Enquête de JB Rivoire et Romain Icard.
Montage: Laurent Caujat.
Image: Jean-Claude Fontan.
Son: Jean-Marc Blanzat.
Documentaliste: Emanuelle Charles,
stagiaire : Guillaume Barathon, Aurélie Badel
DIFFUSIONS
Lundi 4 Novembre 2002 à 23h 15 (Canal +)
Jeudi 7 Novembre à 11h 10 (Canal +)
Vendredi 8 novembre à 5h 20 (Canal +)
Vendredi 9 novembreà 17h10, le 13 novembre à 17h50 et le 15 novembre à 19h37 sur "canal + bleu"
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INTRODUCTION
Pont St Michel, 25 juillet 1995
Juillet 1995 : C'est la troisième fois en un an que le " GIA ", Groupe Islamique armé, frappe la France de façon spectaculaire, cette fois au cœur de Paris.
Premier attentat le 3 août 1994, avec cinq français mitraillés à Alger.
Le 24 décembre de la même année, un airbus d'Air France est détourné en Algérie avant d'être pris d'assaut à Marseille.
En Juillet 1995, ce sont les bombes dans le RER, puis, en 1996, l'assassinat des moines de Tibhirine.
Point commun à tous ces attentats: ils sont attribuées à un certain Djamel Zitouni, chef du "GIA".
Mais aujourd'hui, d'anciens officiers des services secrets algériens affirment que derrière le terroriste Zitouni, se cachait en fait des intérêts beaucoup plus importants.
Voici l'histoire d'une incroyable manipulation.
LA CREATION D'UN MONSTRE
Il y a cinq ans, un ex-officier des services algériens écoeuré par la sale guerre qu'on lui a fait mener se confie à la presse britannique.
Synthé : L'Observer 8/11/97
Ce que dit cet officier est d'abord politique : il révèle que les militaires algériens, effrayés par la victoire électorale des islamistes en 1992 ont mis en place une stratégie radicale pour les empêcher d'arriver au pouvoir. Une stratégie meurtrière dont Djamel Zitouni était l'instrument.
Quelques semaines après les révélations de l'Observer, nous retrouvons l'officier. Réfugié en Angleterre, il est méfiant et nous soupçonne de renseigner les services français.
Puis au fil des rencontres, la confiance s'installe. Dans un hotel de Londres, il nous explique dans un français mal maitrisé comment son service a recruté Zitouni.
Capitaine Hocine Ouguenoune
Ancien des services secrets (DCSA)
" Djamel Zitouni a été recruté dans un camp au Sahara, où les islamistes avaient été envoyés. Il a été surpris dans des conditions très très gênantes, avec des mœurs homosexuelles. Le chef de la sécurité du centre lui a dit : soit tu travailles avec nous, soit on te balance au niveau du centre , au niveau du camp de concentration. C'est sûr qu'il aurait eu de très très graves problèmes .Dans un centre où il y a des milliers d'islamistes , entendre parler d'un truc comme ça … "
Les services secrets algériens auraient donc forcé Zitouni à collaborer avec eux. Et le jeune islamiste n'aurait pas été choisi par hasard.
Capitaine Hocine Ouguenoune
Ex-officier de la sécurité militaire (DCSA)
" Parmi les islamistes , il y avait des médecins , il y avait des docteurs, des universitaires. Pourquoi ne pas prendre un universitaire et faire ça ? Pourquoi prendre un vendeur de poulets qui a à peine le niveau de 6ème ou de 5ème ?C'est uniquement pour pouvoir le manipuler , pour pouvoir faire de lui ce qu'on veut . "
Après l'Observer, Le Monde publie le témoignage d'un autre officier. Il confirme que les services secrets algériens manipulaient Zitouni et qu'ils sont impliqués dans les attentats de Paris.
Synthé : Le Monde 11/11/97
Il nous faudra un an et demi pour convaincre cet officier menacé de mort de nous parler, même à visage masqué. Pour lui, il y a une vraie guérilla islamiste en Algérie, mais elle est parfois manipulée.
Colonel Ali
Ex-officier au ministère de la défense
Mouvement Algérien des Officiers Libres (MAOL)
" Celui qui nie l'existence des groupes islamiques armés, il est de mauvaise foi , mal informé ou c'est quelqu'un qui est manipulé. Mais le noyau central, les groupes de la région centre et ouest étaient dès le départ infiltrés et manipulés. Zitouni, c'était ce qu'on appelle un mouton noir. C'était un islamiste convaincu, mais il donnait des informations stratégiques aux services . "
Zitouni, futur chef du GIA, aurait donc commencé sa carrière en renseignant les services secrets algériens. à la publication de ces révélations, l'ambassade d'Algérie à Paris monte au créneau.
