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adjudant

  • Le capitaine Hanoune

     

     
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    La situation aura eu quand même un grand avantage, ce grand déballage. Tout le monde parle, même si chacun ne dit rien de précis. Tous s'expriment, même si personne ne parle en réalité aux Algériens, exclus du module, les personnalités s'adressant aux institutions, pouvoirs, clans, forces et appareils par des messages cryptés qui font office de positions. C'est dans cette atmosphère de marins d'eau douce qui parlent de mer sans se mouiller qu'un matin où il faisait beau, le capitaine Hanoune a pris sa voiture et est partie voir le général Gaïd Salah. On ne sait pas vraiment ce qu'elle lui a dit, mais officiellement, elle est partie lui expliquer que l'Algérie va mal et qu'il faut faire très attention à la main étrangère, au cholestérol et aux carrefours. On ne sait pas vraiment ce que le général a répondu au capitaine, mais officiellement, il a pris en compte ses doléances sur les questions de fond, cantine, transport et primes de rendement.

    En réalité, ni le capitaine ni le général n'auront apporté d'éclaircissement sur la bouillonnante actualité politique, à cause probablement du devoir de réserve des officiers. Mais le capitaine Hanoune, une armée à elle seule, présidente du même parti depuis une génération, aura résumé par son attitude toute la situation. Elle n'est d'accord sur rien mais soutient tout, ne dit rien mais interpelle tout le monde, s'en prend aux importateurs mais défend la politique de Bouteflika qui encourage l'importation totale. Tout en parlant d'alternance et de jeunesse, elle ne voit aucun problème à ce que l'actuel Président se représente. Enfin, elle a milité toute sa vie pour un pouvoir civil mais a fini chez un général. Sauf que le capitaine Hanoune aura réussi à représenter tous les Algérien(ne) s dans leur confusion et leurs contradictions. Tous des capitaines Hanoune et l'Algérie est donc bien une république militaire à caractère schizophrénique.

    Chawki Amari
  • Les Algériens devraient exiger une commission d’enquête publique sur les scandales?

     

     

     

    Zehira Houfani Berfas

     

    Il y a un moment dans la vie d’un peuple où le sens de l’essentiel s’impose et devient une question de survie. Notre pays a connu des crises successives, des drames que peu de peuples ont vécus, aussi bien dans son histoire coloniale que dans celle de son indépendance. Nous n’avons pas réussi le pari de faire de l’Algérie cet État de droit qui aurait consolidé notre appartenance à cette nation et en faire un idéal commun à tous les Algériens.

     

    Quand le sordide envahit la normalité

     

    Tout ce que nous renvoie l’actualité de notre pays, en terme de droit, de justice, de performance et de développement, d’éducation et de citoyenneté, d’éthique et d’intégrité, bref, tous les domaines, qui renseignent la grandeur d’une nation, clignotent dans le rouge depuis des années sans que nous daignons remettre en cause nos façons d’être et de penser. J’ai peine à croire qu’il existe un autre pays au monde (indépendant et riche) dont des centaines d’ex. ministres (hommes d’État) seraient exilés chez l’ex. Puissance coloniale que leur peuple a combattue. Le message que cela renvoie dépasse l’entendement avec son lot d’effets pervers. Des paradoxes de ce genre (liés à la sphère au pouvoir) font la trame tragique de notre histoire contemporaine et dilapident du même coup les repères d’une société rendue accroc au désordre et à la rapine. C’est dire si l’aberration est entrée dans les mœurs. Il ne s’agit pas de condamner des gestes individuels, mais plutôt une mentalité du laisser-faire, cette attitude collective et autodestructrice qui déroge à la fierté d’un peuple.

