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Le monopole de la violence

 

 

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C'est une simple histoire de prérogatives. Il n'y a que l'Etat qui puisse chasser des manifestants, annuler un meeting, refouler une personne, arrêter un groupe ou interdire un rassemblement. Le contraire n'est en théorie pas possible, ce qui a donné aux violentes manifestations de Béjaïa ce caractère de désobéissance civile. Mais après ? Le politologue Sellal a cru bon d’y voir la main de Benflis et du FIS, pendant que la direction de campagne du même Sellal accusait dans un communiqué le MAK, les fascistes et le mouvement Barakat. Ces analyses contradictoires, simplistes et absurdes révèlent le désarroi d'une équipe qui, chaque jour, à Relizane, Tébessa, Annaba, Marseille ou Ouargla, est perturbée dans ses tentatives de meeting, ce qui pousse d'ailleurs la direction de campagne à en annuler plusieurs.

Il est évident que le passage en force du 4e mandat au mépris du bon sens, de l'histoire, de l'alternance et de la biologie, avec un bilan de 15 ans peu crédible, crée des facteurs de colère. Arguant du monopole de la violence, les partisans de Bouteflika aimeraient bien que tout se passe dans le calme alors que les jeux sont faits, la fraude en marche, tous les moyens de l'Etat mis à la disposition du candidat adoubé et le président de la CNISEP de surveillance des élections, Belkacem Sahli, ex-ministre, a lui-même déclaré que le président Bouteflika est le meilleur président arabe.

Dès lors, la question du jeu ouvert et pacifique – «si vous n'êtes pas d'accord, votez contre» – n'a plus aucun sens. Il n'est pas intelligent de brûler une maison de la culture, mais on doit revenir à cette histoire de stabilité : est-ce la candidature de Bouteflika, un vieil homme qui parle à tout le monde sauf à son peuple, qui crée de l'instabilité, ou les Béjaouis qui sont instables ? La réponse semble évidente. Mais l'évidence n'est pas évidente pour tout le monde. C'est évident.

 

Chawki Amari

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