Mohamed Ghoualmi
Ambassadeur d'Algérie en France
Synthé " le vrai journal " de Karl Zero Canal plus , 1997
" C'est quelque chose de tout à fait fantaisiste et tout à fait farfelu et je suis indigné par le fait qu'on utilise de telles méthodes pour porter atteinte à l'intérêt du pays que je représente et aussi de mon point vue à ses intérêts diplomatiques et dans une certaine mesure aux relations entre la France et l'Algérie. "
Mais derrière les civils, ce sont en fait les militaires qui dirigent l'Algérie. En 1992, l'homme fort du pays, c'est le général Nezzar. Un homme de l'ombre qui n'avait pas hésité à faire tirer sur la foule lors d'émeutes en 1988.
Il y a quelques semaines, Nezzar était à Paris pour un procès en diffamation. L'occasion de le rencontrer est exceptionnelle.
Colère Nezzar :
JB Rivoire : " Bonjour, c'est Canal + ! Est ce qu'on peut vous demander une interview pour Canal + par écrit , c'est très important …vous ne souhaitez pas nous répondre ? "
Devant notre caméra, un jeune algérien tente de nous empêcher de poser des questions.
JB Rivoire : " Est ce que les attentats de Paris de 1995 ,c'est grave ? "
Le jeune algérien appelle les agents de sécurité .
Nezzar: " …Que vous sautiez sur une étincelle comme ça et que vous portiez des jugements sur les gens, ça je vous l'interdis. Je vous l'interdis".
En 10 ans de guerre, Nezzar et ses généraux n'ont jamais apprécié qu'on questionne leurs méthodes. Voici l'organigramme secret des vrais patrons de l'Algérie.
A droite, les forces militaires proprement dites. A gauche, les services secrets du DRS, la redoutable sécurité militaire, avec le capitaine Ouguenoune.
Au cours de notre enquête, un troisième officier a accepté de nous parler.
Longtemps bras droit du patron du contre-espionnage, il a déserté l'armée en 1996. A l'époque, ses chefs lui demandent d'organiser en Allemagne l'assassinat de Rabah Kebir, porte parole du FIS pour l'Europe.
L'affaire Zitouni, notre officier connaît, un de ses lieutenants la lui a confirmé en 1994.
Colonel M. Samraoui
Ancien des services secrets (DCE)
" On m'avait dit - et je connais le lieutenant parce qu'il a été sous mes ordres- ' il y a Djamel Zitouni qui rôde à la caserne . Qu'est ce qu'il se passe ? Il rôde , il est convoqué …' "
JB Rivoire : " qu'est ce que ça veut dire ça ? "
Colonel Samraoui : " ca veut dire que c'est un agent , qu'il recevait ses instructions de la part de nos chefs. "
Zitouni circule librement, en effet. En juillet 1994, il est même aperçu au siège des services secrets, dans la banlieue d'Alger.
Abbas Aroua est universitaire. Il a coordonné l'une des meilleures enquêtes sur le " GIA ". Selon lui, les services algériens cherchaient à l'époque à renforcer la crédibilité de l'islamiste Zitouni, pour le placer ensuite au sommet du " GIA ".
Synthé : " An inquiry into the Algerian massacres " ed. Hoggar
Abbas Aroua
universitaire (éditions Hoggar)
" Il fallait d'abord le valider comme un insurgé islamiste aux yeux de l'opposition armée et aux yeux de la population . Les médias algériens contrôlés par le pouvoir militaire ont tout fait pour gonfler le personnage "
Capitaine Hocine Ouguenoune
Ex-officier de la sécurité militaire (DCSA)
" Ce qu'on a toujours fait c'est entretenir une image , une image d'un Zitouni sanguinaire que les médias malheureusement ont amplifié à l'époque … "
JB Rivoire " ça vous aidait ? "
Capitaine Ouguenoune : " ca nous aidait en tant que services secrets ? Oui ça nous aidait en tant que services secrets "
Le 3 aout 1994, cinq français sont donc tués à Alger. En France, l'émotion est considérable. Les services algériens mettent alors l'attentat sur le dos de Zitouni. Relayée par l'Agence France Presse, l'un des seuls médias étrangers autorisés en Algérie, cette version officielle est reprise par tous les Journaux Télévisés.