     

    Un égo démesuré

     

    Il est de notoriété que l’Algérien a un égo démesuré qui fait que même s’il est convaincu qu’il a tort et que son voisin a raison, il ne fera rien pour aider ce dernier à faire avancer la cause. Quand bien même, elle serait commune. Cet état d’esprit qui emprunte au mépris nous empêche d’aller vers l’autre, de fusionner nos idées dans un projet commun, puisque chacun se pense plus investi que l’autre pour prétendre à sa paternité. Ce faisant, ils se neutralisent les uns, les autres, et la collectivité en pâtit. Il y’a eu tellement d’initiatives avortées ou restées lettres mortes pour cause d’incapacité à produire un compromis d’union (notamment pour le changement démocratique) qu’on peut imputer à ces échecs, au moins en partie, le désarroi ambiant et la démobilisation citoyenne, même s’ils n’ont pas l’exclusivité puisque le régime y contribue largement en puisant dans le trésor public pour s’acheter la paix sociale.

     

    Aujourd’hui, tous les observateurs s’accordent pour dire que notre situation sociopolitique va en s’exacerbant et que le régime n’a ni la capacité, ni la volonté d’épargner à notre pays l’explosion sociale qui pèse sur son avenir. Une explosion que tout un chacun redoute, et qui risque de nous mettre, tous autant que nous sommes, hors jeu, d’autant que le contexte international ne travaille pas à l’apaisement dans notre région, devenue un grand marché pour l’industrie militaire des grandes puissances et leur business de la guerre et des ressources naturelles.

     

    Un brin de patriotisme pour une action concertée

     

    Même si  la conjugaison de facteurs endogènes et exogènes ne semble pas en faveur d’une mobilisation conséquente pour le changement politique, il n’empêche que notre silence bonifie les actes de sabordage de l’économie nationale et renforce l’impunité de ceux qui ont fait de l’Algérie cette zone de non-droit et réduit son peuple à l’errance. Allons-nous continuer à tergiverser, ou dire, c’est assez de notre inconséquence sur ce pays, renouer avec l’humilité du travail et plus encore le respect de SOI. Ce que la presse rapporte du désastre de la gouvernance devrait amener les Algériens de bonne foi à faire abstraction de leurs divisions dans un même élan au profit de leur pays. Les graves révélations sur les scandales liés à la corruption au plus haut sommet de l’état recommandent de briser notre silence, coupable dans tous les cas. Il y a une telle somme d’écœurement général vis-à-vis du régime, que le moindre acte d’intérêt public, venant de personnalités dignes de foi (le pays en compte beaucoup), réunies dans un geste patriotique exemplaire, pourrait redonner espoir aux populations et les mobiliser.

     

     

     

    Réhabiliter la justice là où elle est interdite d’accès

     

    En effet, qu’adviendrait-il si ces personnalités algériennes décident de prendre leur responsabilités face à la dérive du régime et d’exiger la tenue d’une commission d’enquête publique indépendante avec le mandat de faire la lumière sur tous les scandales qui éclaboussent la sphère dirigeante? Une façon de réhabiliter la justice là où elle est interdite d’accès. Un précédent que les prétendants à la démocratie devraient s’approprier. Puisque le régime refuse aux Algériens, tout vrai changement démocratique, peut-être qu’une exigence massive d’une telle commission, ébranlera le statut quo érigé par le pouvoir et motivera les populations pour croire à une autre Algérie que celle des généraux et leur vitrine démocratique. Irréaliste? Pas plus que la résignation d’un peuple (connu pour sa révolution exemplaire) devant les abus hallucinants de ses gouvernants. Au moins, des Algériens auront dérogé « au chacun pour soi » « takhti rassi », renoué les fils de l’appartenance commune et fait la preuve d’une action politique concertée pour exiger d’une seule voix quelque chose de ce régime.

     

    Ne serait-ce qu’en mémoire des martyres qui ont donné leur vie pour qu’un jour nous soyons libres et « maîtres chez nous ».

     

    Ne serait-ce que pour éviter à nos enfants le fardeau de nos échecs.

     

     

     

    Zehira Houfani Berfas,