In SlateAfrique
21 novembre 2012
Chawki Amari
A gauche comme à droite, l’histoire va dans le même sens. Le militaire Marcel Bigeard, honoré et glorifié, est passé de colonel colonisateur en Indochine et d’officier tortionnaire en Algérie au statut de résistant, d’après les propos du ministre français de la Défense.
Près de deux ans après sa mort, le général 4 étoiles Bigeard, «héros» des guerres coloniales, a été entreposé au mémorial des guerres d’Indochine de Fréjus en grandes pompes par Jean Yves Le Drian, ministre socialiste de la Défense.
Initialement annoncé au Panthéon de Paris, le général controversé aura fini dans le Midi, là où tout est possible. Dans un entretien donné au journal Corse-matin (mais pourquoi la Corse?), le ministre, accessoirement agrégé d’histoire contemporaine, y décrit le général comme «une figure emblématique de notre histoire militaire (…), il s’est particulièrement illustré comme résistant et comme soldat en Indochine.»
Bigeard, un résistant?
Mais qu’est-ce qu’un résistant, en français? Il y a plusieurs définitions, au delà du sens basique de «participe présent du verbe résister.» Il y a «solide, robuste», ce qui est probablement le sens choisi par le ministre de la Défense, mais aussi, lié au sens historique français, «qui s’oppose à l’action d’un agent extérieur», ou mieux, «qui s’oppose à l’occupation d’un territoire par l’ennemi.»
Quand le ministre dit «résistant et soldat en Indochine», on pourrait comprendre que l’Indochine avait envahi la France et qu’il fallait la sortir de là. A moins qu’il ne parle du résistant Bigeard contre l’Allemagne, et du soldat Bigeard, contre l’Indochine.
La France aurait-elle fait trop de guerres au point de tout mélanger?