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Une leçon grecque pour l’Algérie ?

 

Par : Mustapha Hammouche

L’Europe n’en finit pas d’éteindre l’incendie grec qui reprend aussitôt. Soulager la Grèce ne semble pas suffire à résorber sa tendance à la récession.
La menace pèse sur l’Europe entière. Pour un non-économiste, la crise paraît avoir toujours été d’une évidente inéluctabilité : les déficits budgétaires cumulés se traduisent par un endettement croissant et mènent nécessairement à un état d’insolvabilité. Ce sont ensuite les prêteurs qui décident du moment et du montant limites. Des prêteurs qu’on a parfois sauvés de la faillite quelques mois plus tôt !
Tous les pays sont donc susceptibles d’abuser de déficits jusqu’à la crise. Peut-être moins les États-Unis qui, dans une certaine mesure, peuvent se prêter à eux-mêmes, par réserve fédérale interposée.
Si donc le danger est universel, y a-t-il une leçon grecque pour l’Algérie ? Question à ne pas poser aux économistes, puisque c’est leur science qui a conduit les Islandais, les Irlandais, le Grecs et déjà les Portugais, les Espagnols et les Italiens au bord du gouffre. 
Dans le cas de l’Algérie, il n’est pas possible d’envisager, à moyen terme, une crise d’endettement. Notre pays s’autorise pourtant de remarquables niveaux de déficits budgétaires. En jouant sur le prix de référence du pétrole et le prix réel, il assure le financement du déficit par le différentiel de recette des hydrocarbures. Il emprunte au Fonds de réserve ; il se prête à lui-même. Ou plutôt, il se donne, à fonds perdu. Ce qui revient à n’avoir pas de budget, cet instrument ne servant pas à maîtriser les dépenses ! Ces dernières années, l’Algérie dépense, en fait sans compter ! 
L’Algérie a toujours misé sur une compression des dépenses de salaires et des dépenses sociales pour s’astreindre à une maîtrise de son budget. Depuis peu, les choses ont changé. D’abord encouragé par une hausse soutenue des recettes pétrolières, le pouvoir a entamé une opération de réévaluation des rémunérations des cadres de l’État et des corps constitués, probablement pour s’assurer d’une adhésion politique des personnels des institutions qui concourent à asseoir son autorité. Ensuite, il procéda à des effacements de dettes à finalité électorale. Enfin, le contexte contestataire l’obligea à de successives augmentations de salaires et à des décisions de subventions de produits alimentaires. Le tout a fait faire des bonds annuels à un budget de plus en plus dépendant de ressources à terme aléatoires. 
Pour autant, ce n’est pas la dette qui risque de poser problème au pays dans l’avenir proche. Mais ce sera comme si. Car, en cas de baisse du prix du baril — du fait du ralentissement de la croissance mondiale — dans une économie qui, au lieu de s’orienter vers l’après-pétrole, régresse vers le tout-pétrole (et gaz), le financement du budget risque de poser problème. Et, puisque dans ce cas de figure, le pétrole n’assure plus la solvabilité qu’il assurait jusque-là, le pays ne pourra même pas emprunter.
C’est sans base économique extra-pétrolière qu’il faudra affronter un éventuel après-pétrole même passager. Les effets des restrictions budgétaires seront alors désastreux.
La différence avec la Grèce, c’est que les dirigeants qui l’ont menée à l’impasse y sont restés pour partager l’épreuve de la crise avec leurs concitoyens.

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