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Extension du domaine de la lutte

 

 

 

 

Il y a quelques mois, un mur avait été érigé en travers d’une route près d’El Tarf, au bout du monde. Ce mur d’El Frine, du nom du village protestataire, avait constitué une première, et non pas uniquement pour cette technique inédite de coupage de route. En effet, les mécontents avaient manifesté, entre autres, contre la dégradation de l’environnement, particulièrement des lacs de la région. Après cette première protestation, une autre a eu lieu hier à Tigzirt pour l’accès aux soins. Cette autre première, une marche populaire pour revendiquer d’être mieux soignés et desservis en centres de santé, repose la question des évolutions asymétriques, où il se confirme que la population avance beaucoup plus vite que ses dirigeants.

Pendant que les gouvernants s’attardent sur le passé en se gargarisant de luttes où ils n’étaient même pas présents, la population s’organise autour du futur, lançant de grands chantiers, comme la dépollution, l’accès à l’énergie, à internet, à l’information et à la santé, le désenclavement régional et le maillage routier. Ces nouveaux domaines de protestation marquent l’extension des territoires de la lutte, tout en révélant encore l’échec du modèle de développement. Là où députés et partis politiques sont exclus du débat pour absentéisme, ministres et walis transformés pour incompétence en standards téléphoniques accueillant demandes et revendications des citoyens, violentes ou pas.

Avec sur un podium de marbre glacé, un président emmuré devant son miroir ENTV qui lui rappelle en permanence qu’il est le plus beau. Ceux qui ont marché à Tigzirt ne se sont pas trompés ; il n’y a aucun hôpital digne de ce nom, pas même à Alger. En 13 ans de règne, le président Bouteflika n’aura pas réussi à construire un grand hôpital, à l’accès libre et aux normes internationales. Ce qui prouve bien qu’il est malade. Mais pas bête. Il n’ira jamais se soigner à Tigzirt.

 

Chawki Amari

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