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  • Lutte contre la corruption : évolution ou mirage ?

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Le ministre de l’Énergie en exercice est revenu sur les affaires de corruption autour des activités de Sonatrach. “Des instructions très fermes ont été données aux entreprises pour défendre leurs intérêts et pour poursuivre toute personne susceptible d’avoir agi contrairement aux intérêts de nos entreprises”, nous apprend Yousfi.
    Mais contre qui, donc, ces entreprises doivent-elles défendre leurs intérêts ? Dans l’affaire qui fait l’actualité, ce sont des ministres de la République qui sont suspectés de graves malversations. Et ce n’est pas la première fois que des scandales financiers suggèrent, de par les institutions qu’elles impliquent, la responsabilité de dirigeants autrement plus hauts placés que les cadres des entreprises. Mais jusqu’alors, il était invariablement proclamé que “la responsabilité politique n’était pas établie”.
    Il faut bien rappeler que si une information judiciaire, visant à élargir les investigations sur l’affaire Sonatrach 2, est ouverte depuis le 10 février, c’est suite à “l’implication de personnalités algériennes dans des faits à caractère pénal, et plus précisément de corruption, lors de l’exercice de leurs fonctions au sein des institutions de l’État” rapportée dans “des articles de la presse internationale et nationale”. Il ne fait pas de doute que ce sont les révélations de la justice milanaise, relayée par la presse italienne, qui ont rendu inévitable cette évolution dans le dossier en question.
    La presse nationale n’a, cependant, pas à se faire d’illusions. Depuis l’affaire Adami, l’on n’a plus repris le pouvoir à laisser les siens se faire confondre par le travail des journalistes. Une profonde entreprise de discrédit a fait en sorte, qu’aujourd’hui, les articles de la presse locale — aussi instructifs, fussent-ils — restent toujours sans effet sur l’opinion, sur la justice, et même sur les concernés. Ces derniers, souvent, ne faisant même pas l’effort d’une mise au point ou d’une plainte en diffamation.
    La lettre ouverte, par laquelle l’ancien vice-président de Sonatrach conjure le chef du DRS de ne pas contrarier la justice dans son action, a étrangement suscité une interpellation soutenue de la presse. Sur le mode : “Si vous ne la répercutez pas avec l’ampleur qui s’impose, c’est que l’on vous en a empêchés, ou que vous n’en avez pas le courage, ou que vous couvrez les puissants.” Le char d’assaut est passé, si les fantassins ne suivent pas, c’est qu’ils désertent la lutte. Et les militants de cafétérias sont intraitables avec la mission de vérité des médias.
    La lettre de Malti s’attaque au tabou de s’adresser publiquement au général Tewfik. Le buzz se justifie, mais ne doit pas, toutefois, faire  oublier l’entêtement, parfois chèrement payé, d’une certaine presse, qui, depuis longtemps, prêche dans le désert.
    Il n’est pas dit que l’hirondelle, pas encore confirmée, de l’affaire Sonatrach 2 fera le printemps de l’indépendance de la justice dans la lutte contre la corruption. Ni l’engagement insistant de Yousfi, qui dit : “Nous serons inflexibles dans ce domaine-là” et qui, curieusement, conjugue ainsi la lutte contre la corruption au futur. Semblant admettre, involontairement peut-être, que cette inflexibilité reste à venir.


    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr