Les responsables militaires algériens et américains partagent une vision identique en matière de lutte contre le terrorisme au Sahel. Joseph Mcmillan, l’adjoint principal de l’assistant du secrétaire américain à la défense chargé des affaires de sécurité internationales, a déclaré, hier, que les Etats-Unis d’Amérique s’opposent à toute intervention armée étrangère dans la sous-région et soutiennent l’initiative algérienne visant à criminaliser le paiement des rançons pour la libération d’otages.
Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - La quatrième session de coopération militaire entre le ministère de la Défense algérien et le département américain à la Défense s’est clôturée hier à Alger. La question de la lutte antiterroriste était au centre des discussions entre les deux parties. Des discussions qualifiées de «franches, productives et amicales», par l’adjoint principal de l’assistant du secrétaire américain à la défense chargé des affaires de sécurité internationales. «Nous avons abordé plusieurs questions stratégiques qui concernent la menace terroriste au Sahel. J’ai dit aux représentants du gouvernement algérien que le problème du terrorisme doit être traité par les pays concernés directement. C’est la meilleure façon de lutter contre ce phénomène. L’intervention de forces étrangères doit être le dernier recours. Nous avons apprécié l’initiative du gouvernement algérien visant à rassembler les pays de la région pour lutter conjointement contre le terrorisme. C’est une initiative très importante. La partie algérienne a exactement le même point de vue», a précisé Joseph Mcmillan lors d’une conférence de presse animée au siège de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Alger. Le responsable du département à la Défense estime que la mise en œuvre d’une stratégie de lutte globale contre le terrorisme est nécessaire. Mais ce concept doit s’appuyer sur des stratégies locales. «Les solutions doivent avant tout être locales. La stratégie appliquée actuellement en Afghanistan ne peut pas s’appliquer au Mali.» Interrogé sur la position des Etats-Unis à propos de la problématique du paiement des rançons aux groupes terroristes, Mcmillan a insisté sur le caractère «contre-productif » de ce procédé. «Le paiement des rançons est une initiative contre-productive qui encourage les terroristes et qui fournit des financements à ces groupes. Le gouvernement algérien a une position très claire à ce propos. Nous avons de bonnes discussions sur les méthodes avec lesquelles nous devons traiter cette question. » Pour autant, les Etats-Unis iront-ils jusqu’à soutenir l’initiative de l’Algérie portant sur l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution criminalisant le paiement de rançons ? En fait, l’administration américaine semble être face à un sérieux dilemme en l’absence de consensus de la communauté internationale à ce sujet. «L’Algérie et les Etats- Unis partagent les mêmes objectifs qui consistent à mettre fin au paiement de rançons. Le gouvernement américain applique une politique très claire : aucune concession ne doit être faite aux terroristes. Criminaliser cet acte, tel que proposé par l’Algérie, est une des approches. Mais j’estime que la communauté internationale doit comprendre que c’est une des solutions qui pourrait être établie. Le défi consistera à faire en sorte que la communauté internationale approuve cette approche.» Selon Mcmillan, les modalités de soutien des Etats-Unis à la proposition algérienne sont actuellement à l’étude au niveau des représentations diplomatiques des deux Etats. L’adjoint principal de l’assistant du secrétaire américain à la défense chargé des affaires de sécurité internationales a également abordé les domaines de coopération entre les deux armées, notamment en matière d’acquisition de matériels militaires. Ainsi, outre les équipements spécifiques à la lutte contre le terrorisme (armement des unités de combat, moyens de détection…), Joseph Mcmillan a laissé entendre que des discussions étaient engagées entre les deux parties pour l’acquisition de moyens au profit de l’aviation algérienne. «Les forces aériennes algériennes sont habituées aux avions américains. Actuellement nous n’en sommes qu’au stade des discussions. Elles concernent notamment le côté technique. Nous devons définir les exigences à prendre avant de procéder à l’acquisition de ces équipements aériens.» Il est utile de rappeler que le parc d’avions militaires américains détenus par l’armée de l’air algérienne est très restreint. Il se limite à quelques avions de transport Hercule C130 et à des appareils de surveillance de type Beechcraft. Pour ce qui est des aspects liés à la formation et aux exercices militaires, Mcmillan a indiqué que les deux parties ont arrêté un programme de deux années qui prendra effet à partir du début de l’année 2011. Par ailleurs, l’adjoint principal de l’assistant du secrétaire américain à la défense chargé des affaires de sécurité internationales répondra sur un ton diplomatique à une question sur le silence des pays occidentaux face à la situation que subissent les populations civiles dans les territoires occupés par le Maroc. «Nous estimons que ce conflit aurait dû être résolu depuis longtemps. Le secrétaire général de l’ONU a nommé un envoyé spécial en la personne de Christopher Ross. Les Etats-Unis soutiennent ses efforts», se contentera de dire Joseph Mcmillan.
T. H.