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Crise de système : fin ou pause ?

 

Par : Mustapha Hammouche

S’exprimant à la suite du tragique crash d’un avion militaire, le président de la République a réagi à la violente controverse qui oppose son clan au DRS. Il aura ainsi mis une semaine pour s’interposer dans une dispute qui a pris des tons de querelles de charretiers et des proportions mettant sérieusement en cause l’honorabilité même de grandes institutions.
L’on ignore, pour le moment, quel sera l’impact de l’intervention présidentielle et son efficacité. Car, même à considérer que l’ouverture des hostilités publiques procède de l’indépendante initiative de Saâdani, une semaine d’outrages et d’accusations de cette nature, engageant des responsables ou d’anciens responsables de ce niveau, ce n’est pas conforme aux normes des rapports institutionnels d’une République.
L’on ignore donc si le holà présidentiel mettra finalement un terme à l’altercation, mais les dégâts, pour le système, sont déjà considérables. Les preuves témoignant du fait que le choix de dirigeants pour l’Algérie est une affaire de confrontation clanique et de marchandage de sérail ont été portées jusque sur la place publique. Et “l’image de l’Algérie dans le monde”, qui a jusque-là servi d’argument à la répression de la liberté d’expression, s’en trouve gravement écornée. Au demeurant, si des partenaires à culture démocratique nous prêtent encore quelque intérêt, c’est certainement plus pour nos qualités de bon client que pour notre statut de démocratie. Un État qui, en 2014, s’interroge sur l’opportunité d’un quatrième mandat peut-il sérieusement revendiquer une image ?
Il peut juste prétendre au registre de la relation d’intérêt. Et, ainsi, disposer d’une espèce de  “carte de fidélité commerciale” lui valant quelques commentaires diplomatiques favorables. Il est étrange que nos principaux partenaires — FMI, Europe, USA — trouvent que nous avons une bonne politique, nous qui n’en avons pas du tout, et qui importons quatre-vingts pour cent de nos besoins et n’exportons que deux ou trois pour cent en production industrielle et agricole !
L’image ayant donc été passablement altérée, ce n’est pas en prolongeant la durée du régime qu’on la restaurera. Le quatrième mandat est donc, en soi, calamiteux pour cette image : il confirme que la place de l’Algérie est parmi la catégorie des nations à régime autoritaire immuable.
Mais, au-delà du surplus de détérioration de l’image d’un système qui, désormais, ne peut même pas entretenir sa vitrine, il reste à connaître la véritable signification de l’intervention de Bouteflika. S’agit-il de se démarquer des excès de langage de Saâdani et de désamorcer les répliques qui commencent à se faire nombreuses et
violentes ? Ce qui permet enfin aux plus hésitants, partis et syndicats, de “défendre” enfin... l’Armée. Alors que ce qui était en cause et à l’origine de la polémique, c’était le DRS.
Et peut-être même que ce qui constitue l’enjeu de cette bagarre, c’est justement cette singularisation du DRS par rapport à l’Armée en général…
S’agit-il plutôt, pour le Président, d’arrêter une escalade préjudiciable au système global, d’exploiter la situation pour rappeler sa place hors des querelles de chapelles et “au-dessus de la mêlée” ou d’insinuer que la brouille a été résolue ? Et si c’est le cas, dans quel sens ?...
On devra attendre pour comprendre. Mais pas très longtemps, puisque l’échéance à l’origine de la crise approche…

 

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