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La boîte à horreurs

 

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Depuis plusieurs années, le Ramadhan nous rappelle l’état de médiocrité de la Télévision nationale à travers la faiblesse qualitative des programmes qu’elle diffuse. Loin de réconcilier les Algériens avec ce média public, cette indigence du contenu les pousse au contraire à aller voir ce qui se passe ailleurs, sur les chaînes étrangères. En d’autres termes, à chercher ce qu’ils ne trouvent pas «localement». La télé nationale finit par devenir cette «boîte à horreurs» tant décriée.

Malheureusement, au niveau officiel, personne ne semble préoccupé par le recul de son audience, «coiffée au poteau» par les télés privées «offshore» émettant à partir de l’étranger et qui ne font pas forcément dans la qualité, tout comme elles se soucient encore moins de contribuer à l’élévation du niveau culturel des téléspectateurs algériens. Celles-ci se contentent de faire le contraire de ce qui a caractérisé jusqu’à présent la télévision officielle. Au «tout va bien» de rigueur depuis des décennies au 21, boulevard des Martyrs à Alger (siège de l’ENTV), elles lui ont substitué le «rien ne va plus». C'est-à-dire à la démagogie du discours officiel, le populisme le plus flatteur qui séduit parce qu’il donne l’impression d’une liberté de ton retrouvée et un tant soit peu iconoclaste. L’absence de moyens et le manque de professionnalisme font qu’elles non plus n’échappent pas à la médiocrité. Ce serait trop leur demander, d’autant que la recette de leur «succès» est pour l’instant toute trouvée et on ne voit pas pourquoi elles changeraient.

Ce marasme généralisé qui affecte les Algériens, y compris dans la culture, est d’abord de la responsabilité du pouvoir qui s’obstine à rejeter toute ouverture du champ audiovisuel national et maintient toujours un verrouillage absolu, à l’instar des quelques régimes autoritaires de la planète encore en place. Plus qu’une lacune ou une faiblesse, cet état de fait est d’abord le résultat d’une pratique de pouvoir et de l’autoritarisme dont il fait preuve dans tous les domaines, y compris dans celui des médias lourds et de l’audiovisuel. Le monopole politique de contrôle qu’il maintient en dépit du bon sens lui assure sa survie, même s’il a cédé par ailleurs, en partie, de sa mainmise sur certains secteurs, donnant ainsi l’illusion d’ouverture et de pluralisme. Cet «instinct de conservation» d’un pouvoir en fin de course, dans lequel beaucoup d’Algériens, surtout les jeunes, ne se reconnaissent pas, fait que dans l’immédiat, il n’est pas prêt à opérer de lui-même les changements attendus. L’autisme dont il fait preuve à l’égard des attentes des citoyens risque de perdurer tant qu’il a la haute main sur les médias lourds alors que partout ailleurs, là où l’autoritarisme avait cours encore récemment, la tendance est plutôt à l’ouverture démocratique.

 

Reda Bekkat

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