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Cherouati part, zerguine arrive

 

La valse des P-DG de Sonatrach continue

Par : Khaled R.

Trois P-DG à la tête de Sonatrach en moins de deux ans. Cela dénote de graves difficultés de gestion du secteur et une absence de vision à la tête de l’État en vue de consolider le positionnement de la compagnie pétrolière à moyen et long terme sur la scène énergétique mondiale, sur fond de luttes d’influence pour le contrôle de la rente pétrolière.

Le changement à la tête de Sonatrach, une rumeur qui circulait depuis plusieurs mois dans les cercles avisés et qui a enflé ces derniers jours, s’est confirmé avant-hier. Le président de la République a limogé Noureddine Cherouati, a-t-on appris dans la matinée de jeudi auprès d’un responsable du ministère de l’Énergie. L’agence officielle APS a indiqué, dans l’après-midi du même jour, qu’Abdelhamid Zerguine a été nommé par le chef de l’État nouveau patron de la compagnie pétrolière nationale. Un peu plus tard, elle annonce l’installation par le ministre de l’Énergie du nouveau P-DG de Sonatrach. “Avant sa nomination à ce poste, M. Zerguine, 61 ans, assurait la présidence de Samco, filiale de Sonatrach chargée de la commercialisation de gaz dont le siège est à Lugano, en Suisse”, ajoute l’agence. Il a occupé de hautes fonctions à Sonatrach. Directeur général de GCB, filiale à 100% de Sonatrach, spécialisée dans le génie civil, vice-président chargé du transport par canalisations (TRC) puis directeur exécutif chargé des activités internationales à Sonatrach.

Un fidèle à Bouteflika à la tête de Sonatrach
Comment expliquer ce changement intervenu 18 mois après l’installation de Noureddine Cherouati. Des sources invoquent la mésentente entre le ministre de
l’Énergie et le P-DG de Sonatrach. “Les choses se sont corsées en avril-mai 2011, suite à des plaintes de responsables de la compagnie pétrolière nationale adressées par écrit au ministre de l’Énergie et des Mines. Grief : l’excès d’autoritarisme, à l’index le traitement considéré comme peu correct infligé à ses collaborateurs par le P-DG de Sonatrach, a confié une source proche du département de l’Énergie. Autre reproche : Noureddine Cherouati a désigné de nouveaux présidents de filiale sans en référer à Youcef Yousfi. Sa personnalité, son désir d’autonomie par rapport à la tutelle ont donc ajouté de l’huile sur le feu. C’était en fait une guerre entre les deux hommes, insistent ces sources. Fort de ces arguments, Youcef Yousfi a demandé le départ de Noureddine Cherouati par écrit au président de la République. Celui-ci a refusé. “On vient de le nommer. Cela ne fait pas sérieux”, a répondu le chef de l’État. Les choses en sont restées là. Rebondissement en octobre dernier, Noureddine Cherouati a nommé
M. Bekhouche P-DG de l’IAP à la place de Kherbi. Youcef Yousfi s’est opposé à ce changement.

Cherouati était sur le point de conclure un arrangement avec US Anadarko
Le voyage du Président à Doha, accompagné de Youcef Yousfi, a accéléré les choses. Le ministre de l’Énergie a proposé trois noms pour le poste de P-DG de Sonatrach : Ahmed Mechraoui, ancien directeur de l’exploration à Sonatrach, ancien P-DG de la Sipex Libyan Branch (activités d’exploration en Libye), aujourd’hui conseiller au ministère, Saïd Sahnoune, vice-président actuel de l’amont, et Abdelhamid Zerguine.
Pourquoi le chef de l’État a-t-il choisi le dernier candidat ? Il ne faut pas oublier qu’Abdelhamid Zerguine a fait campagne pour le président de la République en 1999. Ce qui lui a valu d’être nommé vice-président de Sonatrach chargé du transport par canalisations en 2002. Le chef de l’État a désigné comme à l’accoutumée un fidèle à la tête de la compagnie pétrolière nationale. À noter que Chakib Khelil l’a remplacé à la tête de cette division de Sonatrach. Ce qui lui a évité d’être mouillé dans le scandale Sonatrach. On peut se demander s’il s’agit des véritables raisons de son limogeage, d’autant que Noureddine Cherouati était sur le point d’obtenir un arrangement avec la compagnie américaine Anadarko, devant mettre fin au contentieux qui devait être tranché les prochains jours par le tribunal d’arbitrage international de Genève. Objet du litige : la rétroactivité de la taxe sur le profit exceptionnel appliqué aux compagnies pétrolières présentes en Algérie. Pour la partie américaine et danoise (Maersk), les contrats de partage production les concernant ont été signés avant l’adoption de la taxe. Donc, ils ne devraient pas payer ce prélèvement obligatoire. Elles ont poursuivi en justice Sonatrach.
Si le tribunal arbitral de Genève tranche en faveur des compagnies américaine et danoise, Sonatrach devra payer plus de 3 milliards de dollars à la partie adverse.
M.  Cherouati est arrivé à convaincre ces deux parties de choisir la solution du règlement du contentieux à l’amiable. Ce qui suppose à première vue la cession d’intérêts dans des gisements algériens au profit de ces deux compagnies. Il est étonnant que le président de la République ait limogé Cherouati peu de temps avant la signature de l’arrangement et, surtout, à quelques jours du verdict du tribunal d’arbitrage international de Genève. Cet arrangement fait-il partie des raisons qui ont poussé Noureddine Cherouati à la porte ? En tout cas, des parties avaient intérêt à faire capoter le règlement à l’amiable. En Algérie, on continue donc à nommer et dégommer de hauts responsables dans l’opacité.

Sonatrach très mal en point
En fait, on a assisté avec ces changements à la tête de Sonatrach à une lutte d’influence pour le contrôle de la rente pétrolière. M. Cherouati aura tenté d’effacer les effets de la gestion catastrophique du secteur par Chakib Khelil. En instituant un code éthique à Sonatrach, il a essayé de prévenir un autre scandale, d’en finir avec la corruption qui a atteint avec Chakib Khelil des sommets inégalés et de redémarrer la machine Sonatrach paralysée pendant tout le 1er semestre 2010. Ce qui a dérangé les “requins” à l’intérieur et hors Sonatrach.
Mais au-delà de ces luttes d’influence, il faudra que l’opinion sache que Sonatrach est très mal en point, en dépit des efforts de Noureddine Cherouati. Elle ne s’est pas encore remise de l’hémorragie causée par les limogeages et les départs en retraite de ses managers des plus compétents et des plus expérimentés accélérés par Chakib Khelil. Du coup, elle accuse un grand retard dans l’amont, c'est-à-dire l’exploration-production. Elle a besoin d’un sérieux renforcement managérial et de redynamiser le processus d’acquisition de savoir-faire technologique. Aujourd’hui, beaucoup plus qu’avant, c’est la technologie qui fait la différence entre les compagnies pétrolières. Rattraper le gap technologique constitue un enjeu déterminant pour son avenir, et partant du positionnement de l’Algérie sur la scène énergétique mondiale menacée par des concurrents comme le Qatar, la Russie. Cela passe par le développement de ses réserves de pétrole et de gaz essoufflés par une politique intensive de production d’hydrocarbures à l’ère Khelil. Or, sans un retour à la loi 86-14 sur les hydrocarbures, il ne faut pas s’attendre à des résultats rapides dans l’amont.
K. Remouche

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