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Ce n’est pas une surprise, le patron de l’Organe national de lutte contre la corruption, M. Bouzeboudene, vient de contester le mauvais classement de l’Algérie (à la 112e place) sur l’échelle de la perception de la corruption. Pour lui, ce classement est faux et il propose de créer son propre indice, juste pour l’Algérie. Ce qui ne veut absolument rien dire, d’autant que l’on ne peut pas être juge et partie,
M. Bouzeboudene étant nommé par l’Exécutif. Mais avant lui, le ministre de la Justice avait aussi contesté ce classement sans donner d’arguments et il y a quelques jours, le président Bouteflika lui-même, présent à Laghouat pour l’inauguration de l’année universitaire, martelait que «l’université va bien», réduisant à de simples supputations le classement des universités algériennes parmi les plus mauvaises à l’échelle mondiale.

Il suffit donc de dire que tout va bien pour que tout aille bien, la force de l’auto-persuasion étant supérieure à toute évaluation statistique. La méthode est confortable, se définissant comme sa propre référence et sa propre échelle d’évaluation règle tous les problèmes. L’entreprise de déréalisation est installée, à travers la glorification par les médias publics et les discours propagandistes des gouvernants, l’auto-congratulation par l’auto-référencement reléguant les chiffres et indicateurs à de simples perceptions, contrairement à sa propre perception qui, elle, représente la réalité. Heureusement qu’il y a des instances internationales pour juger de l’état d’avancement du pays, sinon il serait classé partout premier par ses dirigeants.

A ce niveau, on pourrait avancer que l’Algérie est classée à la première place mondiale dans la perception de sa bonne gouvernance par ses bons gouvernants. Mais à terme, l’Algérie pourrait à l’inverse être classée parmi les dernières mondiales sur l’échelle de sa perception des classements mondiaux.

 

Chawki Amari

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