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les juges corrupus algeriens

SAÂD GUERBOUSSI ET SES TROIS COMPLICES ACQUITTÉS
La deuxième mort de Beliardouh

Ahurissant ! Saâd Guerboussi, le puissant président de la Chambre de commerce et d’industrie de Tébessa, ainsi que ses trois complices, Zaoui Hocine, Allaoua Mohamed et Rezaïguia Mohcen, ont été acquittés par le tribunal criminel de Tébessa.
Un simulacre de procès où, étrangement, des témoins oculaires à charge s’étaient absentés a contrario d’autres, à la volte-face sidérante. Ironie du sort, ce sont deux confrères présumés du défunt Abdelhai Beliardouh qui voleront au secours de Saâd Guerboussi et ses complices après avoir situé perspicacement durant toute l’instruction, les responsabilités dans les supplices subis par la victime. «Confrères» amnésiques, semblerait-il, devenus par on ne sait quel tour de sorcellerie, des témoins à décharge à la solde des accusés. Le verdict prononcé très tard dans la soirée de mardi était tombé tel un couperet pour les ayants droit, partie civile et leurs avocats respectifs. Ces derniers qui ont dû mener une première bataille juridique s’agissant de la constitution des parties civiles, la famille du défunt et le quotidien El Watan, récusées par la défense des accusés mais néanmoins admises par le tribunal après délibération. Aussi regretteront-ils les absences des témoins à charge qui avaient délivré à la police des dépositions détaillées sur l’enlèvement et les violences subies par la victime. Absences qui ne seraient pas dues, à leur avis, au hasard et auxquelles le président d’audience aurait pu pallier en ordonnant leur présentation quitte à recourir à la force publique puisque la loi l’y autorise. L’instruction de l’affaire avait déjà buté à ce même cas de figure mais le juge en charge de l’affaire était allé jusqu’à délivrer des mandats d’amener pour pouvoir auditionner les témoins à charge. Réduite à ne s’appuyer que sur les contradictions relevées dans les auditions, séance tenante, des accusés et des «faux témoins», la partie civile s’en était pourtant bien tirée à travers les plaidoiries de Mes Khaled Bourayou, Zoubeir Soudani et Ali Meziane induisant un réquisitoire corroborant du ministère public qui a retenu des peines de dix années d’emprisonnement pour les quatre accusés. Le procureur de la République, qui s’est manifestement inscrit en faux par rapport au verdict rendu, usera certainement de ses prérogatives de pourvoi en cassation du jugement alors que pour les avocats de la partie civile, la question n’est même pas discutable, «nous ferons appel». Une position partagée par tous, car «le combat pour le triomphe de la justice doit se poursuivre », a estimé le directeur d’ El Watan, Omar Belhouchet, qui s’est dit «choqué par ce verdict et scandalisé par la volte-face de témoins, on ne peut mieux amnésiques. J’aurais aimé que justice soit faite mais nous avions en face quelqu’un (Guerboussi) de très puissant. A Tébessa, c’est lui la justice. D’autant plus qu’il nous revient à l’esprit qu’il fut l’un des plus importants bailleurs de fonds pour les besoins de la campagne électorale de Bouteflika et l’un des plus fervents défenseurs de son programme. Nous ne pouvons, dès lors, nous empêcher de faire le lien entre ces activités, l’influence qu’il peut avoir et le verdict rendu dans ce procès». Pour Me Zoubeir Soudani, «ce procès est la démonstration parfaite de ce qu’on appelle, la subornation de témoins. Ceux à charge qui se rétractent au dernier moment sous la pression et ceux qui se détournent à 180° pour plaire aux puissants. Et s’il y avait une volonté de faire ramener les témoins à charge, rien n’aurait empêché la tenue d’un procès équitable». Me Ali Meziane pense, lui, que ce procès est «l’aboutissement d’une manipulation qui a duré dix ans. Dans ce procès, il n’y a pas que les paroles qui partent, les écrits aussi disparaissent. Ce que nous avons toujours craint s’est produit malheureusement au terme de cette audience. Les témoins oculaires qui ne sont pas venus pour des raisons que l’on peut imaginer, d’autres que le défunt comptait hélas parmi ses confrères et qui ont opéré un revirement honteux, c’est dire que tout n’est pas fortuit».
K. G

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