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Prévarication et expertise

 


 

 

Par : Mustapha Hammouche

La presse a publié, hier, de nouvelles révélations sur les malversations milliardaires de Chakib Khelil. Il semble, à travers les faits rapportés, que la manigance prévaricatrice est une activité qui occupait l’ancien ministre depuis pratiquement sa nomination. Mais il apparaît surtout qu’il opérait en toute transparence : on se souvient, par exemple, qu’il n’a pas été fait mystère de la réalisation des parts algériennes détenues sur Anadarko et Duke Energy. Et, à l’époque, aucune institution ni aucun “expert” ne s’est soucié de la pertinence économique de cette décision et encore moins des intérêts que pouvaient représenter cette Rayan Asset Management à laquelle a été confiée la gestion du placement de l’argent gagné dans la cession des actions Anadarko et Duke, par exemple.
Pourtant, les opérations de Bourse sont des activités bénéficiant d’une publicité telle qu’elles ne peuvent échapper aux nombreux experts financiers et pétroliers que compte le pays. Or, il ne semble pas qu’avant l’intervention de la justice italienne sur les dossiers Sonatrach, l’on ait trouvé à redire sur une combine qui date de dix ans ! Mais, aujourd’hui qu’il n’est plus tabou d’accabler Chakib Khelil, l’on nous explique que l’opération a constitué un véritable hold-up visant des fonds publics.
Des journalistes ont été régulièrement poursuivis et souvent condamnés pour avoir évoqué des faits de malversations.
Mais ils pouvaient rarement disposer des arguments d’experts qui se tiennent soigneusement loin de la controverse. Ceux-ci préfèrent généralement attendre que le scandale soit porté sur la place publique pour venir nous entretenir de la gravité du forfait.
Tous les secteurs “juteux” ont été victimes du dépeçage rentier systématique que le régime organise au bénéfice des “neveux”. L’agriculture a justifié des transferts considérables du Trésor public vers les comptes d’une génération spontanée d’éleveurs, de cultivateurs et de promoteurs spontanés de l’agriculture saharienne ; l’importation et la production de médicaments ont constitué un véritable domaine réservé pour descendances à pédigrée défini ; les budgets de communication institutionnelle et de production audiovisuelle publique sont distribués en fonction de filiations strictement politiques, etc. Ces secteurs, comme tous les autres, victimes de la rapine “systémique” ne manquent pas de spécialistes.
Et pourtant, l’on a rarement assisté à des levées de boucliers contre le refinancement permanent d’une agriculture qui produit la pénurie et l’inflation, contre la production de “génériques” placebo ou contre la distribution complaisante des budgets de manifestations de prestige.
De toute manière, c’est désormais de notoriété publique que le régime s’applique, en priorité, à organiser l’enrichissement rentier népotique. L’abus est tel qu’il n’est plus nécessaire d’être expert pour constater le détournement de vocation des budgets publics. Même dans l’affaire Sonatrach, on en sait plus grâce aux investigations au tribunal de Milan qu’à la science discrète de nos experts, spécialistes et autres universitaires qui viennent doctement, mais après coup, nous éclairer du gâchis consommé. Trop tard pour rattraper le fiasco opéré dans une espèce d’universelle et silencieuse complicité. Trop tard aussi pour former l’opinion des Algériens ; elle est faite.

M. H.
musthammouche@yahoo.f

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