Capitaine Hocine Ouguenoune
Ex-officier de la sécurité militaire (DCSA)
" C'est vrai que la version officielle c'est ' Zitouni , un islamiste pur et dur a tué cinq Français' . En fait c'est tout à fait autre que ça puisque Zitouni était déjà manipulé , recruté par un des chefs des services opérationnels de la sécurité militaire , enfin ce qu'on appelait la sécurité militaire mais c'est en fait la DRS . Ce chef là s'appelle le colonel Tartag Bachir . Et donc c'est ce colonel Tartag Bachir qui avait en fait monté toute cette opération où des gendarmes ont été tués ."
Il s'agit désormais de crédibiliser Zitouni sur la scène internationale, renforcer son image d'islamiste sanguinaire et hostile à la France.
Abbas Aroua :
"Après avoir validé sa loyauté islamiste , après en avoir fait un chef médiatiquement , la phase suivante ou l'étape suivante consistait à lui faciliter un coup d'Etat sur le GIA "
L'armée tend donc une embuscade au chef du GIA et à ses principaux lieutenants. Ils sont tous tués, sauf Zitouni. Numéro trois du groupe islamique armé, il est épargné par les militaires.
Plutôt content de l'opération, le patron du contre espionnage algérien la raconte à ses homologues des services secrets français.
Témoignage d'un haut fonctionnaire du ministère de la défense qui préfère garder l'anonymat mais qui s'en souvient parfaitement.
Synthé : par téléphone: haut fonctionnaire du ministère de la défense.
"Cette anecdote m'avait quand même frappé . C'est effectivement qu'il l'ont épargné . Qu'ils l'ont épargné volontairement . Alors que tout avait été fait pour l'embuscade et qu'ils tuaient tout le monde s'ils voulaient . Et celui là n'avait pas été tué exprès. Mais moi quand on m'a raconté ça , ça ne m'a pas paru surprenant . Qu'on ait épargné un type parce que soit on avait déjà des contacts avec lui et qu'on pensait qu'après il prendrait la relève , ce qui s'est apparemment passé , et qu'il serait plus accommodant , cela me paraissait dans l'ordre des choses ,franchement … "
JB Rivoire : " ce type d'anecdotes , c'est susceptible d'être raconté ? "
Haut fonctionnaire : " ah non ne me citez pas , parce que là je serai emmerdé … "
Protégé par l'armée, Zitouni va prendre la tête des GIA. Pour cet ancien numéro 2 de l'ambassade d'Algérie en Lybie, les services secrets algériens ont réussi ce jour là un coup de maitre.
Mohamed Larbi Zitout
Ancien diplomate algérien
" Avant Zitouni c'était l'infiltration. A partir de l'arrivée de Zitouni c'est la main mise totale des généraux sur le GIA "
A partir de cette date, le " GIA ", qui est censé combattre le régime, retourne sa violence contre la population. Les algériens ne comprennent plus ce qui se passe.
Colonel Ali
Ex-officier au ministère de la défense
Mouvement Algérien des Officiers Libres (MAOL)
" Vous ne pouvez pas expliquer pourquoi on tue une religieuse de quatre vingt quinze ans. Vous ne pouvez pas comprendre pourquoi on tue au couteau un bébé de quatre ans , de deux ans. Vous ne pouvez pas en tant que musulman , en tant qu'être humain et je dirais en tant qu'individu tout simplement , pourquoi on éventre une femme enceinte. C'est de la barbarie pure .Il n'y a pas autre chose , c'est pour frapper l'imaginaire , c'est pas autre chose . Donc il y avait une stratégie : il fallait frapper les gens dans leurs émotions , il fallait les choquer . Vous voulez le FIS , voilà ce qu'ils sont en train de faire . L'effet escompté , c'était que la population divorce totalement avec l'idéologie islamiste. "
LE " GIA " AU SERVICE DES GENERAUX
Abbas Aroua.
" Quand Zitouni s'autoproclame chef du GIA, la 1ère chose qu'il fait c'est qu'il fait exécuter tous les chefs de maquis et pour les remplacer par ses complices des services de la DRS. Donc il met à la tête des maquis des gens qui lui sont fidèles et qui collaborent avec lui "
Après avoir placé ses hommes, Zitouni commence à éliminer les vrais islamistes. Les chefs du FIS étant en prison, il se contente de les exclure symboliquement. Mais d'autres dirigeants, comme Rabah Kebir, le porte parole du FIS en Europe, ou le Cheikh Sahraoui, qui dirige la mosquée de la rue Myrha, à Paris, sont inscrits sur une liste d'opposants à assassiner. Une liste qui n'aurait pas été établie par Zitouni.
