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Affaire Mellouk : La vérité aura le dernier mot .


Hocine Mahdi
Voici une affaire qui semble ne pas vouloir prendre fin. Dans tous les cas de figure elle démontre que le régime politique algérien reste embourbé dans ses stratégies rétrogrades des années 1980.
Bref rappel :
Mellouk Ben Youcef était un consciencieux fonctionnaire du ministère de la justice. Un jour son patron ministre lui confie la délicate mission de contrôler les dossiers administratifs des hauts fonctionnaires de la filière.
Un long et pénible travail.
Sans surprise Mellouk découvre une nuée de fraudeurs. Il établit un rapport précis et le remet au ministre. Celui-ci connaît bien les coulisses « des » pouvoirs en Algérie et il tient à son poste et à sa vie. Par conséquent il enterre le rapport de Mellouk.
Cas de conscience assez rare au sommet, l’honnête fonctionnaire Mellouk s’est senti en devoir d’aller au bout de sa mission qui était devenue une affaire d’intérêt national. Trop de traîtres se sont déguisés en combattants de la liberté. Pour un ancien moudjahid* de la première heure c’était insupportable.
Conserver le silence lui semblait une haute trahison à l’égard de l’histoire, des moudjahidine** sincères, des martyrs et de ses propres principes.
Mellouk contact la presse. Le baroudeur Abderahmane Mahmoudi, directeur de l’hebdo libéré, publie quelques documents sous un titre fracassant : « les magistrats faussaires ».
Un véritable seïsme politique.
A la même période il avait publié l’un de mes articles intitulé « les barons du FLN » que les autres journaux avaient refusé de publier et qui avait dérangé le sérail. Mahmoudi sera menacé par les détrousseurs de la légitimité historique mais il continue de publier des brûlots en sachant qu’il paiera un jour. Nous en avons discuté plus d’une fois.
- »Nous sommes au front, autant être en première ligne ». C’est ce qu’il me disait.
Il était le bulldozer de la presse du secteur privé.
Il sera jeté en prison en compagnie de Mellouk pour avoir livré à l’opinion une vérité que tous les gouvernants considéraient comme un « secret défense ». Des hauts fonctionnaires intouchables, faux moudjahidine, parmi eux des magistrats…
Remis en liberté Abderahmane Mahmoudi sera la cible d’une bombe « terroriste ». Son frère, sa secrétaire et son chauffeur seront touchés.
Pas lui.
Miraculeusement.
Etait-ce un simple avertissement ?
Mais Mahmoudi sera lourdement traumatisé toute sa vie. En lui le journaliste frondeur a été assassiné par cette bombe. Après l’attentat il changera totalement sa ligne éditoriale incisive.
Quand à Mellouk Ben Youcef il a tout perdu sauf l’honneur et la fidélité à ses principes.
Le palais de justice deviendra son chemin de croix.
On n’a pas cessé de le persécuter depuis.
Le seul reproche qu’on lui fait c’est d’avoir livré à l’opinion publique les noms des faux moudjahidine qui occupent des hautes fonctions dans certains ministères.
Cette semaine le quotidien el watan nous a appris que trois intellectuels algériens ont essayé d’intimider Mellouk Benyoucef parce que le père de l’un, l’oncle de l’autre et un parent du troisième figurent dans la liste des faux moudjahidine.
Des intellectuels, dites-vous ?
Des intellectuels qui couvrent des parents faussaires…
Ce n’est qu’en Algérie que la dénonciation de l’immoralité dérange des intellectuels.
Un autre intellectuel, ancien moudjahid, patron de l’organisation des anciens moudjahidine, ministre des anciens moudjahidine, a reconnu l’existence de dix mille faux moudjahid mais il a pris la précaution de préciser que les dossiers ne seront pas remis à la justice.
J’ai nommé le sieur Chérif Abbès dont le devoir est de soutenir, protéger, honorer Mellouk Ben Youcef en s’appuyant sur la puissante organisation qu’il préside.
Mais comme dans notre pays tout marche à l’envers…
HOCINE MAHDI
LE 16 mars 2012
*) Ancien combattant (au singulier).
**) Anciens combattants (au pluriel).

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