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Champ de manoeuvres

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«La politique est plus dangereuse que la guerre... A la guerre vous ne pouvez être tué qu'une seule fois. En politique, plusieurs fois.» Winston Churchill

C'est la raison pour laquelle on a souvent affaire à des revenants qui ne viennent que pour se venger et qui font ainsi des dommages considérables. Mais ce n'est pas le propos d'aujourd'hui. Tout le monde connaît les théories de Carl Von Clausewitz sur l'art de la guerre pour la simple raison que ce brillant officier prussien a servi des armées qui ont considérablement réduit le rôle de l'armée française sur le continent européen. Ensuite, c'est parce que c'est un Occidental. Mais peu de gens ont entendu parler de Sun Zi, un théoricien génial contemporain de Lao-Tseu et qui contribuera à développer la science militaire et le concept de guerre asymétrique dont s'inspirera Mao Zédong. Lao-Tseu disait: «Rien n'est plus souple et plus faible au monde que l'eau. Pourtant, pour attaquer ce qui est dur et fort, rien ne la surpasse et personne ne pourrait l'égaler. Que le faible surpasse la force! Que le souple surpasse le dur.» Ce concept sera repris et répandu par Wesley Clark, général américain lors de l'intervention de l'Otan au Kosovo, dans un article traitant de la seconde intifadha écrit pour Time Magazine. D'une façon générale, une guerre asymétrique est une guerre du faible au fort, avec une cible collatérale faible et sans défense, comme le fils pour le père ou la population et l'administration civile pour une autorité contestée avec ses forces policières et militaires. Ce qui la différencie d'une guerre dissymétrique, du fort au faible, avec des cibles militaires dans des opérations militaires. La guerre asymétrique est mieux représentée par le couple terrorisme et propagande. Ce sont surtout les guerres d'indépendance qui offrent ces exemples de disproportions des forces en présence. Indochine, Algérie, Vietnam, Sri Lanka, Tchétchénie, Afghanistan, Irak... La guerre asymétrique est omniprésente dans l'histoire du monde post-1945 comme dans l'actualité brûlante. Affrontement de deux entités de force et de niveau technologique différents, son omniprésence actuelle procède directement des mutations du système international, même si son existence est attestée depuis les temps les plus reculés de l'histoire. Ce sont soit les institutions gouvernementales et leurs représentants qui sont visés (comme la Résistance en France durant l'occupation allemande ou encore la lutte pour l'indépendance du peuple basque), soit dans certains cas, la population civile visant le pays en position de supériorité militaire (comme les Palestiniens vis-à-vis d'Israël). Les guerres asymétriques ne sont pas forcément délimitées à la surface d'un État, mais peuvent englober le monde entier, partout où le pays visé est représenté.
Certains spécialistes des guérillas préfèrent néanmoins le terme de guerre irrégulière, soulignant que face aux sociétés traditionnelles demeurant capables de payer le «prix du sang», la détention de la supériorité technologique par les sociétés modernes nécessite d'être relativisée. «Irrégulière» renvoie alors aux modes d'action de ces guerres qui contournent les voies légales du combat instituées par le droit des conflits armés. Tout le monde se souvient de la célèbre répartie de Larbi Ben M'hidi à Bigeard: «Donnez-nous vos avions et vos chars, nous vous donnerons nos couffins...» En effet, à l'exception des guerres menées par les mouvements de libération nationale durant la décolonisation et par les mouvements de lutte anti-apartheid, les méthodes des guerres irrégulières sont généralement prohibées par le droit international. Pourtant, Hamas, qui est classé par les pays occidentaux comme organisation terroriste, vient de se faire reconnaître officiellement comme interlocuteur valable en faisant libérer 1027 prisonniers palestiniens contre le soldat Gilad Shalit qui a la chance d'avoir deux nationalités: la française et l'israélienne. Ce qui suppose une forte participation de la partie française aux marchandages. La disproportion des termes de l'échange (1027
contre 1) traduit le rapport des forces dans cette région. Puisque Gilad Shalit est aussi français, Sarkozy devrait dédommager à son tour les Arabes: en offrant des cartes de séjour à 1027 demandeurs d'asile! Pourquoi pas?

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