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Chevaliers, dragons et Colchicine !

 

Par Hakim Laâlam  
Email : hlaalam@gmail.com
Que dira Abdekka à Sellal le jour où il décidera de le
dégommer ?

Du balai !

J’ai lu que le nouveau ministre de la Santé veut s’attaquer à la pénurie de médicaments. J’avais entendu, il y a quelques mois, voire quelques années, son prédécesseur, Doc Djamel, annoncer lui aussi qu’il comptait s’attaquer à la pénurie de médicaments. Et de loin en loin, du plus loin que ma mémoire en lambeaux me permet de recevoir d’elle des signaux encore valides, je me souviens de toute une flopée de ministres de la Santé qui ont tous affirmé un jour vouloir s’attaquer à la pénurie de médicaments. Du coup, dans mon cerveau ainsi façonné, j’ai toujours imaginé la pénurie de médicaments comme une sorte de dragon extraordinairement fort, caché dans une fabuleuse citadelle imprenable. Une forteresse sur laquelle les vagues de ministres de la Santé se sont inexorablement cassé la figure, ont échoué à la prendre et en sont repartis les mains vides. Ou presque. Je me suis représenté aussi les architectes diaboliques ayant dessiné les plans de cette citadelle des maléfices médicamenteux. Des lignes vicieuses. Des douves et des oubliettes un peu partout. Des remparts doublés et hérissés de tours de surveillance, de garde et de riposte. Des catapultes dressées sur toutes les faces de la forteresse et chargées de lourdes pierres censées mettre en pièces les assaillants ministériels et leurs escouades valeureuses. Des hectolitres d’huile brûlante et maintenue constamment en ébullition afin de décourager, dans d’atroces douleurs, toute assomption des murs hauts de la citadelle à l’aide de cordes et d’échelles. Et une armée de crocodiles affamés tournoyant tout autour de la place forte, dans les canaux creusés au pied des fortifications. Comment vaincre dans ces conditions la pénurie de médicaments et la déloger de ce refuge quasi inviolable ? Du coup, je peux vous l’avouer aujourd’hui : moi qui suis condamné à avaler un médicament à vie, de la Colchicine, tous les soirs avant de me coucher, je ne me mets plus en colère lorsque mon pharmacien m’annonce presque à chaque fois qu’il n’est pas disponible. Non ! Je comprends juste que la citadelle n’a toujours pas été prise par les pourtant très preux chevaliers. Et je fais comme je fais toutes les fois que mon stock de comprimés a fondu : je change des dinars au noir, sur le marché parallèle – Si ! Si ! Messieurs les policiers, je vous confirme le faire, l’assume et est prêt à en répondre – et je m’en fais envoyer de pays pas si éloignés que cela. Des contrées où ils ont depuis longtemps trouvé les bons chevaliers qui ont fini par terrasser le méchant dragon de la pénurie de médicaments, le délogeant de la fameuse citadelle. Une histoire comme j’en raffole. De celles à dormir debout. En équilibre. Sur le dos du crocodile qui tourne autour de la forteresse. Tout en fumant du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L.

 

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