Colonel Ali
Ex-officier au ministère de la défense
Mouvement Algérien des Officiers Libres (MAOL)
" Lorsqu'il y a eu cette fameuse liste des dirigeants du FIS à exécuter à l'étranger et en Algérie , elle a été faite à Ben Haknoun dans les locaux de la DRS parce que tout simplement il fallait éliminer ce qu'on appelle 'les intellectuels du FIS' "
Synthé : DRS : services secrets
Mostafa Brahami :
Djamel Zitouni a fait la besogne que n'ont pas pu faire directement les services secrets algériens à savoir s'attaquer à ces cadres du Front Islamique du Salut et de les assassiner "
Zitouni et ses lieutenants font le travail, puis des communiqués portant le tampon du GIA sont publiés à Londres.
Capitaine Hocine Ouguenoune
Ex-officier de la sécurité militaire (DCSA)
" Faire un tampon avec un signe du GIA ou l'envoyer à Al Hayat ou à n'importe quel agent , ça ne veut rien dire "
El Hayat : le plus grand quotidien en langue arabe de Londres. Depuis 10 ans, ce journal publie régulièrement les communiqués du GIA en affirmant qu'ils émanent des islamistes. En fait, le journaliste chargé de l'Algérie reçevait les communiqués par Fax, il n'a jamais pu en vérifier la provenance.
Kamil Tawil
journaliste " El Hayat " à Londres
"à l'époque, le GIA sortait deux ou trois communiqués par semaine. Comment vouliez vous qu'on en vérifie l'authenticité? c'était impossible ".
Pendant 10 ans, le monde entier a donc cru à des revendications du GIA dont aucun journaliste n'a jamais vérifié l'authenticité. Et les services secrets algériens ne se seraient pas contentée de rédiger eux mêmes certains de ces communiqués.
Capitaine Ouguenoune
Ex-officier de la sécurité militaire (DCSA)
" Ce monsieur est le capitaine Chouchane. C'est la dernière preuve vivanteque le GIA est une pure invention des services secrets puisqu'on lui a donné l'ordre d'aller seconder Zitouni en 1995 . "
Synthé : www.anp.org
JB Rivoire : " c'est à dire qu'on a demandé à un militaire d'aider Zitouni ? "
Capitaine Ouguenoune
" Oui. On a demandé cet officier , qui est un officier des services spéciaux , de partir pour devenir le bras droit de Djamel Zitouni dans le maquis "
Depuis que le capitaine Chouchane a confirmé publiquement son incroyable histoire, le général Nezzar a trouvé un argument imparable pour le discréditer.
Général Nezzar :
" Chouchane est un islamiste convaincu et je respecte parce que c'est un islamiste convaincu … "
JB Rivoire : " c'est un officier des forces spéciales algériennes à qui on a demandé , à qui le commandant Abderahmane a demandé en 1995 de devenir le numéro 2 de Djamel Zitouni à la tête du GIA "
Nezzar : " ça c'est faux "
Soldat d'élite, instructeur des forces spéciales de l'armée, le capitaine Chouchane fut longtemps un officier modèle.
Mais dans les années 90, comme beaucoup de jeunes algériens, il devient sympathisant du FIS.
En janvier 1992, les islamistes gagnent les élections mais l'armée interrompt le processus électoral.
Choqué par le coup d'état, Chouchane refuse de tirer sur la foule, il est jeté en prison. En 1995, la direction de l'armée vient le chercher dans sa cellule et lui propose une mission très spéciale.
Au cours de notre enquête, nous l'avons retrouvé dans le nord de l'angleterre. Pour la première fois devant une caméra, il a accepté de nous raconter ce qui lui était arrivé.
Capitaine Ahmed Chouchene :
"ils m'ont emmené au centre de torture de Ben Haknoun et là le général … m'a proposé de travailler avec lui . Le colonel Tartag était avec lui . Au début ils m'ont proposé de liquider les chefs du FIS qui avaient pris le maquis . Je leur ai dit que je croyais qu'ils allaient me proposer de liquider Zitouni ou des gens qui ont reconnus les crimes contre les enfants , les femmes et ainsi de suite . Là Bachir Tartag était énervé , il m'a dit laisse Zitouni tranquille , c'est notre homme et c'est avec nous que tu vas travailler "
Le colonel Bachir Tartag et le général Abderahmane, deux des plus hauts responsables des services secrets algériens qui ont refusé notre demande d'interview, auraient donc ordonné au capitaine Chouchane d'encadrer Djamel Zitouni.
