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Un rassemblement est prévu lundi prochain à Alger

Les ouvriers de la zone industrielle de Rouiba en colère

« Ezzenga, ezzenga ! [Sortons dans la rue, NDLR] », lancent, presque à l'unisson, les représentants syndicaux des ouvriers de la zone industrielle de Rouiba. Ils se sont réunis dans la matinée de ce lundi 19 décembre au siège de l'union locale de la zone, affiliée à la Centrale syndicale. Ordre du jour : décider de l'action à entreprendre pour protester contre le harcèlement et les dépassements dont font l'objet les salariés et réagir face au silence des autorités.

Après l'allocution du responsable de la structure, les syndicalistes et les travailleurs licenciés ont témoigné de leur situation. « Je travaillais chez ERC. Je fais partie de la vingtaine de personnes à avoir été licenciées par le directeur de l'unité après avoir demandé une commission d'enquête sur une affaire qu'il a conclue », témoigne Yazid Yahiaoui, agent de sécurité. Un employé d'une société de gardiennage informe d'ailleurs que lui et ses collègues « organiseront des actions de protestation à partir de demain », pour contester le refus de la direction de constituer une section syndicale. Brusquement, un homme d'une cinquantaine d'années se lève et peste : « Moi, je suis sans salaire depuis des mois ». À quelques différences près, les histoires des uns et des autres se ressemblent. Elles témoignent d'un profond malaise, facilement lisible sur les visages et dans les mots de chacun.

 

 

Ce matin, la rencontre a débuté vers neuf heures. Un peu plus d'une heure après, les représentants des ouvriers commencent à s'impatienter. « La paix sociale n'est pas écrite sur nos fronts. On ne la maintiendra donc pas sur nos dos », tonne un représentant des travailleurs de la SNVI. « On subit des agressions quotidiennement. À chaque fois qu'on pose un problème, ils répondent par des licenciements. Ils ne comprennent que le langage de la rue ! », enchaîne un autre. Les ouvriers restent impassibles face aux appels à la sagesse lancés par un responsable du ministère de Travail et par un secrétaire national de l'UGTA qui ont pris part à la réunion. Le responsable de l'Union locale propose alors un rassemblement des syndicalistes et des travailleurs, qui sont pas moins de trois mille, le lundi 26 décembre au siège de l'UGTA, « ou carrément une marche vers le ministère du Travail et vers celui de l'Industrie ».
À l'issue de la rencontre, certains ont avoué être quelque peu étonnés du discours du représentant de leur tutelle syndicale. Il y a quelques jours, Abdelmadjid Sidi Saïd avait presque invité les travailleurs de cette zone à s'indigner, à leur façon, lors d'une réunion avec les cadres de l'organisation. Une attitude tout à fait compréhensible pour d'autres ouvriers, au regard de la sensibilité de la zone industrielle. Et de rappeler la réputation de rebelle de la zone du bastion ouvrier de Rouiba, malgré son peu de poids dans l'économie nationale. Reste qu'elle « fait peur » et « rappelle de mauvais souvenirs », expliquent‑ils. C'est en effet dans cette commune que les émeutes d'octobre 1988 s'étaient déclenchées, faisant quelques centaines de morts et de blessés.

 

 

 

 

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