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Projet liberticide

 

 

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Un projet de loi sur l’information est actuellement examiné par l’Assemblée nationale, un texte consacré surtout à la presse écrite et qui laisse peu de place à l’audiovisuel, ce qui en dit long sur les véritables intentions du pouvoir lorsqu’il parle de l’ouverture du champ médiatique. Une lecture rapide permet de conclure que les rédacteurs ont introduit de nouvelles restrictions qui rétrécissent le champ de la liberté de la presse. Un spécialiste de la gestion l’a même qualifié de texte «le plus rétrograde du Monde arabe», citant, entre autres, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie, des pays voisins qui sont nettement en avance sur nous, surtout en matière de télévision. Même l’Arabie Saoudite, l’un des pays parmi les plus fermés au monde, possède un groupe comme Rotana et la chaîne Al Arabya, un concurrent direct d’Al Jazeera. L’article 2 du projet impose, entre autres, le respect «des impératifs de la politique étrangère du pays» ainsi que «des intérêts économiques du pays».

Ces deux points vont être vraiment contraignants pour l’exercice du métier, obligeant le journaliste à s’autocensurer s’il ne veut pas subir les foudres de la justice. En effet, durant les révolutions arabes, tout le monde a remarqué l’absence de notre diplomatie, elle qui a rayonné sur le monde à une époque et qui a été la locomotive des pays non alignés. Elle donnait l’impression d’être dépassée par les événements ou d’être frileuse alors que le petit émirat du Qatar s’est distingué par un activisme sans commune mesure avec sa dimension. Si le texte est adopté en l’état, le journaliste sera qualifié de «traître» à l’avenir s’il émet des opinions critiques sur la conduite de la politique étrangère.

Le journaliste devra en outre être plus prudent lorsqu’il écrira sur les intérêts économiques de l’Algérie. C’est si vague que cela pourrait être un fourre-tout : dénoncer par exemple la corruption à propos des contrats de l’autoroute Est-Ouest sera-t-il considéré comme un délit ? Estimer que la gestion des affaires du pays dans un article de presse conduira-t-il le journaliste devant les tribunaux ? De toute évidence, la voie est ouverte à une aggravation de l’arbitraire. C’est la preuve que l’ouverture du champ médiatique dont parle le pouvoir n’est qu’un trompe-l’œil destiné à l’opinion internationale à laquelle on veut faire croire qu’il y a de sérieuses réformes en cours en Algérie.

Tayeb Belghiche

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