C'est mettre l'un des meilleurs instructeurs de l'armée au service du chef du " GIA ".
Chouchane :
" là, je savais que si j'hésitais je ne sortirais pas du bureau . C'est pour ça que j'ai dit: ' je vais essayer de le contacter à ma façon' . Ils m'ont dit: 'non , on va arranger ta rencontre avec lui'".
Chouchane accepte, il cherche à gagner du temps. Quelques semaines plus tard, l'armée lui fixe un rendez vous dans un hotel d'Alger. Il se rends sur place, aperçoit l'émissaire de Zitouni, puis s'éclipse et parvient finalement à rallier l'Angleterre. Six ans d'exil.
Synthé : www.anp.org
Capitaine Hocine Ouguenoune
Ex-officier des servies secrets (DCSA):
" Quelle honte… les vrais terroristes , c'est ceux là ; Le général Kamel Abderahmane, c'était mon chef. C'est lui qui décidait pour la majorité de ce qu'il fallait faire avec Djamel Zitouni. "
Et les généraux vont bientôt confier à Zitouni une nouvelle mission: frapper l'Europe.
Fin 1994, le régime est de plus en plus contesté sur la scène internationale: à Rome, des opposants algériens convoquent une conférence de presse.
Du FLN au Front Islamique du Salut, tous les partis envisagent un processus de paix prévoyant le retour à la démocratie et le départ des militaires.
Le monde entier comprend alors que l'Algérie peut fonctionner sans que l'armée soit au pouvoir: les généraux s'inquiètent…
Colonel M. Samraoui
Ancien de la direction du contre espionnage
" Ils ont bati tout leur combat sur la lutte contre les intégristes , sur la lutte contre les islamistes .Mais une fois que les islamistes sont acceptés par la société démocratique, tout ce qu'ils ont construit tombe comme un château de cartes . Ces gens là, à chaque grande occasion, il faut que les attentats , que le terrorisme resurgisse pour crédibiliser leur théorie , leur discours . "
synthé
24 decembre 1994
Aéroport d'Alger
Abderahmane Meziane Cherif
Ministre de l'intérieur
" A partir de 14h30 , des terroristes -ce que nous croyons être- ont pu s'infiltrer , passer les différents barrages de contrôle et ils prennent depuis cette heure là en otage 232 passagers "
Nous sommes un mois seulement après la réunion des opposants algériens à Rome. Sur l'aéroport d'Alger, les hommes de Djamel Zitouni viennent de prendre en otage un airbus d'Air France.
Ce jour là, les services de sécurité de l'aéroport n'ont pas fait leur travail: certains bagages n'ont pas été fouillés et 63 passagers sont montés dans l'avion sans que leurs billets ne soient contrôlés, une négligence impensable dans un pays soumis à une guerre terroriste. Pendant ce temps, les hommes de Zitouni introduisent tranquillement dans l'Airbus des armes et des explosifs.
Colonel M. Samraoui
Ancien de la direction du contre espionnage
" Il était impensable de faire passer même une arme de poing . Or ces gens là sont passés …Il y avait même des explosifs . C'est louche."
Abderahmane Meziane Cherif
Ministre de l'intérieur
Journaliste : " est ce que les terroristes revendiquent d'une organisation ? "
Cherif: " Ce sont des terroristes . "
Journaliste : " des islamistes vous voulez dire "
Cherif: " des terroristes "
A Paris, on commence à s'interroger sur l'attitude des autorités algériennes. Après l'assassinat de deux passagers, Edouard Balladur propose que des gendarmes français interviennent.
Alger refuse.
Au bout d'une trentaine d'heures d'angoisse, les preneurs d'otages abattent un troisième passager d'une balle dans la tête. Il a 23 ans, il est cuisinier à l'ambassade de France.
Edouard Balladur téléphone alors au président Zéroual.
Colère Balladur (M6):
" Je dis notamment au président Zeroual que je le tenais pour responsable de la vie des Français qui étaient dans cet avion et que faute de quoi , je prendrais la Communauté internationale à témoin du comportement du gouvernement algérien qui aurait empêché la France de sauvegarder la vie de ses ressortissants . Ca a été difficile et peu diplomatique comme conversation "
Après ce coup de téléphone, l'Airbus décolle enfin pour Marseille, le GIGN intervient.
