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Les anges exterminateurs

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En plein milieu du feuilleton «la cavale de Chakib Khelil, prédateur de Sonatrach», coincé aujourd’hui entre les juges américains et algériens, tombe l’annonce de l’extradition vers Alger par les Britanniques de Abdelmoumen Khalifa. «Il ne manquait plus que lui», fut la réaction courroucée des gens du pouvoir, affolés par ce cadeau empoisonné de Londres qui tombe en plein précampagne électorale. Et à un moment où le mot d’ordre gouvernemental est l’enjolivement, sous toutes ses facettes, du bilan Bouteflika en prévision de sa candidature – ou de celle d’un homme lié au pouvoir – à l’élection d’avril 2014. Ces deux personnages sulfureux ont en commun le pillage systématique de biens publics durant la première décennie 2000.

Pour ce faire, ils ont mis à profit les contradictions et les failles du pouvoir politique, l’un activant dans la sphère privée, l’autre dans le domaine public. Ils ont enrichi des proches, des alliés et des complices, y compris au sein de l’Etat et à l’extérieur du pays. Leur atout majeur a été la bienveillance des autorités politiques bernées par le «profil» qu’ils se sont confectionné sur mesure : Moumen Khalifa, un «génial manager» et Chakib Khelil, un brillant ministre de formation américaine aux allures de Texan. Des anges qui ont vite fait de se révéler exterminateurs. Le président de la République, lui-même, a cédé à cette fascination jusqu’à l’éclatement au grand jour de grands scandales touchant à leur gestion et à leurs méfaits.

S’il s’est résolu à laisser faire la justice, le chef de l’Etat a toutefois pris la précaution de sauver certaines «têtes politiques», parmi elles le secrétaire général de l’UGTA qui avait pourtant avoué, devant le juge, sa responsabilité de donneur d’ordre dans la mise à disposition d’El Khalifa Bank de l’argent des caisses de sécurité sociale. L’opinion publique en a été profondément choquée. Dans les affaires Sonatrach, le chef de l’Etat porte la responsabilité d’avoir maintenu vaille que vaille Chakib Khelil à la direction du secteur de l’Energie, lui conférant les pouvoirs absolus alors même que dès le début de son règne apparaissaient des signes sur les dérives de sa gestion. Le plus flagrant fut la loi sur les hydrocarbures visant à brader les ressources du sous-sol du pays aux multinationales du secteur. Le texte fut annulé in extremis après une lourde crise au sein du sérail.

Que ce soit dans l’affaire Sonatrach ou dans le dossier Khalifa, des innocents ont payé lourdement, certains par l’emprisonnement, d’autres par l’exil forcé. Plusieurs cadres dirigeants de valeur ont passé de nombreuses années dans les geôles. Outre le considérable préjudice porté à l’argent de l’Etat, des milliers de citoyens ont été ruinés. Des seconds couteaux ont payé, des fusibles ont sauté. Le drame a sévi dans des centaines de familles. Dans les deux cas et à ce jour, ni la justice ni la vérité n’ont triomphé et tout indique que ce n’est pas demain que cela se fera. Chakib Khelil est sur les traces de Abdelmoumen Khalifa, c'est-à-dire voué à un long exil doré dans un pays occidental, en l’occurrence les USA, dont il porte la nationalité. Et l’ex-golden boy, quand bien même il se retrouve devant un tribunal algérien, n’aura aucune crainte car son silence vaut de l’or dans un système immergé tout entier dans la corruption la plus totale.

 

Ali Bahmane

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