Émissaire
Par : Outoudert Abrous
La visite éclair de Claude Guéant en Algérie est à comprendre comme celle d’un émissaire du président Sarkozy plutôt que comme celle d’un ministre de l’Intérieur de la République française. Sinon comment expliquer ce déplacement d’un jour, un dimanche de surcroît, quand la perception qu’a chacun sur le dossier de la circulation des personnes est diamétralement opposée ? Et ce n’est pas un tête-à-tête avec son homologue algérien qui suffirait à débloquer la situation, surtout que la partie française renvoie ce dossier au niveau du cadre européen depuis la signature, en 2008, par les pays membres, du pacte sur les migrations. Une des raisons qui a poussé la partie française à mettre au poids mort la renégociation de l’accord bilatéral de 1968.
C’est ce qui pousse les observateurs à voir dans ce déplacement d’un des plus proches collaborateurs du président français plutôt un appel au bon souvenir d’Alger, en prévision de l’élection présidentielle et effacer un tant soit peu celle effectuée par Hollande. Voulant sans doute regagner le temps perdu, le patron de l’UMP daigne se tourner du côté d’Alger et faire croire que son voisin du Sud reste incontournable et un allié précieux pour le devenir de la France et pour les élections et pour sa sortie de crise. En effet, Paris voit en Alger une bouée de sauvetage indispensable pour sortir la tête du marasme économique qui la frappe de plein fouet. Guéant n’a pas pu avoir accès au Président algérien comme il en avait l’habitude et s’est contenté du Premier ministre pour porter les doléances de son patron. La question : y aura-t-il une oreille attentive du côté d’El-Mouradia ? Rien n’est si sûr si l’on en juge par le mauvais climat d’affaires entre les deux pays, obligeant Paris à nommer un Monsieur Algérie en la personne de J.-P. Raffarin pour donner un coup de pouce aux investissements qui ne se bousculent pas au portillon et que ceux déjà engagés font des pas de tortue.
Cette tournée des popotes ne sera pas la dernière pour faire oublier les promesses non tenues du “traité d’amitié” de Chirac au “partenariat d’exception” du locataire de l’Élysée.
O. A.
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