Par Hakim Laâlam Email : hlaalam@gmail.com
Bras de fer Ould Kablia-Belkhadem. Désolé, mais moi, je prends parti. A fond avec l’Algérien ! C’est symptomatique que ce soit Sellal, en personne, Premier ministre de la RADP, qui appelle les banques à faciliter aux citoyens l’ouverture de … comptes courants. Voilà exactement où nous en sommes ! Un Premier ministre obligé d’intervenir pour l’accélération de la délivrance de RIB et de comptes épargnes aux quidams. Comme d’ailleurs il a dû intervenir dès son installation au petit palais, le siège du gouvernement, pour que les serpillières et l’eau de Javel soient plus frénétiquement agitées et versées dans nos rues et places. Demain, face à la déliquescence de l’espace Algérie, peut-être aura-t-il encore à intervenir dans le conflit qui opposera les receveurs de bus aux chauffeurs de ces mêmes bus, ou encore aura-t-il à rédiger lui-même le communiqué qui obligerait les commerçants de détail à envelopper le gruyère vendu au poids dans des films transparents et non pas dans du papier aluminium. Y a un problème, Yal’Khawa ! Est-ce que c’est vraiment le boulot d’un Premier ministre de dire aux banques de faire leur … boulot, et d’arrêter de ne vouloir ressembler qu’à des Fort Alamo imprenables par les petits particuliers et les PME-PMI ? Sellal n’a-t-il pas d’autres dossiers plus «stratégiques» qu’il doive aller mettre son propre nez dans les agences bancaires, en pleine sieste ? Mais ces dérives ont une origine ! Ces anomalies trouvent leur explication dans un acte fondateur de l’auto-centrisme algérien. Le jour où Abdekka a prononcé son fameux discours-programme au cours duquel il annonçait être tout, président, Premier ministre, rédacteur en chef de l’APS, de la télé, de la radio et des Eriad enfin réunies, ce jour-là, le mécanisme s’est enclenché. Un mécanisme en même temps diabolique et aux effets dévastateurs. L’auto-centrisme du raïs a provoqué l’arrêt du reste du pays. THE BLOCAGE ! D’autant plus que dans le même temps, les rares cadres gestionnaires qui osaient encore l’initiative entrepreneuriale n’étaient pas sûrs de rentrer dormir chez eux le soir, et guettaient, la peur au ventre, le moment où la porte de leur bureau s’ouvrirait avec fracas, livrant l’accès aux brigades chargées de les embarquer. Depuis cet acte réellement fondateur de l’unicité de la prise de décision «soclée» au Palais, le moindre petit geste de la vie quotidienne d’un exécutif est devenu dépendant du châtelain. Et nous en payons aujourd’hui encore le prix. Celui d’un comportement foncièrement ahurissant pour tout étranger de passage dans nos murs et qui entendrait le Premier ministre sermonner des banquiers pour qu’ils accélèrent la délivrance de chéquiers. Un dossier sur lequel même le gouverneur de la Banque d’Algérie ne devrait pas communiquer personnellement, le déléguant à ses services et à leurs nombreuses ramifications pour application. Ce soir, après le boulot, je rentre chez moi, et je ne sais pas encore si je dois sortir ma poubelle à 20 heures ou à 20 heures 6 minutes, aucune note du Premier ministère ne m’étant encore parvenue. Mais je ne désespère pas. A ce rythme, ils vont finir par l’obliger à gérer ça, aussi ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.