SES MÉDECINS L’ONT RÉVÉLÉ HIER
Bouteflika : plus grave qu’on ne le disait
Le Président Bouteflika séjourne toujours à l’hôpital des Invalides à Paris où il observe une période de soins et de réadaptation fonctionnelle. C’est ce qu’a attesté un nouveau bilan médical, établi par ses deux médecins accompagnateurs, et diffusé hier par la présidence de la République.
Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Moins de 24 heures après la déclaration rassurante du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qui a affirmé que le Président transmettait ses directives au quotidien, la présidence de la République consent à lever le voile sur un sujet au centre des préoccupations politiques et médiatiques, depuis 45 jours. La présidence de la République, qui a répercuté ce mardi après-midi un bulletin de santé établi par les professeurs Mohcène Sahraoui et Metref Merzak, les deux médecins qui l’ont accompagné en France, a officialisé la poursuite du séjour hospitalier de Bouteflika en France et qu’il subit toujours des soins et est soumis à une réadaptation fonctionnelle. «Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, observe, en France, une période de soins et de réadaptation fonctionnelle pour «consolider l’évolution favorable » de son «état de santé», a transcrit le bulletin de santé, répercuté par la présidence de la République qui, elle, a ajouté dans son communiqué qu’«en date du 27 avril 2013, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a présenté un AVC (accident vasculaire cérébral). Les premières investigations faites, dès son admission à l’hôpital militaire Dr Mohamed- Seghir-Nekkache (Aïn Naâdja, Alger), ont révélé la nature ischémique de l’accident sans retentissement sur les fonctions vitales». Le communiqué de la présidence de la République a poursuivi qu’«à la faveur de ces explorations, une thérapeutique adéquate a été instaurée avant son transfert à l’hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce (Paris) pour un complément d’exploration, à l’issue desquelles ses médecins lui ont recommandé d’observer, à l’institution nationale des Invalides, une période de soins et de réadaptation fonctionnelle en vue de consolider l’évolution favorable de son état de santé». Il est donné de noter que c’est pour la première fois, après 45 jours d’hospitalisation, qu’un bulletin de santé officiel évoque non pas un AIT, dont la victime se rétablit normalement quasi-instantanément, mais un AVC qui, souvent, est accompagné de séquelles. Une vérité dite sur le tard et sous la pression des médias et des milieux politiques. Si le bulletin de santé établi ce mardi fait référence à une rééducation fonctionnelle, c’est que l’AVC dont a été victime le Président Bouteflika a eu pour conséquence d’affecter ses fonctions motrices. C’est ce qui explique d’ailleurs son maintien en milieu hospitalier et sous soins en France durant une aussi longue période. Le silence officiel autour de la santé de Bouteflika devenant intenable, étant donné les supputations les plus diverses qui entourent le sujet, les services de la présidence de la République se sont contraints de faire l’annonce qui, à la fois, explique la longue absence du Président et préparerait à bien des éventualités politiques. Il explique la longue absence, plus longue que l’hospitalisation de 2005, car à se fier au premier diagnostic du Pr Bougharbal, le 27 avril, jour du malaise du président, Bouteflika était victime d’un AIT sans séquelles et que son évacuation en France était juste pour des examens complémentaires et que, par ailleurs, son séjour en France était une affaire de quelques jours seulement. Aussi la longévité de son hospitalisation devenait légitimement suspecte. Une suspicion renforcée par la réaction des médecins spécialistes à la déclaration du même Pr Bougharbal qui, quelques jours après l’admission de Bouteflika au Val-de-Grâce, a évoqué une embolisation. Ces médecins ont fait savoir que cette dernière n’est pas du tout indiqué dans le cas d’un AIT. Les déclarations, par la suite, du Premier ministre, quant au rétablissement du Président, ont manqué de convaincre, d’autant que les informations publiées par les médias français, qui s’alimentent à la bonne source, au Quai d’Orsay, étaient plutôt alarmantes. Lundi, à l’ouverture du séminaire sur la communication institutionnelle, Abdelmalek Sellal s’est dit agacé par la focalisation qui était faite autour de la santé de Bouteflika et a regretté que l’information officielle soit démentie. Il se trouve que l’opinion a raison de ne pas trop y croire, maintenant qu’on l’informe que le Président subit une rééducation fonctionnelle. La même opinion devrait déjà s’interroger sur ce que cette annonce augure. Possible que les autorités s’apprêtent à rapatrier Bouteflika au pays pour suivre sa rééducation fonctionnelle. Peut-être également que cette annonce prélude d’une prise de décision politique majeure, à savoir la déclaration de l’empêchement, conformément à l’article 88 de la Constitution. D’autant que le bulletin de santé établi mardi ne mentionne pas la durée de convalescence de Bouteflika.
S. A. I. le soir dz