Mon absence momentanée ne m’a pas permis de participer dès le début au débat suscité par l’appel de notre compatriote MT. Yala.
Il est clair que le constat présenté par cet officier supérieur est celui de tout Algérien sincère et conscient de la grave situation nationale. Et ce constat a déjà été fait depuis des décennies bien avant l’accélération de la déliquescence sociale et de la faillite politique. A l’époque ceux qui osaient dénoncer cette triste réalité nationale, en dehors des discours ronflants des thuriféraires larbins de l’imposture totalitaire, étaient traités de réactionnaires, contre-révolutionnaires, quand ils n’étaient pas carrément étiquetés de fils de harkis.
Il est encourageant de voir aujourd’hui d’ex-serviteurs du système, civils et militaires tenir le même discours que ces opposants « ennemis de la Révolution » et tirer les mêmes conclusions sur la nécessité impérieuse d’un changement radical du système.
Il est clair aussi que la faillite de ce système honni est le résultat de 50 ans d’illégitimité du pouvoir (je dis bien 50 années). Un pouvoir pris par la force des armes, entretenu par les coups d’Etats, les intrigues et « légitimé » par des mascarades électorales à la Neagelen.
J’aurais voulu connaitre le point de vue de Mr Yala sur le devenir de la sinistre police politique, dans l’Etat de Droit de demain auquel nous aspirons tous. Cette police politique, colonne vertébrale d’un régime illégitime, responsable par sa politique de terreur, de nombreux drames depuis 62 et qui continue à « gérer » sans partage tous les espaces de la vie publique, sociale et politique.
Sinon sur le plan des propositions, il y a beaucoup de points de convergences avec d’autres initiatives dont celles du FCN (changement radical et pacifique, respect des valeurs civilisationnelles de la Nation, démocratie, droits de l’homme, alternance véritable, Constituante….). Mr Yala avance l’idée d’un « pacte national de citoyenneté » comme creuset à toutes les forces politiques réelles et comme base d’action pour le changement. Au FCN et bien avant avec l’Appel du 19 mars 2009, nous avons déjà proposé de nous entendre sur un « compromis politique historique ».
Je crois que le moment est venu de fédérer sérieusement toutes ces volontés sincères, loin de tout calcul politicien et de visions idéologiques ou partisanes étroites, autour de ces principes et valeurs communes clairement énoncées qui constitueront le socle de notre pacte national ou compromis politique pour pouvoir lancer ce vaste et solide mouvement populaire pacifique du changement radical.
Il est certain que ce mouvement fédérateur en vue d’une action bien définie qu’est le changement de système politique (et non un changement dans le système) ne doit en aucun cas être un assemblage de partis et autres associations hétéroclites mais un véritable front réunissant des volontés sincères et engagées sans exclusion ni exclusive, débarrassées de leurs oripeaux idéologiques stérilisants.
En aucun cas, ce mouvement rassembleur ne doit être l’otage d’un quelconque esprit zaïmiste. Une direction collégiale doit piloter ce projet fédérateur.
Il est important de rappeler aux adeptes du grenouillage boulitique le fait que nul n’a le monopole du changement, de la démocratie, de la religion ou de l’identité nationale. Le changement doit être l’œuvre de toutes et tous ceux qui sont engagés sur le terrain à SERVIR et à SAUVER l’Algérie de ce chaos programmé et non l’œuvre de prétentieux qui voudraient déjà se positionner pour une quelconque prise de pouvoir alors que le bateau Algérie risque de couler.
Tout comme nous devons insister sur le fait que dans l’Etat de Droit de demain, auquel nous aspirons tous, aucune institution de l’Etat, quelle qu’elle soit, ne peut et ne doit se prévaloir d’être au-dessus de la souveraineté du peuple, seule source de légitimité.
Sommes-nous capables d’avancer dans ce sens et de passer des multiples initiatives à une œuvre nationale unificatrice salvatrice qui nous permettra de passer d’un régime illégitime perdurant depuis 50 ans à un véritable Etat de Droit avec ses institutions stables démocratiquement élues ?
La question reste posée.
Amicalement.
Salah-Eddine SIDHOUM.
Alger 26 10 2012