Huit ans après ce détournement, l'Algérie n'a toujours pas répondu aux questions du juge antiterroriste Bruguière sur les circonstances exactes de l'affaire.
Pour la veuve du jeune cuisinier abattu, ce silence est difficile à comprendre.
Catherine Beugnet
veuve de Yannick Beugnet
" Je ne vois pas l'intérêt du gouvernement algérien de faire obstruction à la justice . Pourquoi ils le font , pourquoi ils n'ont pas laisser accéder aux bandes enregistrées de la tour de contrôle , pourquoi le juge Bruguière n'arrive pas à avancer plus dans l'affaire. Il nous a réuni une fois ou deux depuis , c'est tout . Moi je veux autre chose , je veux des résultats. Parce que les personnes qui ont vraiment commandité cet attentat , elles sont vivantes elles, elles sont quelque part . "
Malgré le détournement de l'Airbus, la paix progresse.
Début 1995, réunis à nouveau à Rome, les partis algériens signent enfin un accord historique: ils s'entendent pour gouverner l'Algérie ensembles, sans les militaires.
Maitre Ali Yahia
Ligue algérienne des droits de l'Homme
" Seul le peuple peut désigner l'autorité et toutes les institutions qui doivent désigner le pays. "
A Paris, des hommes politiques comme Valéry Giscard d'Estaing ou François Léotard se déclarent favorables aux accords de Rome. François Mitterrand lui même tente de rallier Helmut Kohl au processus de paix. En mars 1995, même l'administration Clinton considère que le régime militaire algérien a échoué.
Les généraux se sentent lâchés par la communauté internationale, Le GIA va frapper Paris.
A leur arrivée au pouvoir, Jacques Chirac et Alain Juppé seront salués par l'une des plus importantes campagnes d'attentats terroristes jamais organisée en France.
Le 15 juin, un quotidien algérien proche des services de sécurité annonce l'arrivée en France d'un commando chargé de commettre des attentats.
Le 11 juillet, le cheikh Sahraoui, un des dirigeants du FIS qui figurait sur la liste des hommes à abattre par Zitouni est mitraillé à Paris.
Le 25, c'est la bombe de St Michel.
L'affaire sent la manip, d'autant que les vrais islamistes, eux, condamnent ces attentats qui les discréditent auprès de la communauté internationale.
Mostafa Brahami :
" Stratégiquement, le FIS n'avait aucun intérêt à se priver de la base islamiste , s'il y a base islamiste en France . Il n'avait aucun à intérêt à se couper des pseudo aides financières qu'il pouvait recevoir de la France "
En août, comble de la provocation, un communiqué signé Zitouni ordonne au président Chirac de se convertir à l'islam.
Infantilisme, ou coup monté des services algériens pour discréditer les islamistes ? la question se pose d'autant plus que l'organisateur des attentats de Paris, un certain Ali Touchent, est un personnage bien étrange.
Depuis le début des années 90, ce lieutenant de Djamel Zitouni recrute des jeunes dans les banlieues françaises et les pousse à commettre des attentats au nom du " GIA ". Exemple : Khaled Kelkal, recruté par Touchent, puis abattu par les gendarmes en septembre 1995.
Quand ils ne se font pas tuer par balle, les jeunes recrutés par Touchent sont tous interpellés.
Les arrestations sont spectaculaires, mais quand les policiers interrogent les jeunes, ils sont souvent déçus.
Confidence d'un policier des renseignements généraux qui était en fonction au moment des attentats et qui a été mis au placard après avoir dénoncé certains dysfonctionnements dans son service.
Jean Lebeschu
Ex officier aux renseignements généraux
" Ce qui était étonnant c'est que quand on voyait ces jeunes passer alors qu'ils venaient d'être arrêtés par la DNAT ou par la brigade criminelle , pour avoir fait un peu de PJ avant , je m'étonnais du comportement de ces jeunes "
Journaliste : " c'est à dire ? "
Jean Lebeschu " c'était un comportement assez enfantin . On n'aurait jamais cru que c'était des gens qui faisaient partie d'un réseau dur du GIA . Je pense qu 'au sein du GIA y a certainement des gens plus durs . "
synthé DNAT : Division nationale antiterroriste
Ces gens plus durs, c'est notamment Ali Touchent mais il n'est jamais inquiété par la police: En 1993, lors de l'opération chrysanthème, puis en 1994 en Belgique et enfin en 1995, après les attentats de Paris, les réseaux montés par Touchent tombent les uns après les autres, mais lui échappe aux arrestations. systématiquement.
