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Friperie, textes modifiés tous les ans, absence de vision pour le pays… régime de bananes qui nous gouverne

La loi de finances 2012, produit d’un gouvernement déconnecté des réalités du monde et de l’Algérie



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L’Assemblée populaire nationale (APN) a adopté, ce mercredi 2 novembre, la loi de finances pour 2012. Largement commenté depuis plusieurs semaines, le vote autour de ce texte s’est concentré sur quelques articles de projet de loi comme l’autorisation ou non de l’importation de la friperie et la revente des logements aidés.

Il a également été question de nouvelles mesures sociales pour satisfaire les revendications de certaines catégories de la population. En revanche, le débat a été beaucoup plus léger sur les grandes orientations économiques du pays. Priorités de croissance, secteurs économiques stratégiques, grandes réformes structurelles, véritable plan pour favoriser l’emploi, tous ces sujets n’ont pas eu la place qui devrait leur incomber dans le débat politique. Le gouvernement n’a rien proposé et les députés – y compris ceux de l’opposition – n’ont rien suggéré. Ces sujets sont pourtant primordiaux pour le développement économique du pays et l’avenir des Algériens dans un contexte mondial difficile.
 
La situation est d’autant plus saisissante qu’à moins de 800 km d’Alger, se joue une partie de l’avenir de l’économie mondiale, bouleversée par une violente crise qui ne semble pas près de s’arrêter. Le G20 se tient en effet demain à Cannes, dans le sud de la France.
 
Alors que le monde se cherche un nouveau modèle, la classe politique algérienne et nos élus continuent, année après année, de voter des lois de finances qui restent figées sur des problématiques de court terme. Hormis sur les grands projets d’infrastructures qui figurent dans le plan quinquennal 2010‑2014, on entend en effet peu souvent le gouvernement proposer dans ces lois de finances une vision de long terme pour le pays et son avenir. Preuve de ce phénomène : régulièrement les lois de finances contiennent des articles qui reviennent sur des décisions prises peu de temps auparavant. C’est le cas par exemple de l’importation de la friperie ou de la revente des logements aidés.
 
 
Un gouvernement déconnecté
 
En définitive, cela donne l’impression d’un gouvernement en complet décalage avec les enjeux du moment et les attentes de la population. Un gouvernement qui reste relativement déconnecté de la réalité et qui s’intéresse peu aux revendications profondes qui émanent de la société.
 
Mais comment nos gouvernants pourraient‑ils se montrer visionnaires et apporter des réponses adaptées aux besoins des Algériens alors qu’ils vivent dans leur bulle de verre, sans véritable contact avec la population ? Depuis son retour au pouvoir, le Premier ministre Ahmed Ouyahia ne sort quasiment jamais de son bureau du Palais du gouvernement à Alger. Ses sorties sur le terrain pour rencontrer des chefs d’entreprise, des salariés, des jeunes, etc. sont tout simplement inexistantes. Certes, il anime des négociations, comme la Tripartite, mais cela reste dans le cadre de réunions très formelles où les interlocuteurs sont connus. Or, comment peut‑on gouverner un pays qu’on ne connaît pas ? L’ambassadeur de France à Alger a effectué plus de visites sur le terrain en Algérie que le Premier ministre algérien.
 
On peut dire la même chose de l’ensemble du gouvernement. Lorsque les ministres vont sur le terrain, c’est essentiellement pour des inaugurations ou l’inspection de chantiers en présence de nombreux journalistes et de caméras de l’ENTV. Ils se déplacent au pas de course, parlent à la presse et aux responsables locaux, ce qui laisse peu de temps à des rencontres avec les principaux concernés des différents secteurs.
 
D’importantes grèves ont agité le complexe sidérurgique Arcelor Mittal l’an dernier. Le ministre de l’Industrie, celui du Travail, se sont‑ils rendus sur place ? Non. Le secteur de la santé est également dans la tourmente. Le ministre de la Santé est‑il allé rencontrer les médecins directement dans les services de santé publique ? Non plus. Bien sûr, l’efficacité du gouvernement ne se mesure pas au nombre de sorties des ministres sur le terrain. Mais une politique se trace en partant des problèmes rencontrés concrètement jusqu’à l’élaboration d’un projet global de société, pas seulement pour les mois qui viennent mais pour tracer l’avenir du pays.
 

 

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