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“Des pâtes, des pâtes… oui, mais des Panzani”

 

Par : Mustapha Hammouche

Des partis en cours de constitution auraient pris la liberté de programmer leurs congrès constitutifs. Il n’en fallait pas plus pour que le ministère de l’Intérieur, pour qui ils n’existent pas encore, leur signifie qu’ils ne peuvent rien organiser. En passant, Ould Kablia leur rappelle que c’est l’administration qui gère la vie politique.
Il était convenu que les agréments allaient être délivrés dans le mois suivant le dépôt des dossiers ; il est fort probable qu’aucun de ces aspirants partis n’ait programmé ses assises dans un délai plus court. Mais les choses semblent ne pas devoir se passer comme prévu. La transition entre deux lois sur les partis s’avère plus laborieuse que ne voulait le faire croire la campagne de promotion pour la nouvelle législation. Celle-ci connaît donc son premier incident d’application.
Pour de nouvelles formations qui comptent prendre part aux élections législatives prévues en mai prochain, la nouvelle n’est pas encourageante. Dans un contexte où l’administration est au service du pouvoir politique en sous-traitant pour lui la régence de la vie politique, on ne leur donne pas plus de quatre mois pour naître, croître, occuper l’espace social, recruter des militants et des candidats et les faire élire à l’Assemblée nationale.
Comme quoi, il faut faire mieux que le RND en 1997. Pour réaliser cette gageure, il faut pouvoir aller se ravitailler dans les administrations et les casernes en personnels instruits pour remplir les salles de congrès, de meetings, puis les urnes et les sièges.
Ce genre d’élections organisées, nous en avons connu. Même si la réforme est censée les faire oublier. Nous avons une certaine expertise dans ces exercices où l’État remplit seul ces fonctions d’organisateur de scrutins et d’électeur et les préposés aux rassemblements de foules et à l’alignement de colonnes de votants n’ont certainement pas perdu la main.
Paradoxalement, une réforme qui traîne en longueur, depuis son annonce, le 15 avril dernier, fait désormais dans la précipitation pour un remplacement contrôlé de l’Assemblée sortante.
Il y a comme une indécision sur les suites à donner à la loi sur les partis : rien n’est donc précisément prévu. Sinon, en vertu de quelle prérogative le ministère de l’Intérieur se préoccupe-t-il de ce que les probables futurs nouveaux partis ne font qu’envisager de faire ? À chacun son rôle, et si les partis en formation vont plus vite que la musique, ils auront à faire l’effort de s’adapter au rythme légal. À moins que l’administration ne se sente coupable de cafouillage.
Comment pourrait-on prétendre à la transparence si l’on n’arrive pas à prévenir la séquence de mise en œuvre de la principale loi préparatoire aux “réformes approfondies” et si l’on doit se contraindre à contourner une loi en vigueur pour s’inspirer d’une  loi  en  attente de promulgation ? Les partis à naître sont bien obligés de faire comme le gouvernement : appliquer une loi à venir.
Tout cela est annonciateur de contorsions politiques et administratives spectaculaires : comment faire, en effet, pour présenter comme une réforme démocratique une opération de reprise en main plus autoritaire de la vie publique ? C’est difficile de prétendre en même temps à la démocratie et au maintien de l’ordre autocratique : cela revient à appliquer à notre réforme ce paradoxal choix alimentaire résumé par la célèbre formule :   “des pâtes, des pâtes… oui, mais des Panzani”.


M. H.
musthammouche@yahoo.f

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