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SALAIRES : CES ÉCARTS QUI CHOQUENT LES ALGÉRIENS

Disparité des revenus entre la Fonction publique et le secteur productif

 

Par : Khaled R.

De l’inégalité salariale
Depuis janvier 2011, on a enregistré une longue série d’augmentations de salaires dans les différents corps de la Fonction publique. Médecins, dentistes, spécialistes et enseignants du supérieur notamment sont les bénéficiaires de ces revalorisations des rémunérations.
Paradoxalement, quitte à le répéter, ces rattrapages ont été effectués sans que l’État exige de ses fonctionnaires une contrepartie en matière d’amélioration des services. Pendant ce temps, ces dépenses n’ont pas été accompagnées d’une plus grande performance du secteur industriel. Du coup, ces mesures, au lieu d’apaiser le front social, ont pour conséquence une plus grande hausse des prix des produits de large consommation. En un mot, elles sont inflationnistes.
Ce que l’État tend d’une main, il l’arrache de l’autre. Par ailleurs, elles consacrent des disparités entre différents corps de fonctionnaires, entre les rémunérations de l’administration et les salaires du secteur public industriel. À cette allure, il vaut mieux choisir d’être un col blanc qu’un col bleu.
D’une part, ces augmentations posent à terme de sérieux problèmes en matière d’équilibres macroéconomiques. À moins d’une redynamisation du secteur productif, une véritable diversification de l’économie nationale, l’Algérie ne pourra assurer ces salaires et ces transferts sociaux dans 5 à 10 ans. En un mot, l’Algérie vit actuellement au-dessus de ses moyens. Elle n’est pas à l’abri du scénario grec, en cas de retournement durable du marché pétrolier. En tout état de cause, cette politique nous mènera tôt ou tard au chaos. Il s’ensuit que de meilleurs salaires et un meilleur pouvoir d’achat sont garantis par une économie fondée sur la performance et la productivité.
D’autre part, les grilles de salaires de la Fonction publique et de certaines entreprises publiques masquent les avantages que certains hauts dirigeants s’octroient : gratuité de la restauration, des frais de véhicule de service, voire même un véhicule à la disposition de l’épouse. D’aucuns parmi les dirigeants de banques publiques bénéficient, du reste, dans l’opacité, des avantages de leur poste d’administrateur dans les filiales implantées à l’étranger : jetons de présence en devises, frais de déplacements à l’étranger gratis.
Cette situation est caractéristique d’une économie rentière. Traire la vache à lait est plus rémunérateur que l’effort dans un atelier, une usine ou une mine. Si vous comparez la situation d’un député à un spécialiste en médecine, un professeur d’université ou à un chercheur qui travaille au moins dix fois plus, vous comprendrez qu’on est dans un système qui encourage la médiocrité et les courbettes au pouvoir en place. Cela explique pourquoi l’Algérie n’a pas une véritable politique salariale fondée sur le mérite, la performance ou la productivité. Il faudra peut-être que la panique s’installe chez nos dirigeants avec la chute des prix du baril pour que les décideurs se penchent sérieusement sur cette question dont l’enjeu est d’assurer notre développement durable et notre positionnement en tant que grand pays émergent. Ceci est loin d’être une politique sage, ni une bonne gouvernance.
Ceci est une gestion de court terme. Une gestion d’un épicier au lieu d’un stratège.
Pourtant, il suffit de jeter un coup d’œil sur les salaires des collaborateurs des entreprises étrangères et de grandes firmes privées algériennes qui connaissent une croissance à deux chiffres pour se rendre compte que la performance s’acquiert au prix d’une politique salariale axée sur le résultat.
K. R.
Libecosup@yahoo.fr

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