Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr Grogne des commerçants de la friperie. Une délégation
de leurs représentants s’est vu refuser l’accès au
ministère du Commerce.
Tenue correcte exigée !
Oui ! Il faudra bien que l’on en fasse l’aveu tôt ou tard. Plus bouch’kara que jamais, moi, je balance tout aujourd’hui : l’Algérie possède une arme terrible. Un accélérateur de particules… administratives. Ne cherchez pas dans vos livres, dans vos archives ou dans internet. Vous ne trouverez nulle part trace de cette arme au pouvoir et aux effets incroyables. L’accélérateur de particules administratives constituait, jusqu’à récemment, un secret jalousement gardé dans un coin reculé du Palais. Mais les murs les plus épais finissent un jour par suinter, par transpirer les machins secrets qu’ils sont censés cacher aux yeux du monde. Et, là, nous venons d’être démasqués ! Par la faute du ministre de l’intérieur du système, Daho Ould Kablia. Sans précaution aucune, sans tenir compte du secret-défense, sans penser aux techniciens en charge de l’accélérateur de particules administratives ni à leurs familles, le premier policier du pays a révélé avoir donné ordre à l’administration d’accélérer la procédure d’étude et d’agrément de plusieurs nouveaux partis politiques. Ce qui, en clair, pour les initiés de la chose, ceux qui étaient au parfum frelaté de l’affaire, veut dire «enclenchez la machine à accélérer les particules administratives !». Depuis, et ça a été confirmé par des sources autorisées à couler le pays, l’accélérateur de particules administratives fonctionne à pleins tubes. Il avale les dossiers des demandeurs par un horrible orifice frontal et régurgite quelques instants après un agrément par un autre orifice encore plus horrible que le premier, situé celui-là à l’arrière de l’accélérateur. Cette opération se déroule sans bruit notable, l’accélérateur de particules ayant été doté par ses concepteurs d’un dispositif d’atténuation du vacarme ambiant. Une sorte de silencieux qui fait ressembler l’accélérateur à un chat qui ronronne doucement. Ce qui nous change grandement du ralentisseur de particules administratives. Ah ! Je vois à vos yeux soudain ronds d’étonnement incrédule que je ne vous avais pas parlé jusque-là du ralentisseur de particules. Mea-culpa ! Mea-culpa ! Mea-culpa ! En fait, le ralentisseur de particules est, lui aussi, hébergé dans une aile discrète du château. Une aile opposée. Il est antérieur à l’accélérateur. Et sa fonction, vous vous en seriez douté sans moi, c’est de faire l’inverse du boulot de l’accélérateur. Vous introduisez un dossier d’agrément de parti par un orifice frontal, et au bout d’un temps hyper-long, un temps presque infini, il ne sort rien du tout de l’autre orifice, celui situé à l’arrière du ralentisseur de particules. Une merveille de technologie ! Et à la limite, devant ces bijoux de famille que sont l’accélérateur et le ralentisseur de particules administratives, je comprends un peu Daho Ould Kablia qui, emporté par son enthousiasme et sa fierté de disposer de tout cet arsenal, s’est laissé aller à en révéler l’existence. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.