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Des nouvelles de la fausse réforme

 

Par : Mustapha Hammouche

L’Intérieur vient de proclamer qu’il n’y aura pas d’agrément de parti avant la promulgation de la nouvelle loi. Mais, auparavant, son ministère avait déjà réceptionné un dossier de création de parti politique.
Le cafouillage qui entoure ce rabibochage de textes de loi que le pouvoir nous présente comme un prélude à la réforme démocratique illustre l’indécision politique  qui règne au sommet de l’État. Le marchandage autour du quota de femmes montre aussi que le pouvoir n’a pas programmé l’étendue des rafistolages qu’il fait passer pour des révisions devant nous prouver que le régime est en train de changer de nature.
Les députés, qui n’ont pas l’habitude de discuter les implications politiques des textes qu’on leur soumet, pinaillent, cette fois-ci, sur
des pourcentages ! Le Président,  initiateur de “la réforme”, tient-il
vraiment à sa réforme qu’il disait nécessairement “approfondie” ? Déjà que le contenu, notamment du projet de loi sur les partis et du projet de loi électorale, n’augure d’aucune évolution qualitative dans la pratique politique. Mais, pire, il semble s’abriter derrière le conservatisme exprimé par le travail de la commission de consultations et les réticences des élus de la coalition au pouvoir.
En définitive, il compte sur l’indigence des propositions de textes du gouvernement et sur les errements institutionnels que ces textes sont en train de connaître pour vider sa “réforme” de son sens, si tant est qu’elle devait en avoir. Entre-temps, il aura tout le temps de voir venir, et avisera selon le climat sociopolitique du moment. Le changement nous occupe plus qu’il n’est à l’ordre
du jour ! Les ministres sont préoccupés par s’assurer qu’ils pourraient faire campagne avec les moyens de l’État et à partir de leur position d’autorité et les députés tentent de se garantir les conditions de rééligibilité les plus favorables ; et on appelle cela un débat sur les lois de la réforme ! Et comme la réforme ne doit pas menacer la continuité, on n’a pas oublié de conjurer le traumatisme d’un Président mal élu pour
cause de démission de concurrents : désormais, il sera interdit aux candidats à la magistrature suprême de se retirer en cours de route. Le régime utilise la “réforme” pour consolider ses assises en même temps qu’il s’en sert pour gagner du temps ; et les députés s’emploient à en perdre. Ce qui, en pratique, revient au même.
Dans les derniers jours de la session, chacun essayera de glisser, dans les textes, l’assurance de sa durée. Les ennuyeuses péripéties des projets de loi  “politiques” nous donnent un avant-goût du scénario de la révision constitutionnelle.
Le pouvoir croit vraiment qu’il balade les Algériens dans la croisière d’une mise en scène réformatrice. Peut-être a-t-elle servi à modérer la pression de ses partenaires étrangers, mais le commun des citoyens ne vit pas au rythme de la vie parlementaire. Il n’en a toujours pas attendu beaucoup.
L’Algérie attendra encore sa réforme. Qui ne peut pas dépendre de la volonté du système.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr

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