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Des candidats et des responsables de parti hués et humiliés

 

 

 

Plusieurs d’entre eux ont subi la colère des citoyens cette semaine

 

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Ils sont boudés, chahutés, hués, chassés, parfois malmenés… certains leaders de partis politiques ne comptent pas que des sympathisants.

 

Ils n’arrivent non pas à capter les électeurs, mais à discourir devant leurs militants. Des chefs de parti se vantant d’être des «poids lourds» de la politique nationale ont été contraints d’écourter leur discours face à un public qui ne voulait visiblement pas les voir. D’autres, prétendant être les porte-voix des démunis, se sont vu annuler leur meeting faute de public.

La campagne pour les législatives du 10 mai met a nu le fossé existant entre les Algériens et les responsables politiques. Le citoyen n’est plus dupe, même contre une rémunération, il refuse d’assister à des meetings ; il les perturbe même. Pourquoi en est-on arrivé à cette situation ? D’aucuns diront que la faute incombe aux militants des partis, censés veiller au bon déroulement des rencontres. «Aujourd’hui, le souci primordial des organisateurs est de remplir la salle pour, entre autres, plaire à leur chef. Seulement, les curieux qui assistent à ces meetings se lassent des discours ennuyeux des candidats et se révoltent contre leurs promesses mensongères», explique un ex-député.
Dans plusieurs villes du pays, des candidats et responsables de parti ont vécu les pires humiliations de leur vie.

Sous les cris de «Dégagez», «Makan walou», les responsables de l’Alliance verte ont été chassés sur leur propre «terrain», à Ksar El Boukhari, dans la wilaya de Médéa. A Relizane, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a renoncé à un meeting faute de public. A Bouira, ce même vieux parti a été contraint d’écourter la diffusion de l’hymne national ; la mauvaise qualité du son a suscité l’ire des participants, ce qui a amené Belkhadem à en arrêter la diffusion. Une maladresse à mettre, selon les dirigeants du parti, sur le compte de l’incompétence des organisateurs locaux ! A Laghouat où il devait animer un meeting, Abdallah Djaballah a rebroussé chemin pour les même raisons : le public n’était pas au rendez-vous.

Le patron du RND et Premier ministre, Ahmed Ouyahia a été empêché d’animer son meeting à Bouira. En rappelant les réalisations du président de la République depuis son accession au pouvoir, des voix discordantes sont venues lui rappeler la réalité des Algériens. «Vive l’Algérie des barrages, vive l’Algérie de l’autoroute Est-Ouest, vive l’Algérie du million de logements», a scandé Ouyahia. En réponse, l’assistance lui a lancé : «Où est l’argent de notre pétrole ? Où sont les postes d’emploi promis par l’Etat ?» Face à ces chahuteurs, Ouyahia a déclaré : «Vous n’êtes pas à blâmer. Ce sont ceux qui vous envoient qui manquent cruellement de délicatesse et de grâce.» Constatant qu’il était en terrain hostile, Ahmed Ouyahia a fini par  écourter son discours. Même la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, n’a pas échappé à une situation similaire.

Samedi dernier, elle a dû quitter la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Des citoyens venus assister à son meeting ont profité de l’occasion pour réitérer leur rejet de la «mascarade du 10 mai». En dépit des efforts fournis par Louisa Hanoune, qui a tenté de convaincre avec des mots en kabyle, l’on n’entendait que les «sifflements».
Le FFS, vieux parti de l’opposition, a été également sanctionné par les citoyens ; en début de semaine, un meeting a été empêché à Souk El Tenine, dans la wilaya de Béjaïa, région natale de Arezki Derguini, tête de liste du FFS dans cette wilaya. Les organisateurs du meeting ont dû annuler carrément la sortie. La sortie du FFS à Tizi Ouzou était aussi une déception, selon certains observateurs, car le parti n’a pas drainé une foule nombreuse, comme par le passé...

 

Nabila Amir

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