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t'est foutu mon général

Il charge les dirigeants de l'ex-FIS et égratigne les ONG occidentales
Khaled Nezzar : "Je suis victime d’une conspiration"

Hadjer Guenanfa

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Le général à la retraite Khaled Nezzar n'a aucun regret sur sa gestion – donc celle de l'Armée nationale populaire (ANP) – du conflit des années 1990. Dans un entretien paru ce mercredi 16 novembre dans Le Soir d'Algérie, l'ancien homme fort du pouvoir persiste et signe : l'arrêt du processus électoral en 1992, dont il a été le principal artisan, était une action salvatrice pour le peuple algérien. « L’armée, héritière de l’ALN, est intervenue contre la violence dans le cadre de la loi sans recourir aux méthodes qui ont déshonoré tant d’autres armées dans nos régions », a‑t‑il indiqué. C’est la première sortie publique de Khaled Nezzar après son interpellation en Suisse suite à une plainte de l’ONG Trial.
 
La violence que réservaient, selon lui, les anciens dirigeants du Front islamique du Salut (FIS, dissous) au peuple algérien pouvait être terrible. M. Nezzar a repris en ce sens deux citations connues du numéro deux du parti islamiste Ali Belhadj sans oublier de les référencer : « La démocratie est mécréance » et « si le peuple vote contre la loi de Dieu (la Charia), cela n’est rien d’autre qu’un blasphème. Dans ce cas, il faut tuer ces mécréants… ». « L’ANP, et cela je le revendique et je l’assume, a empêché la "kaboulisation" de l’Algérie. Que des mémoires à œillères le perçoivent différemment maintenant que le danger est passé est dans la nature des choses. On peut s’en indigner, mais il faut faire avec », explique le militaire en retraite. Et d'ajouter qu'en Algérie, l'armée, dans son action, « a conforté le multipartisme (…) elle a tout fait pour que le dialogue entre les Algériens soit le moyen de régler les différends, elle a surtout initié une politique de la main tendue et du pardon en direction de ceux qui ont pris les armes contre leur propre pays ».
 
L'ancien premier responsable de l'institution militaire algérienne se dit « au cœur d’une conspiration ». Les commanditaires ? Les anciens chefs de l'ex‑FIS, peut‑être. « Rien n’est plus gratifiant pour ceux auxquels l’ANP a, jadis, barré la route que de voir un de ses anciens chefs sur la sellette. Quelque part, c’est une tentative d’obtenir par ricochet la condamnation par la justice des nations qui comptent de l’action salvatrice de janvier I992 », affirme‑t‑il. M. Nezzar assure qu'il a été accusé en tant qu'ancien chef de l'armée. Il explique qu’au‑delà de sa personne, c'est toute l'institution militaire qui est visée à travers cette affaire.
 
« On ne peut pas citer à comparaître toute l’armée. On incrimine donc celui qui la commandait », explique‑t‑il avant de poursuivre : « le timing de ces attaques, le contexte régional dans lequel elles sont menées, les commanditaires que l’on devine derrière elles, m’autorisent à croire qu’il y a des arrière‑pensées bien éloignées du dossier visible des plaignants. En ce qui me concerne, je suis bien décidé à crever l’abcès une bonne fois pour toutes. Il y va de mon honneur et de celui de l’institution à laquelle j’ai consacré toute ma vie ». A‑t‑il été abandonné par l'État ? « Pourquoi l’État algérien abandonnerait‑il un ancien responsable qui a œuvré pour la pérennité de l’État et qui a même, peut‑être, d’une certaine façon, à un moment, incarné l’État ? », répond‑il.
 
Dans cette interview, le général‑major réaffirme être totalement innocent des faits qui lui ont été reprochés. Ce sont des « faits auxquels je suis complètement étranger et contre lesquels la justice de mon pays a sévi à chaque fois qu’elle en a eu connaissance », a‑t‑il dit. Refusant de faire un quelconque commentaire sur l'organisation suisse Trial, Khaled Nezzar a souligné que les ONG étrangères sont perçues comme étant « la bonne conscience sélective de l’Occident » par nos opinions publiques. Il réaffirme aussi qu'il sera prêt à répondre à toutes les convocations de la justice suisse.

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