On pourra toujours débattre de l’origine de l’homme, mais Al Djazaïria, Echourouk TV et Ennahar TV sont plus proches des Algériens et de la modernité que ne l’est l’ENTV, gelée dans les années 50 du siècle dernier, donnant une image artificielle d’une société qui n’existe pas. Pourtant, ces nouvelles chaînes activent en dehors de la légalité algérienne, ce qui n’empêche pas les dirigeants d’y passer et de commenter l’actualité, alors qu’elles sont interdites dans leur pays.
Autre absurdité : les autorités ont donné l’ordre de laisser filmer en Algérie les équipes de ces trois chaînes, même si elles n’ont pas d’agrément. En gros, les dirigeants algériens veulent des télévisions privées algériennes mais pas chez eux, du développement économique mais ailleurs, la libération des mœurs mais dans un autre pays, de la démocratie et des élections libres mais à l’étranger. Après le voyeurisme institutionnalisé où des millions d’Algériens contemplaient leur classe politique débattre sur d’autres chaînes, françaises ou qataries, voici venu le nouveau temps des débats d’Algériens en Algérie sur des chaînes algériennes, mais pas en Algérie.
L’immobilisme national aura ainsi été résumé, conforté par cette anecdote qu’a rapportée Benkirane, le Premier ministre marocain, de sa visite en Algérie.
Ayant rencontré le président Bouteflika, Benkirane avait transmis (à la télévision marocaine) les intimes désirs de son hôte : aller à Oujda voir la maison où il est né. Aveu d’impuissance, le président du plus grand pays d’Afrique aura parlé comme un jeune harrag, la tête pleine de barques, de rêves et de destinations. Qui peut ouvrir la frontière et aller à Oujda à part le Président ? Si même un fakhamet ne peut rien faire, qui peut alors faire quelque chose ?
Prochaine étape cathodique du contre-développement : un discours explicatif de Ouyahia à la nation sur les actuels blocages, sur une chaîne privée mauritanienne.