Par : Omar Ouali
De tous les rendez-vous électoraux qu’a connus l’Algérie, depuis l’instauration du pluralisme politique, l’abstention a toujours été au rendez-vous des urnes. C’est une “constante nationale”, pour reprendre un vieux poncif du FLN. Exception faite en 1995 pour l’élection présidentielle.
Ce jour-là, les Algériens, placés devant le dilemme shakespearien d’être ou ne pas être face au terrorisme islamiste qui menaçait l’existence même de l’Algérie, avaient voté en masse. Un homérique défi. C’était en faveur du président Liamine Zeroual qui incarnait alors, aux côtés d’autres forces patriotiques, l’autorité de l’État. Depuis, au fil des élections présidentielle, législatives et locales, le phénomène de l’abstention est allé crescendo. Si bien que les abstentionnistes représentent aujourd’hui la majorité absolue dans ce pays.
Sauf que le pouvoir, au lieu de voir objectivement la réalité et d’en tirer les enseignements utiles, a préféré s’en tenir à son attitude pavlovienne qui consistait systématiquement à triturer, gonfler et maquiller les taux de participation. Les officines obscures se chargeant de l’exécution de la besogne pour livrer, in fine, des chiffres politiquement corrects qui permettent au système de se maintenir artificiellement par la fraude. Et donc, sans une once de légitimité.
Pourtant si ce même système, au lieu de persister envers et contre tout bon sens, dans sa politique de l’autruche, avait écouté les abstentionnistes, décrypté leur message et donc avoir pu, entre-temps, apporter des réponses à leurs interrogations, les choses se présenteraient certainement aujourd’hui sous de meilleurs auspices pour les législatives du 10 mai prochain.
Ce qui ne sera vraisemblablement pas le cas, compte tenu de l’indifférence royale des Algériennes et Algériens, qui laissent augurer d’une abstention sans précédent dans les annales. Normal : qui sème la fraude récolte le rejet des élections. Cela étant, ces élections du 10 mai pourraient effectivement constituer un “tournant historique”. Mais pas au sens où l’entend le président Bouteflika qui veut une participation massive. Et on le comprend du reste, dès lors qu’il a mis tout son poids dans la bataille. Le vrai sens, en revanche, serait que l’abstention annoncée soit reconnue pour ce qu’elle sera. Regardée aussi avec objectivité et sérénité. Auquel cas, ce pourrait être le début du début d’un changement politique.
O. O.