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44 députés du parti sakozyste veulent voir Bigeard aux Invalides

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La dépouille de Marcel Bigeard.

Même mort, Marcel Bigeard créé des vagues. Le ministre de la Défense française veut transférer ses cendres aux Invalides. Ce qui a soulevé une levée de boucliers d'historiens. Nouveau rebondissement.

Plusieurs officiers supérieurs et 44 députés, essentiellement de l'Union de ma majorité présidentielle (UMP), du président Nicolas Sarkozy, soutiennent le projet de transférer les cendres du général Bigeard aux Invalides, dans une pétition mise en ligne sur internet quelques jours après la publication d'un texte hostile à cet hommage.

Signé notamment par six généraux, cet "Appel national au soutien" fait suite à une pétition diffusée fin novembre par des politiques et intellectuels de gauche demandant au gouvernement de renoncer à transférer les cendres de Marcel Bigeard aux Invalides, où reposent quelques gloires de l'armée française.

Soutiens algériens et ultras français

Soulignant que Bigeard "était un vrai républicain", les signataires affirment que l'hommage qui doit lui être rendu sera celui d'"une France fière de son histoire de Nation libre". "Près de cinquante ans après la fin de la guerre d'Algérie", il "ne peut, certes, être compris de ceux qui furent en ces temps là, moins des combattants que les collaborateurs zélés des terroristes", écrivent-ils.

L'appel est notamment signé par les généraux Lucien Le Boudec, Georges Grillot, François Cann et Christian Piquemal, président de l'Union des parachutistes. Les députés Bernard Carayon, Lionnel Lucas (ministre), Alain Marleix (ancien ministre), Hervé Novelli et Guy Teissier, figurent parmi les premiers signataires. Une autre appel signé d'historiens français avait été lancé, il y a quelques jours, pour faire échouer ce transfert des cendres du général Bigeard.

La France face à ses démons

Le ministère de la Défense a annoncé mi-novembre que les cendres du général Bigeard, mort en juin 2010 à l'âge de 94 ans, seront transférées à l'Hôtel des Invalides à Paris. Bigeard souhaitait qu'elles soient dispersées sur Dien Biên Phù, l'ancien camp retranché français au Vietnam, mais les autorités vietnamiennes s'y sont opposées.

Marcel Bigeard qui s'est ensuite battu jusqu'à la chute de Bien Biên Phù, avant d'être détenu six mois par l'armée du Vietminh s’est tristement illustré pendant la guerre d’Algérie. Son rôle lors de la bataille d'Alger en 1957, durant laquelle la torture a été fréquemment pratiquée, suscite des haut-de-cœurs et  force controverses. 

Mais Marcel Bigeard ce n’est pas seulement ces Algériens coulés dans des cuvette de béton que ses paras basculaient des hélicoptères en mer pendant ce qu’on appelle la bataille d’Alger, c’était aussi les basses œuvres de son commando appelé Georges dont les descentes dans les villages plongeait les Algériens dans la terreur. 

En 2000, il l'avait qualifiée de "mal nécessaire", en démentant l'avoir pratiquée lui-même.

Louisette Ighilahriz avait confié que Bigeard venait assister aux séances de torture que les paras lui avaient fait subir en 1957, âgée de 20 ans. Elle était tombée avec son commando dans une embuscade tendue par les parachutistes du général Massu, elle est capturée et emmenée, grièvement blessée, au quartier général. Là, elle est sévèrement torturée, sans relâche, trois mois durant. Dans son livre témoignage, Louisette précise comment Massu, ou bien Bigeard, quand ils venaient la voir, l’insultaient et l’humiliaient avant de donner l’ordre par gestes de la torturer.

Elle écrit : "Massu était brutal, infect. Bigeard n’était pas mieux".

Louisette a souvent hurlé à Bigeard : "Vous n’êtes pas un homme si vous ne m’achevez pas".

Et lui répondait : "Pas encore, pas encore !".

Cet appel compliquera la tâche de l’ancien ambassadeur Hubert Colin de Verdière changé de coordonner les commémorations en 2012 du cinquantenaire de la fin de la guerre d’Algérie. Mais ne nous faisons pas d’illusions, 2012 est en France l’année de l’élection présidentielle. Madré et calculateur qu’il est, Nicolas Sarkozy ne fera rien qui lui coûterait les voix des anciens pieds-noirs et des harkis. 

Yacine K.

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