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Indignations sélectives !


Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr Législatives du 10 mai prochain. Menasra et le…

… FIS menacent de se retirer du scrutin !

Attention, Messieurs et Mesdames ! Il y a indignation et indignation ! Faut pas amalgamer comme dirait la Marine ! Ainsi, sous ces cieux, chez nous, vous trouverez des personnes vachement silencieuses sur la question de la repentance de la France de ses crimes coloniaux. Des gens qui vous expliqueront fort doctement qu’il y a d’autres priorités que d’exiger de la France de demander pardon à l’Algérie. Et, bizarrement, les mêmes personnes, exactement les mêmes sortent brutalement de leur mutisme pour s’offusquer de la tentative de vente aux enchères des instruments de torture employés par Fafa en Algérie. Je trouve ce positionnement bien inconfortable, ma foi. Un contorsionnisme hallucinant. Mais il serait naïf de croire comme je le fais que cette position-là est réellement incommode. Que nenni ! Au fond, ça permet de se dédouaner, tout simplement. De ne pas assumer la mise en accusation directe de la France, et de plutôt tirer des fléchettes aux bouts caoutchoutés sur des reliques, des guillotines et des gégènes rouillées. C’est tellement plus facile de monter au grenier et d’y cogner des machins inanimés. Sûrement plus facile que d’assumer : oui ! La France doit présenter des excuses pour ce qu’elle a commis comme crimes ignobles, inhumains en Algérie. Pourquoi y aurait-il une modularité de la demande en pardon ? Pourquoi devrais-je m’interdire de comparer les rafles du Vél’ d’hiv’ aux enfumades du Dahra ? En vertu de quelle règle d’étalonnage les camps de Drancy auraient-ils été plus invivables que ceux de Paul Cazelles ou de Saint-Leu ? Qui a désigné et intronisé les membres de ce jury de l’ombre qui décrète qu’une victime de l’Holocauste a plus souffert qu’un paysan du Hodna brûlé vif dans une grotte aux issues bouchées par des spahis, commandés par un général de l’armée régulière de France ? Mais laissons-là la France à son travail de mémoire ! Ce qui m’importe tout en m’insupportant au plus haut point aujourd’hui, ce sont ces indignations de confort qui jaillissent à profusion chez moi, ici, en Algérie. Non ! Disent-elles de concert ! C’est inhumain de vendre des reliques de la torture aujourd’hui ! Quel courage, chevaliers ! Le courage peut-il aller jusqu’à exiger publiquement, par écrit, de la France, cette France des visas de longue durée, cette France des bourses d’études octroyées aux chérubins, de demander à cette France-là précisément de dire pardon pour ces ignominies coloniales ? Ici, c’est écrit noir sur blanc. Advienne que pourra ! Alors, chiche ! Plutôt que de faire mumuse avec des objets de musées des horreurs, allons au fond des choses, une fois au moins. Et ne demandons que ce qui a été déjà accordé. Par exemple ces trémolos d’un Chirac se repentant au nom de la France devant le mémorial dédié aux victimes de la Shoah. Ce pardon offert avec des larmes en prime, et dont sont privés aujourd’hui encore les descendants de ce paysan de la steppe algérienne sorti de sous sa tente, les bras sur la tête, l’air hagard, et assassiné froidement par un parachutiste de l’armée française. Y a-t-il plus insoutenable que le lent mouvement de son corps s’abattant sur le tissu rugueux de sa kheïma loqueteuse ? Les breloques monstrueuses, déjà fort rouillées, et leur négoce sur e.bay pourront toujours attendre notre deuxième vague d’indignation, n’est-ce pas ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

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