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L’héminégligence et les trois quarts

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Il ne faut pas être méchant avec les dirigeants. Depuis 14 ans, les Algérien(ne)s ont appris des choses et des mots grâce au régime de Bouteflika. Au hasard, le mot trémie, terme que personne ne connaît en dehors de l’Algérie et qui désigne des tunnels creusés sous terre pour cacher les voitures qui roulent. Plus récemment, on a appris ce qu’était un AIT, qui n’est pas du tout un préfixe kabyle, mais un accident (ischémique transitoire) comme l’AVC, et qui peut arriver à tout le monde, même à un président, tant les routes d’Algérie sont dangereuses.

Et depuis trois jours, grâce à la médecine internationale dont on ne dira jamais assez tout le bien qu’elle fait à l’Algérie et aux Algérien(ne)s, on a appris un nouveau terme, l’héminégligence. Qu’est-ce que c’est ? C’est  le docteur Xavier de Boissezon, au nom imprononçable ici mais professeur de médecine physique et de réadaptation quand même. Interrogé par l’AFP, qui s’intéresse au cas de Bouteflika depuis qu’il a décidé de s’installer en France, le professeur a parlé d’héminégligence pour caractériser l’affection dont souffre le Président : «Le patient ne prête plus attention à ce qu’il y a ou à ce qui se passe du côté de son hémiplégie.»

Oui, mais qu’est-ce que c’est ? C’est apparemment une maladie où l’on fait tout à moitié, c’est-à-dire un entier divisé par deux, c’est-à-dire moins d’un trois quarts de président, selon le professeur. Négligent à moitié, cela voudrait dire qu’il construit des routes, mais pas de voies pour l’expression, qu’il organise des élections mais truquées, qu’il a des idées mais de mauvaises fréquentations et, en gros, qu’il a tout fait à moitié. Sauf peut-être pour la culture générale, où il a fait plus que la moitié. Les Algériens étaient spécialistes en football et en politique internationale. Depuis Bouteflika, ils sont spécialistes en travaux publics et en médecine. On n’arrête pas le progrès. 

Chawki Amari

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