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La Syrie, le monde et le monde “arabe”

 

 

Par : Mustapha Hammouche

Alors que des Syriens s’entretuent allègrement, les “communautés” — internationales, européennes, islamiques, arabes et autres — constatent leur impuissance à ne serait-ce que réduire les souffrances des innocents.
Le Conseil de sécurité confirme, une fois de plus, qu’il n’est pas exactement conçu pour servir sa finalité statutaire : la paix. Entre les puissances qui “menacent” d’intervenir pour le compte d’une partie du conflit et celles qui menacent d’intervenir pour le compte de l’autre, il semble servir de lieu de confrontation géopolitique sans armes. Et pour cause : il est lui-même le fruit de l’issue d’une guerre mondiale.
Dans le cas syrien, les attributs des forces en présence — une dictature sanguinaire, d’un côté, et une rébellion phagocytée par le terrorisme islamiste, de l’autre — permettent à chacune des positions de se prétendre agir pour “la bonne cause”. En s’illustrant dans le détournement totalitariste des “révolutions arabes”, l’opportunisme islamiste a donné des arguments à l’option du statu quo : faut-il soutenir des révolutions qui font marchepied au fascisme vert ?
Le principe de légitimité de fait des régimes en place, la sacralité de la souveraineté des États et la menace intégriste font que les Russes et les Chinois ne soient pas sans arguments dans leur opposition à une intervention internationale en Syrie. Les résultats d’expériences récentes d’intervention directe finissent par faire hésiter les puissances occidentales. Alors, place aux opérations clandestines et semi-clandestines ! Si bien qu’on ne sait plus qui fait quoi dans cette région.
Déjà que son organisation a été passablement disqualifiée par les “printemps” inachevés, le monde dit arabe a été politiquement pulvérisé par la tragédie syrienne. Partagée entre pouvoirs pro-révolution et pouvoirs attachés au principe de solidarité conservatrice des régimes, la Ligue arabe a simplement disparu, prouvant enfin la vacuité politique de la notion de “monde arabe”. La question palestinienne connaît étrangement un de ces cycles favorables au moment où le monde dit arabe s’évapore comme entité géopolitique et comme acteur politique international. Son statut utilitaire de “cause arabe” l’a paradoxalement sanctionnée dans son statut de cause nationale. À quelque chose malheur est bon, peut-être que la fin de l’entité artificielle “arabe” permettrait-elle quelque progrès à une cause restituée à son peuple.
Par la connivence de dirigeants “arabes” installés au lendemain des indépendances a emprisonné des peuples dans un monopole autoritaire réducteur : l’entité arabo-islamique magique. Des États sectaires devaient entretenir l’illusion d’une unité pour cause d’uniformité. Pour se libérer de ces camisoles solidaires, les populations sont allées chercher ce qu’il y a de plus atavique dans ce qui les différencie. De durables dictatures les ont condamnées à se déchirer avant de se reconnaître ! Et avant que ces dictatures ne disparaissent. Au prix que l’on voit.
Les ex-colonies et les puissances paient le prix-moral de leur historique collaboration avec ces dictatures et contre ces peuples. Si, comme elles le crient, elles ont quelques remords. Mais ce n’est pas sûr : la géopolitique continue à primer sur le droit international.

 


M. H.
musthammouche@yahoo.fr

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