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70 mouvements de contestation sociale

  • 70 mouvements de contestation sociale

     

    Mars, un mois record

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    La contestation sociale est loin de s’estomper. Le mois de mars se termine sur une vague de mécontentement généralisé et augure d’un printemps mouvementé.
    Plus de 70 mouvements de protestation ont été enregistrés dans les différentes régions du pays durant le mois, selon les comptes rendus de la presse nationale. Ce chiffre, qui reste relatif, représente une moyenne de 2,3 mouvements de contestation par jour. Ce qui constitue déjà un record.

    La liste des mouvements de protestation est loin d’être exhaustive. Néanmoins, ce chiffre révèle que le  malaise social est plus profond qu’on l’imagine.
    Toutes les couches sociales sont en fait pénalisées par les décisions prises jusque-là, notamment par les statuts particuliers promulgués par la Fonction publique. La grogne et le mécontentement ont atteint tous les secteurs publics, y compris… la présidence de la République. Des sit-in par-ci, des marches par-là. Le mouvement de protestation des étudiants – grève illimitée depuis plus d’un mois, sit-in devant le siège de leur tutelle et devant la Présidence – a été réduit en «mouvement provoqué par la rumeur et la mauvaise interprétation du décret 10-315». Selon le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, un décret présidentiel a été abrogé rien que pour calmer les esprits.


    De Diar Echems à Climat de France


    La protestation s’est par ailleurs élargie, prenant des formes parfois violentes.  Les habitants de Climat de France, qui ont vu leurs baraques construites illicitement démolies, ont recouru aux émeutes. Le quartier de Diar Echems a connu les mêmes scènes de violences au début de ce mois. En l’absence d’une oreille attentive et d’échos probants aux cris de détresse des habitants des quartiers défavorisés, ces derniers usent de tous les moyens pour se faire entendre : blocage des routes, menace de suicide…
    Des troubles ont été relevés également durant ce mois à Sidi Bel Abbès et, dernièrement, à Annaba. La vente de billets d’entrée au stade a tourné à l’émeute, causant 42 blessés dont 5 policiers.
    Certains citoyens, à l’instar des cadres communaux, des jeunes Algériens qui ont lancé un appel sur le facebook, des étudiants et médecins résidents ont même tenté de marcher à Alger. Le rapport de force prime toujours sur l’action pacifique. Seuls les gardes communaux, au nombre de 10 000, ont réussi à briser le mur infranchissable construit à chaque marche par les agents des forces de l’ordre.


    La grogne gagne les hautes sphères de la société. Les fonctionnaires du commerce gèlent le contrôle des produits importés, les médecins résidents sont en grève illimitée, plus de 600 maires menacent de démissionner et les avocats prévoient d’investir la rue. Ce n’est pas tout. Le secteur des hydrocarbures (première source de revenus en Algérie) est perturbé par des grèves à Hassi R’mel et Hassi Messaoud. La tenue de rassemblements devant la Présidence (sit-in des étudiants, enseignants contractuels, rapatriés de Libye, chômeurs…) et devant le ministère de la Défense (contractuels de l’armée) témoigne de la détermination à faire entendre leur voix sans recourir à l’intermédiaire. Néanmoins, la mollesse et l’indifférence qui caractérisent les réactions des pouvoirs publics laisse entendre que les procédés de répression de l’expression populaire sont beaucoup plus sophistiqués qu’auparavant.
     

    Djedjiga Rahmani