Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L’autoritarisme, comme programme national

 

Par : Mustapha Hammouche

Les propos rassurants du nouveau ministre de l’Éducation, d’ailleurs empruntés à son prédécesseur, n’y peuvent rien. Des dortoirs aménagés en salles de classe, des collèges transformés en lycées, des classes tournantes, des doubles vacations… Pour un pouvoir qui oppose réflexe à toute objection, l’ampleur de ses “réalisations” physiques, il n’a plus, ici, l’argument quantitatif : malgré des décennies d’investissements budgétisés, l’Algérie n’a pas construit assez d’écoles et formé suffisamment d’enseignants pour assurer une rentrée scolaire 2012 en ordre.
On ne pouvait pas, peut-être, prévoir l’été particulièrement caniculaire de cette année, ni la conversion massive des Algériens au climatiseur électrique, mais on n’a pas l’excuse d’une démographie scolaire imprévisible. Pour autant, il serait inélégant de céder à la tentation de charger Benbouzid de tous les maux d’une rentrée catastrophique. Il a appliqué la politique des régimes successifs et, durant vingt ans, à la tête de l’institution scolaire, il a assuré la “continuité” de la régression scolaire malgré les “changements” de présidents et de gouvernements.
Il faut croire que, dans le système algérien, les “changements” se limitent aux noms de responsables. Au demeurant, si le changement sanctionnait l’échec, on n’aurait eu, dans le nouveau gouvernement, un ministre de l’Agriculture reconduit pour nous annoncer… l’importation prochaine de pommes de terre et un ministre des Travaux publics maintenu alors que la réalisation emblématique, de l’autoroute est-ouest, déjà sujette à scandale de corruption, et à peine ouverte à la circulation, doit régulièrement être colmatée. On le voit, le “changement” national ne sanctionne pas l’échec antérieur ; il prépare le suivant. Sinon, on ne pourrait pas expliquer le retour de ministres révoqués dans un premier remaniement, comme Charfi ou Tebboune, dont les noms ont été même associés au scandale Khalifa. Il serait, donc, aussi injuste de faire argument de leur mauvaise gestion pour justifier l’éviction de ministres comme Ould-Abbès ou Temmar, par exemple. Ou pour expliquer le départ de Belkhadem ou celui d’Ouyahia. Dans le jeu du sérail, il n’y a pas de place pour des considérations d’efficacité managériale, mais seulement  pour des considérations d’équilibres, d’alliances et de connivences claniques.
Les faux changements cachent mal la continuité politique du régime, une continuité tellement consacrée qu’elle ne tient même pas compte du supposé “choix” populaire exprimé par les élections législatives. Et pour que la linéarité politique du régime ne soit affectée par aucun changement qui venait à survenir dans la composante du Parlement ou de l’Exécutif, le pouvoir s’est donné un fil directeur qui engage toute force politique associée au pouvoir : la mise en œuvre du programme du président de la République. Ceci posé, en quoi se justifierait le changement, le programme en question n’ayant jamais changé : réconciliation nationale, réformes tous azimuts et relance de la croissance ?
On sait ce qu’il en est, dans les faits, mais comme doctrine cela assure une permanence du discours unique et une  une unicité de la source d’autorité.
Nous y sommes : c’est la le programme du pays, depuis une normalisation autoritaire de la vie publique.

Les commentaires sont fermés.