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Les Syriens abandonnés au massacre !

 

Par : Mustapha Hammouche

La Ligue arabe a trouvé que le premier tour de l’élection présidentielle  en Égypte s’est déroulé dans des conditions de transparence. En attendant le second tour, elle compte se réunir pour étudier la situation… au Soudan agressé par le Sud-Soudan.
La Syrie ? “Ça, c’était avant”, comme dit Alain Delon dans son spot publicitaire pour une marque de lunettes.
Écartelée entre l’urgence d’une intervention prônée par les émirats du Golfe et le principe de non-ingérence défendu par les amis de Bachar al-Assad, l’organisation arabe a fini par constater qu’elle ne pouvait être d’aucun secours pour la Syrie. Une structure, créée pour organiser la solidarité des régimes, ne pouvait pas se convertir en instance de défense des peuples.
Il fallait donc qu’elle s’effaçât pour laisser place à l’intervention de la communauté internationale. La passation de consigne prit la forme d’une “mission Kofi Annan”, représentant, à l’origine, de l’ONU et de la Ligue arabe. Qu’à cela ne tienne, le “front du refus” était représenté par l’entremise de la Chine et, surtout, de la Russie. Et ce qui devait arriver arriva : la Syrie s’enfonça rapidement dans la guerre civile. Bachar al-Assad ne laissant pas le choix au mouvement populaire, l’option armée de l’insurrection a pris de plus en plus de place. Et à la radicalisation violente de la révolte, le régime répondait par une escalade de la brutalité répressive.
Aujourd’hui, la guerre a atteint un point de non-retour et il n’est pas dit que le président Al-Assad puisse y mettre fin. Trop de forces sont impliquées, de sorte que même son abdication ne suffirait peut-être pas à mettre fin à la guerre : les politiques, militaires et paramilitaires qui le soutiennent ne sont pas forcément prêtes à prendre le risque d’une capitulation. D’un autre côté, la résistance armée ne peut que se développer dans le sillage d’une révolte populaire qui va en s’amplifiant et encouragée peut-être qu’elle est par des aides extérieures en armement.
Après quatorze mois de conflit et treize mille morts, dont quelques milliers d’enfants, la première condamnation du régime syrien par le Conseil de sécurité marque sûrement la fin des efforts pour une solution politique de la crise. Même la Russie et la Chine y ont vu l’opportunité de se démarquer d’un massacre difficilement soutenable. Le prix du changement sera bien plus élevé que celui payé par les Libyens, par exemple, l’armée et les polices syriennes étant d’une autre dimension que celles de la Libye, en termes d’effectif, d’armement et d’organisation. Et il n’y a pas l’Otan pour hâter la décision.
Dans le proche avenir, il n’y aura plus de place pour un règlement diplomatique. Le coût humanitaire sera énorme, Al-Assad ayant déjà donné un aperçu de ses dispositions criminelles quand il s’agit de sauver son régime.
On l’a déjà constaté ailleurs, on peut l’observer à nouveau : même les massacres d’enfants ne peuvent  pas être évités par la communauté internationale, là où les enjeux géopolitiques prennent le dessus sur l’urgence humanitaire. On peut aussi, dans la foulée, relever que le syndicat des chefs d’État arabe retrouve toute son impuissance quand il s’agit de choisir entre sauver un des leurs ou un des peuples “arabes”.

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