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  • Le pouvoir et ses à-peu-près

     

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    Depuis plus d’une décennie déjà, les décideurs en charge de la chose économique s’autorisent à agir inconsidérément sur autant d’enjeux qui engagent le devenir même du pays. Que d’à-peu-près bricoleurs et que d’approximations dans les prises de décision ! Point de vision économique cohérente et nul choix rationnel et à long terme, dans un monde où les logiques primaires de patriotisme économique ne mènent souvent qu’à l’isolement. Après avoir employé toute son énergie, il y a une dizaine d’années, pour la céder au magnat mondial de l’acier, Mittal, l’Etat algérien bataille aujourd’hui pour récupérer le contrôle de son industrie sidérurgique, en y laissant bien sûr beaucoup de sous.

    De la même façon, l’Etat mène actuellement d’âpres négociations pour «nationaliser» l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy, passé aux mains des Russes par l’entremise de sophistications financières dont nous sommes encore loin d’en avoir la science. Comble de l’impuissance, le pouvoir, qui aime tant à brandir le «droit de préemption» de l’Etat, nous dit que l’Algérie ne peut accéder à la 3G avant que les Russes ne daignent lui rétrocéder Djezzy. C’est que dans une économie globalisée, il ne suffit pas de changer ses lois à tout-va pour pouvoir donner sa mesure.

    De l’époque, pas si lointaine, où les décideurs optaient à courir derrière d’hypothétiques investisseurs non résidents, à celle actuelle où ils s’acharnent à imposer sans distinction la fameuse règle des 51/49%, rien de bien notable n’a changé pour l’économie nationale. Si ce n’est l’aggravation de sa dépendance au pétrole. Aujourd’hui encore, l’on parle à nouveau d’accélération du processus d’adhésion à l’Organisation mondiale de commerce (OMC). Si d’aventure ce processus aboutissait, de nombreux choix économiques devront encore être remis en question : l’interdiction d’importer des médicaments produits localement, l’arrêt de l’importation des véhicules d’occasion et peut-être même la règle des 51/49%.

    A mesure qu’il voit s’étoffer la rente et les réserves de change du pays, le pouvoir en place persiste à se dispenser de mûrir une quelconque stratégie économique claire, se contentant de papillonner de doctrine en doctrine et d’un cap à un autre. La réalité est que depuis l’ère des 1200 entreprises publiques à privatiser, au début des années 2000, à celle des creux concepts de patriotisme économique d’aujourd’hui, l’Algérie n’a fait qu’approcher le degré zéro de l’investissement productif. Très peu d’IDE, guère d’industrie et presque aucune perspective de diversification de l’économie. Que des équilibres macroéconomiques à surveiller de près, de crainte que les prix pétroliers s’effondrent et que la rente cesse. Un sort peu rassurant auquel nous condamnent, depuis des années, les décideurs en place. Des décideurs qui changent de choix, de cap et de lois comme ils changent d’humeur devraient logiquement être changés.

     

    Akli Rezouali