Benoit Dietsch
Avocat de Boualem Bensaid:
"Quelqu'un qui une fois , deux fois , trois fois parvient à passer au travers des amilles du filet , soit il est extrêmement habile , soit il est prévenu avant et il est prévenu avant par des gens qui savent qu'il y a des interpellations qui vont avoir lieu, que des opérations de police et de justice vont être montées. Pour échapper trois fois, il faut peut être être prévenu avant."
Lors des procès des attentats de Paris, en octobre, Jean Francois Clair, numéro 2 de la DST, a du venir démentir que ses services aient pu entretenir des contacts avec Ali Touchent. Mais pour beaucoup de spécialistes du terrorisme, Touchent était au minimum un agent secret algérien.
Jean Lebeschu
Ancien officier aux renseignements généraux:
" C'était fatalement un agent. En France, on a connu aussi des agents comme cela qui montaient un réseau et puis ils sont toujours sortis, ils ont remonté un réseau après. Pour moi, c'est un agent, c'est difficile de comprendre autrement…"
Touchent, agent des services secrets algériens ? Après les attentats de Paris en tout cas, il part se réfugier à Alger.
Trois ans plus tard, les autorités algériennes déclarent qu'il est mort et qu'il ne peut donc pas être jugé. Une affirmation que la justice française n'a jamais pu vérifier.
En fait, la DST aurait compris dès 1995 que Touchent travaillait pour les services secrets algériens. Témoignage du juge Alain Marsaud, ancien patron de la lutte antiterroriste.
Alain Marsaud
Ex-chef du service central de lutte antiterroriste (1986-89)
"C'est vrai qu'une des reflexions de la DST, cela a été de constater que dès qu'on remontait les réseaux Kelkal, on tombait sur des gens des services officiels algériens. On avait tous de bonnes raisons d'être extremement prudents."
Un an après les attentats, notre colonel Samraoui, que l'on aperçoit ici avec le général Nezzar, évoque l'affaire Touchent avec l'un de ses collègues et ami, responsable de la sécurité militaire à l'ambassade d'Algérie à Paris.
Colonel M. Samraoui
Ancien de la direction du contre espionnage:
" il m'avait dit que Touchent leur appartenait. C'était grosso modo un agent des services qui activait en France."
Reste la question centrale: pourquoi l'Algérie aurait décidé d'organiser des attentats en France ?
Samraoui :
"En faisant des attentats en France, on mobilise l'opinion publique française, les gens se disent : oh, l'islamisme est un danger, voilà, c'est ce qui a été fait en Algérie, déjà : oh, les islamistes sont des terroristes, ils vont nous couper la tête… cette peur a obligé les gouvernements français à agir et à expulser tous les supports des islamistes…"
Alain Marsaud
Ex-chef du service central de lutte antiterroriste (1986-89):
"Quand on a vécu les années 83 à 90, on se rend compte que le terrorisme d'état est quelques chose d'assez particulier, cela utilise des organisations écran. En l'espèce, on peut considérer qu'à un moment ou à un autre, le GIA a été une organisation ecran pour porter le feu en France"
JB Rivoire : Pour prendre la France en otage ?
Alain Marsaud : Pour prendre la France en otage…
LA FRANCE
OTAGE OU COMPLICE ?
Les attentats de Paris n'auraient donc pas été du terrorisme aveugle, mais des messages envoyés par l'Algérie à la France.
En 1995, le gouvernement Juppé comprend-il que notre pays est probablement victime d'un terrorisme d'état ?
D'après notre enquête, la DST en avait averti Jean-Louis Debré, alors ministre de l'intérieur, dès le mois d'aout, soit un mois après la bombe de St Michel.
Alain Marsaud
Ex-chef du service central de lutte antiterroriste (1986-89):
"La DST a eu l'occasion de faire savoir au gouvernement qu'elle avait des soupçons. Il n'y avait pas les bons algériens qui gouvernent et les méchants qui commettent des attentats en France, c'était plus compliqué."
Le 15 septembre 1995, Jean-Louis Debré invite des journalistes à déjeuner au ministère de l'intérieur. Très rapidement, il se met à parler des attentats. Il a manifestement un message à faire passer.
Dominique Gerbaud
Journaliste à " La Croix "
Ex-pdt de l'association de la presse présidentielle:
" Il nous a dit une chose qui nous a surpris et notamment qu'il avait des doutes sur la responsabilité des auteurs des attentats et qu'ils se demandait si une manipulation des autorités algériennes était possible. Cela nous a semblé être une information de toute première importance, en tout cas une information nouvelle."
