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Grève et blocage des routes

 

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Revendications d'un meilleur cadre de vie, dénonciation d'un chômage endémique voire mauvaise gestion d'entreprise, tout est prétexte à sortir dans la rue et à paralyser un secteur donné.

En l'absence de cadres de dialogue et de structures de médiation pour résoudre ou déminer les nombreux conflits qui traversent la société, les Algériens n'ont plus que la manifestation de rue comme moyen d'expression. Déjà largement instrumentalisée par le pouvoir politique, la justice est incapable de faire face aux nombreux problèmes qui surgissent à tous les niveaux de la société et surtout pourrissent la vie des citoyens. Les dépassements et autres injustices sont criants pour fermer les yeux.

Le précédent de la jeune femme qui a préféré se suicider, samedi à Oran, que de se retrouver dans la rue est la parfaite illustration de ce manque de dialogue et de l'absence de structures intermédiaires (médiateurs) capables de répondre aux questions urgentes des citoyens. Pas seulement, puisque le retard pris à tous les étages de l'Etat pour répondre aux besoins des citoyens fait démultiplier l'exaspération générale.

La paix sociale ce n'est pas seulement la distribution de l'argent public, mais c'est surtout la patiente construction de l'édifice social sur des bases solides. Et ce, en commençant par les communes, sources de captation des problèmes les plus pratiques.

La violence récurrente dans la rue est d'abord l'expression d'un abandon de l'Etat de ses charges et missions. Les mouvements de manifestations sont nombreux aux quatre coins du pays. Ils ne sont pas le fruit d'une région ou d'un groupe social, mais le résultat d'une fracture entre tout ce qui représente l'Etat et la société. Ce dos à dos est le meilleur contre-exemple à tous les discours politiques avec lesquels nous abreuvent le gouvernement et ses relais traditionnels.

Florilège de foyers de tensions :

Tizi Ouzou : la laiterie de Draa Ben Khedda paralysée

La laiterie privée de Draa Ben Khedda, 10 km à l'ouest du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, a été paralysée hier par un mouvement de grève initié par des travailleurs pour protester contre la "dégradation des conditions de travail" au sein de leur unité. 

En effet, les protestataires ont décidé de monter au créneau après une assemblée générale tenue la semaine dernière pour revendiquer que leur entreprise "repasse aux mains de l'Etat après moins de quatre années de sa privatisation" car, pour eux, l'ex-Onalait est devenue méconnaissable depuis que leur employeur a changé. Ils dénoncent la perturbation dans le fonctionnement de leur usine et notamment l'indisponibilité de la poudre de lait pour la fabrication du lait pasteurisé en sachet. 

A l'action des travailleurs se sont joints des distributeurs privés du lait qui les soutiennent du moins dans l'approvisionnement du marché en lait qui connaît de nombreuses perturbations. Les protestataires n'entendent pas s'arrêter à leur action d'hier et menacent de radicaliser leur mouvement de protestation dans l'espoir que les pouvoirs publics interviennent pour "remettre de l'ordre" dans leur unité. 

Naït Ali H.

Colère à Chbaïta et Hattatba (Tipaza)

Les habitants de haouch Gabi, dans la commune de Chaïba à Tipasa, ont investi et coupé la route en installant toutes sortes d’obstacles sur plusieurs kilomètres paralysant, samedi, la circulation au niveau de la RN 67 sise à l’est de la ville de Koléa. Cette action avait immobilisé tous les véhicules, ne prenant fin qu’à la venue de la brigade d’intervention rapide de la gendarmerie de Koléa qui a pu disperser les manifestants dont la moyenne d’âge varie entre 18 et 25 ans. Cette manifestation a contraint les camions lourds transportant des fruits et légumes qui se dirigeaient vers le marché de gros de Hattatba à faire demi-tour et aller vers les autres marchés de gros à l’instar de ceux de Bougara, des Halles d’Alger ou des Eucalyptus. La déception des grossistes a été perceptible à telle enseigne que certains d’entre eux n’ont pas hésité à qualifier ces jeunes manifestants de drogués.

Au marché de gros de Hattatba, un mandataire nous a déclaré : "Ce sont des inconscients, des drogués qui guettent les automobilistes esseulés pour les délester de leurs bijoux, de leurs portables ou de fortune». Ce ne sera pas l’avis des jeunes du village haouch Gabi, lieu d’où est partie la contestation. En effet, le jeune R. Ahmed, 25 ans, nous dira en substance : "Ces manifestants sont des jeunes du village haouch Gabi, assistés par des jeunes de Hattatba et de Chaïba, qui ont été solidaires avec les résidants de ce haouch pour sensibiliser les autorités locales sur leurs préoccupations et leurs problèmes, notamment le bitumage de la voirie du village, l’absence de l'éclairage public, l’élimination des ornières géantes causées par les dernières pluies et les eaux saumâtres constituées par une absence de réseau d’évacuation des eaux usées ainsi que la quasi-absence de moyens d’évacuation des déchets urbains."

Un sexagénaire résidant dans ce hameau, que les jeunes appellent affectueusement si El Hadj Amar, intervint pour dire : "Avant le mois sacré du Ramadan, nos jeunes ont demandé avec insistance de prendre en charge nos préoccupations et ils avaient coupé la route symboliquement durant quelques minutes. Nos élus se désintéressent de nos préoccupations et font la sourde oreille. Aujourd’hui, nous avons levé les barricades, mais si ce mépris et ce désintérêt persistent pour nous ignorer, alors là, la mobilisation sera plus grande et plus violente", martela avec menace ce vieil homme. Certains élus de la commune de Chaïba dépendant administrativement de Koléa fustigent ces actes dignes des hooligans et estiment, pour leur part, que "l’essentiel des problèmes recensés ont été pris en charge depuis longtemps. L’action spectaculaire de ces manifestants est beaucoup plus une initiative isolée de groupuscules douteux, ayant pour seul but de délester les automobilistes et les gros camions de leurs charges de fruits et de légumes. Ces meneurs ont été identifiés", nous confie l’un d’eux qui souhaite garder l’anonymat. Ce dernier, questionné pour confirmer la déclaration d’un mandataire de Hattatba, répond sans hésiter : "Non, ces manifestants ne sont pas des drogués et n’ont pas agi sous l’influence de psychotropes. Il s’agit de quelques cas isolés, pour la plupart chômeurs, demandeurs de logements, d’emplois ou motivés par des intérêts individuels, à l’instar de lots de terrain, de locaux commerciaux ou autres." 

L H.

Gouraya : des manifestants bloquent la RN11

La route nationale 11 menant d’Alger à Ténès a été coupée à la circulation par un important groupe de manifestants, en fin de la semaine écoulée. Cette manifestation, qui s’est traduite par des barricades dressées sur la RN 11 à hauteur de l’agglomération de Bois Sacré, située à l’extrémité ouest de la ville de Gouraya, daïra de la wilaya de Tipasa, a eu pour origine le décès, jugé suspect, d’un jeune résidant du quartier répondant aux initiales K. Kh., âgé de 26 ans, près de la mosquée du quartier. Les conditions de sa mort ne sont pas clairement élucidées selon les manifestants. A Gouraya, les manifestants ont eu recours aux pneus brûlés, aux grosses pierres et à des troncs d’arbres, à proximité de l’agglomération de Bois Sacré, sise sur la RN 11, pour exprimer leur mécontentement quant aux résultats des investigations menées. Toujours d’après nos sources, les jeunes manifestants continuent à exiger qu’une commission d’enquête juste et impartiale soit désignée dans les meilleurs délais en vue de punir les auteurs de ce crime, ajoute notre source. 

L. H.

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