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Le développement des TIC dans l’impasse

 

Par : Mustapha Hammouche

Le 21 juillet dernier, Mobilis annonce un investissement de deux milliards de dollars d’ici 2016 pour un objectif de 45% de parts de marché, “à condition que l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) intervienne pour remettre de l’ordre sur le marché national des TIC”. Toute la presse écrite reprend les déclarations faites par le directeur général de l’opérateur public à l’APS...
Le 23 juillet, Wataniya Télécom Algérie (Nedjma) publie un communiqué dans lequel “elle partage avec Mobilis ses déclarations officielles qui soulignent que l’intervention de l’ARPT….”, ajoutant qu’elle “empêchera tout abus de position dominante, position occupée par Orascom Télécom Algérie depuis 2002”. Tous les journaux reprennent le communiqué.
Le 24 juillet, ATM Mobilis émet un communiqué dans lequel elle “se dissocie et se démarque des déclarations faites par cet opérateur”. Rappelant à Nedjma que pour “avoir une réelle assise sur le marché”, il faut “consentir de réels et importants investissements sur le plan technique pour desservir tous les abonnés y compris ceux se trouvant dans des zones à faible rentabilité”, il l’invite à ne pas “se dérober de ses obligations telles que dictées dans le cahier des charges de la licence”, en mettant en avant “un rééquilibrage du marché”.
Aucun titre, sinon quelques sites économiques, n’a repris la réplique. En censurant Mobilis, la presse fait croire à l’opinion “Mobilis, Nedjma, même combat”. Or, il semble que la seconde s’est juste collée à la roue de la première pour bénéficier, comme dans les courses cyclistes, de l’effet brise-vent.
À voir l’arène s’animer, dans un style inédit où l’adversaire “déloyal” est nommément désigné, il faut croire qu’un enjeu inédit vient se manifester. La concurrence, jusqu’ici tout aussi rude, n’a pas empêché une certaine retenue dans la communication croisée sur les dérives commerciales respectives. De par la manière peu orthodoxe dont son ouverture a été menée, le secteur de la téléphonie était mal parti dès le début. Djezzy n’avait alors pas besoin d’être “en position dominante” pour abuser… Alors que Mobilis exigait un dossier équivalent à celui de la demande d’autorisation de port d’arme, Orascom vendait des puces avant même de placer ses antennes relais ! On ne peut, non plus, dire qu’en arrivant en 2004, WTA était prise d’une fièvre investisseuse.
Il semble que ce style Far West qui a présidé à l’introduction du téléphone mobile a atteint ses limites économiques et qu’il entre dans l’impasse d’une impossible 3G (oui, l’incertitude sur l’avenir de Djezzy et les relations avec les fournisseurs de technologie hypothèque la possibilité même d’acquérir la 3G à moyen terme).
La rente n’étant plus expansible, il faut se battre pour un butin limité. Et le mécénat politique, médiatique, culturel et sportif ne peut plus remplacer l’investissement comme levier de croissance.
L’inertie de l’ARPT ne fait que refléter la conception officielle du rapport aux capitaux étrangers. Un rapport de convenances qui donne ces stratégies du profit à court terme et cette économie du désordre.
Si le pouvoir voulait vraiment que l’émulation organisée entre grands opérateurs économiques serve le développement, il ne priverait pas le pays d’un Conseil de la concurrence légalement créé depuis plus de quinze ans !

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