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la france va remettre le diplome no-colonisation à boutef valet assidu de ses maitres.

LE COLLOQUE L’ALGÉRIE ET LA FRANCE AU XXIe SIÈCLE
Les velléités de bien faire se transformeront-elles en réelle volonté d’action ?

De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed
Richesse incontestable des échanges au cours du colloque organisé samedi dernier à l’Assemblée nationale par J.-P. Chevènement, président de l’Association France-Algérie. Si nous n’avons pu prendre part aux rencontres de la matinée, qui, de l’avis de beaucoup étaient assez riches, celles de l’après-midi ne l’étaient pas moins, même si l’une des interventions, celle consacrée à la dimension humaine et sociale de la relation franco-algérienne et notamment à «l’identité des deux sociétés et leur projection dans l’avenir», traitée par Malek Chebel, a été bien en deçà des attentes.
Aménagement du territoire, coopération décentralisée et dimension humaine et sociale de la relation franco- algérienne ont occupé la première partie de la séance. La deuxième dédiée à «l’Algérie et la France au miroir des médias» a permis à notre confrère, directeur d’El Watan, Omar Belhouchet, à Jean Daniel, directeur membre fondateur du Nouvel-Observateur, au philosophe et écrivain Régis Debray et à Jean-Pierre El Kabach de donner, chacun pour ce qui le concerne, sa lecture de cette image projetée par les médias respectifs des deux pays.

