La convalescence du président Bouteflika, entamée il y a six mois, se prolonge et inquiète l’opinion publique à trois mois de la présidentielle. Des spécialistes indiquent à ce propos que «la récupération totale de ses facultés est quasiment impossible» et que le centre du langage serait sévèrement atteint.
La convalescence du président de la République, entamée depuis six mois et qui se prolonge indéfiniment, inquiète et suscite rumeurs et interrogations. Ses courtes apparitions à la télévision, en train de recevoir des personnalités politiques algériennes et étrangères, restent insuffisantes pour rassurer le grand public.
Son incapacité à tenir des réunions de plusieurs heures et effectuer le travail intense d’un chef d’Etat montre bien qu’il n’a pas vraiment récupéré toutes ses facultés motrices altérées par l’accident vasculaire cérébral ischémique (AVC)», commente un spécialiste en neurologie.
Certains médecins supposent que l’état du président s’est peut-être amélioré, mais personne n’est en mesure de dire avec exactitude le niveau de cette amélioration tant son bilan de santé est un secret impénétrable. «Nous ignorons encore quel est le territoire atteint au plan neurologique par cet AVC. Tant que nous n’avons pas de données du dossier médical, nous ne pouvons pas nous prononcer sur ses aptitudes futures. Car il faut d’abord déterminer les causes de cet accident et voir aussi comment est l’état de son cœur, de ses reins, etc. Ce qui est sûr, c’est qu’un sujet âgé reprend difficilement après un AVC», nous confie un autre spécialiste, en précisant que le premier geste, à savoir la thrombolyse, n’a pas été fait. Un professeur de médecine estime que si l’on ne récupère pas dans le premier mois qui suit l’AVC, il est très difficile de retrouver toutes ses capacités motrices.
La rééducation pourra lui permettre de recouvrer l’usage partiel de certaines fonctionnalités affectées. Cela d’autant plus, insiste ce professeur, qu’«on ne sait pas dans quel état il a été évacué». Le risque de récidive est toujours pesant, estiment les spécialistes. Car «on ne revient pas à l’intégrité des territoires atteints par l’AVC», signale-t-on, tout en précisant que «lorsqu’une cellule est morte dans le cerveau, surtout chez les personnes âgées, elle ne peut se régénérer, et c’est le même cas pour les neurones».
Les séquelles de l’AVC ne se limitent pas au déficit partiel de la force musculaire, commente-t-on dans le milieu médical, «il y a aussi une atteinte du centre du langage. Nous ne l’avons pas entendu parler et il ne s’est pas adressé à son peuple pour le rassurer», relèvent des spécialistes en neurologie, pour lesquels il est clair que le temps de récupération sera très lent, car cela dépend de plusieurs facteurs.
L’âge et la nature des lésions de la surface de la zone ischémique constituent pour ces médecins spécialistes un facteur aggravant. Il est à rappeler que le dernier bulletin de santé du président de la République, signé par ses «médecins accompagnateurs», avait été rendu public le 11 juin dernier, pour affirmer que Abdelaziz Bouteflika avait eu un AVC le 27 avril et non pas un accident ischémique transitoire comme cela avait été annoncé le jour de son attaque «sans retentissement sur ses fonctions vitales». Son transfert à Paris, justifient ses médecins, avait été décidé pour «un complément d’exploration à l’issue de laquelle ses médecins lui ont recommandé d’observer, à l’institution nationale des Invalides, une période de soins et de réadaptation fonctionnelle en vue de consolider l’évolution favorable de son état de santé».