sait quel intérêt ou quelle cause, et qu’il refuse d’assumer. Quelqu’un d’assez puissant pour faire assumer à toutes les institutions des initiatives qu’il veut clandestines.

M. H.
musthammouche@yahoo.fr     

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