L’intervention du ministre Cherif Rahmani a été en totalité consacrée au schéma national d’aménagement du territoire qui, a-t-il dit, a été bâti sur deux horizons 2010- 2030, l’horizon d’une génération et le deuxième horizon est «géographique », celui dans lequel se meut l’Algérie, le Maghreb ; celui de la Méditerranée et dans lequel l’Europe et notamment l’Algérie et la France «occupent une place stratégique, charnière». Comme pour justifier ce deuxième espace, le ministre poursuit : «Il faut absolument que nous nous insérions dans cet échange international et que nous nous préparions». Plus explicite encore, il livre du sens à ce schéma dont le socle reposerait sur la durabilité (parce que nous avons trop soutiré de nos ressources) ; sur l’équilibre (éviter le trop-plein et le trop-vide) et l’équité (en évitant les fractures sociales et les fractures territoriales). Le schéma directeur a nécessité des pré-requis que constituent les autoroutes, les TIC, le chemin de fer et les espaces vie pour donner plus «d’avantages comparatifs à l’Algérie dans le futur». Enfin la surprise viendra de ce qu’il a annoncé deux projets soumis à l’Union pour la Méditerranée. L’Algérie a suggéré que l’agence pour les villes durables, essentielle pour l’Algérie, y soit domiciliée. «Cela permettra d’expertiser sur la durabilité, sur l’économie verte, sur la ville de demain et de pouvoir fertiliser sur d’autres villes en Algérie, au Maghreb et également ailleurs.» La deuxième proposition concerne «la création d’un centre pour la connaissance et les technologies nouvelles pour l’Algérie». Ce centre, pour Cherif Rahmani, se fondera sur les sciences de l’ingénieur, sur la physique, la pharmacie, la biotechnologie et permettra à l’Algérie d’avoir un centre pédagogique et scientifique, d’avoir un centre pour les start-up pour booster les jeunes et d’avoir un business-centre. Et en ces temps de cadeaux de noël en France, le ministre annonce : «L’Algérie est prête à financer ce centre comme elle est prête à ce qu’une entreprise française construise ce centre en contrepartie nous voulons qu’il y ait une expertise de la France avec ses capacités.» Quant à la gestion de ce centre, elle devra se faire en binôme, «d’une façon intelligente, partenariale, concertée». Et de suggérer que cette gestion soit assurée conjointement par le Medef, le Forum Algérie et des universités algériennes et françaises. Et pour prévenir très certainement tout débat sur le sujet, le ministre conclut en précisant qu’«il ne faut pas faire l’impasse sur la gouvernance » qui est, selon lui, «un nouveau concept de l’autorité ; assurer une sorte de nouvelle représentation des populations, de nouvelles règles du jeu et faire adhérer citoyens, partenaires et société civile à ces règles, créer un nouveau lien territorial avec les citoyens… pour mieux nous rapprocher avec le monde de la démocratie». Très loin de croire à ces intentions ô combien généreuses et porteuses de nouveautés, très loin du schéma national et de ses grands projets, un assistant dans la salle interpella le ministre sur «la saleté dans nos villes, l’absence de traitement des déchets et l’état de délabrement visible à tout visiteur. En guise de réponse , le ministre a dû se suffire de dire que ces problèmes se résoudront au fur et à mesure et qu’il comprenait que les citoyens soient impatients. Lorsque Omar Belhouchet a dû se plier à l’exercice consistant à dessiner l’image que véhicule la presse algérienne de la France, il organisa ses propos en les situant dans l’évidence qu’en vérité «les journaux sont la voix d’une nation». La première face de cette image, celle critique vis-à-vis de la France, se base sur trois points essentiels : la question de la mémoire, celle du sort réservé aux immigrés algériens vivant en France et la question du Sahara occidental. Qu’elle soit arabophone ou francophone, il y a unanimité pour dire que la question de la mémoire est entière et que la France officielle doit faire l’effort de reconnaître, de s’excuser, selon les voies, de reconnaître les crimes commis durant la colonisation. Quant au traitement fait à l’immigration, là aussi, la critique est quasi générale à l’égard de la France et notamment à l’égard des politiques de la droite «sachant pertinemment que très souvent, ces politiques se font à la veille d’élections présidentielles ou législatives ce qui engendre une surenchère de la droite à propos de la présence des Algériens qui vivent ici, négligeant, ce faisant, leurs apports au pays d’accueil». Quant au Sahara occidental, autre aspect qui donne une sévérité du regard algérien et de la presse vis-à-vis de la France, Belhouchet explique que les Algériens et la presse algérienne ne demandent pas aux officiels français de changer de cap, «de changer de politique, de ne plus être l’ami du Maroc, puisqu’il y a une amitié particulière entre le pouvoir français et la monarchie marocaine, mais ils demandent tout simplement à ce que la France joue un rôle beaucoup plus équilibré, qu’elle aide ces deux pays à dépasser cette situation». Et de conclure sur cet aspect : «En prenant le parti un peu trop fortement du Maroc, il est clair que la France perd ce privilège qu’elle aurait pu avoir dans la région et qu’elle aurait pu justement utiliser pour faire avancer un peu le Maghreb». Belhouchet a consacré le second volet de son intervention à l’image positive véhiculée par la presse algérienne et qui se manifesterait d’abord par la place importante que consacre régulièrement la presse à l’ambassadeur français qui intervient dans des titres en langue française ou arabe, alors «que ça arrive rarement dans la presse française à l’ambassadeur algérien en France». Autre aspect positif, selon notre confrère, est la projection de la presse algérienne dans le futur des relations bilatérales et l’insistance avec laquelle elle demande que la France intervienne plus fortement dans les investissements, «sachant que la France possède une technologie importante et qu’il y a la langue qui peut lier les opérateurs » et qui peut faire l’économie d’interprètes et de traducteurs. Quant aux rapports qui lient les journalistes algériens et français, Belhouchet distinguera deux périodes : d’abord celle de 1992- 1993 où, avec beaucoup de nuances toutefois, les rapports ont été assez heurtés, où une certaine presse ou organisation comme Reporters sans frontières voyait derrière chaque journal, un général, mais en même temps où des titres tels que le Nouvel Obs, Témoignage Chrétien et Télérama par exemple et d’autres comme des personnalités médiatiques ont accueilli, aidé ou manifesté de la solidarité face aux 500 journalistes qui se sont exilés. «Il y avait de la compréhension mais aussi parfois de l’incompréhension mais aujourd’hui ces choses se sont estompées.» «Nous sommes aujourd’hui, a déclaré Belhouchet, dans une nouvelle phase “grâce d’ailleurs à l’ambassade de France en Algérie”» caractérisée par des contrats de formation des journalistes et d’aide au management pour notre presse jeune. Pour illustrer cet aspect, le directeur d’ El Watan évoquera le contrat qui lie son journal à l’Ecole de journalisme de Lille et qui va selon ses dernières informations -confirmées par l’ambassadeur de France sur place - intéresser aussi Ech Chourrouk. Est-ce que ces volontés de parfaire les relations, d’assainir les passifs, de sortir du paternalisme trop souvent présent dans les rapports de la France avec ses partenaires du Sud passeront, comme suggéré lors de ce colloque, pour une fois de velléités en volonté sincère et en actions concrètes au bénéfice des deux pays ? L’avenir très proche nous le dira.
K. B.-A.

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