Quel jeu joue la Russie au Proche-Orient ? Son comportement à l’égard de la crise syrienne est des plus inquiétants. Depuis le soulèvement du peuple syrien contre la dictature du parti Baath et de Bachar Al Assad, elle a systématiquement adopté une politique de blocage à l’égard de tout projet de solution, qu’il émane du Conseil de sécurité des Nations unies ou de la Ligue arabe. Les souffrances endurées par les Syriens et les massacres aveugles de femmes et d’enfants ne semblent pas l’émouvoir. Pire, elle a adopté une attitude qui encourage l’armée et les milices de Damas à tuer et torturer des innocents.
La Russie de Vladimir Poutine s’est même opposée à la création de couloirs humanitaires pour aller secourir les blessés et apporter quelques vivres à une population au bord de la famine. Le soutien à un allié stratégique n’explique pas tout. Pas plus que de bénéficier de privilèges pour sa marine de guerre à la base navale de Tartous. Le Printemps arabe fait peur à tous les régimes dictatoriaux et autocratiques. La Chine, par exemple, qui s’est alignée sur la Russie dans le conflit syrien, a exigé de ses médias de faire le black-out total sur les révolutions arabes sous peine de sévères sanctions. Les stratèges de Moscou pensent-ils qu’en soutenant Bachar Al Assad contre vents et marées, ils influeront sur les événements et freineront la soif de liberté et de démocratie qui agite le Monde arabe ? Ont-ils peur que le phénomène qui a provoqué la chute de dictatures en Tunisie, en Egypte, en Libye et au Yémen finisse peut-être par arriver à Moscou ?
Ce comportement des Russes va, de toute évidence, à contre-courant de la réalité. Ils sont en train de s’aliéner les peuples arabes, car ces derniers suivent et soutiennent de tout cœur la résistance de leurs frères syriens. Et la Russie empêche une solution pacifique. Au contraire, elle accentue le fossé qui est en train de se creuser entre les différentes communautés syriennes ainsi que le climat de haine créé par le régime de Damas. La malheureuse communauté alaouite à laquelle appartient le clan Al Assad risque de payer un lourd tribut le jour où le régime baathiste tombera. Al Assad et tous ceux qui l’ont appuyé dans sa folie génocidaire en porteront la responsabilité devant le monde entier.