Le lendemain, à la " Une du Monde ", ces propos de Jean Louis Debré selon lesquels " la sécurité militaire algérienne voulait que l'on parte sur de fausses pistes pour qu'on élimine des gens qui les gênent " vont provoquer la colère d'Alger.
Le ministre de l'intérieur va alors faire semblant de ne pas avoir dit ce qu'il a dit. Dans son entourage, on " dément formellement l'existence de l'interview " et on se " réserve d'examiner toutes les suites judiciaires que mérite cette affaire ".
Mais quelque temps plus tard, Debré confirme ses propos à un journaliste préparant un livre sur Chirac.
Hubert Coudurier
Directeur de la rédaction du " LeTélégramme de Brest ":
"Dans une rencontre avec lui quelques semaines plus tard, il m'avoue qu'il l'a fait sciemment."
JB Rivoire : quel est son but ?
Son but, c'est d'envoyer un signal au régime algérien : on a pas la preuve qu'il y ait eu orchestration, manipulation des attentats de Paris, officiellement, on attribue cela aux islamistes, mais il y a des doutes un peu partout, dans toutes les sphères du pouvoir. Donc on va pas balancer une bombe atomique sur Alger, mais on va faire passer des messages par des canaux discrets, par les services, et là, officiellement par la presse. Tout en disant qu'on ne l'a pas fait. Mais le message est passé.
Synthé : Jean Louis Debré
Président de l'Assemblée nationale
JB Rivoire : "Monsieur Debré, bonsoir, peut on vous poser une question pour Canal + ?
C'est à propos des attentats de Paris en 1995, vous avez déclaré à l'époque que la sécurité militaire voulait emmener les services français sur de fausses pistes…
Vous ne voulez pas nous répondre ? On ne peut pas parler des attentats de Paris, monsieur Debré ?"
Jean Louis Debré ne préfère pas nous parler et pourtant, à l'époque, même Alain Juppé se méfiait des services secrets algériens. Selon le Canard enchaîné, il aurait ordonné aux enquêteurs français de " limiter à l'extrème, voire de cesser tout contact avec les services algériens de renseignement "
A l'époque, notre policier des renseignements généraux apprend qu'un algérien qui informe un de ses collègues semble bien au courant des attentats qui vont avoir lieu…
Jean Lebeschu
Ancien inspecteur des renseignements généraux:
"Cet algérien, avant chaque attentat, appelait le collègue des RG pour lui dire qu'il allait se passer quelque chose. A la fin, on trouvait cela un peu particulier car dès que cet individu appelait, il se disait que cela allait péter. On se disait que c'était étonnant. J'ai appris par la suite que cet individu qui était venu tamponner l'officier des RG au 5e étage des RG était un officier algérien. Il en avait la méthodologie et la volonté, il n'a jamais été arrêté, on n'en a jamais parlé, donc c'est fatalement un type couvert par notre hiérarchie, il faisait partie de l'entente entre les services algériens et nous mêmes."
Un officier algérien aurait donc prévenu Paris la veille de chaque attentat. Le scénario est à peine croyable, mais il ne surprend pas le juge Marsaud. Une pratique qui ne surprend pas le juge Marsaud.
Alain Marsaud
Ex-chef du service central de lutte antiterroriste (1986-89)
" Cela ne sert à rien de commettre des attentats si vous ne faites pas passer le message et si vous ne forcez pas la victime à céder. Donc après, se met en place une diplomatie parallèle : il faut bien faire comprendre d'ou vient la menace et comment on peut y mettre fin en contrepartie de certains avantages…"
Le régime algérien se serait donc servi du terrorisme pour forcer la France à le soutenir. Et l'affaire serait un secret de polichinelle.
Nezzar :
"Allez voir vos services, ils connaissent très bien le problème, je m'excuse…"
JB Rivoire : vous voulez dire que les services secrets français sont au courant ?
"Ils doivent être au courant"
JB Rivoire : C'est ce qui se confirme dans notre enquête, effectivement…
"Alors allez les voir, confirmez et condamnez nous…"
Et le général Nezzar n'est pas le seul à dire que Paris avait compris la manip. Quelques temps après les attentats, l'ancien premier ministre algérien Abdelhamid Brahimi, que l'on aperçoit ici quand il était au pouvoir recueille les confidences d'un proche de Chirac.
Abdelhamid Brahimi :
"Il m'a dit qu'en 1995, après que Zéroual ait été élu président algérien, en novembre 1995, le président Chirac lui avait envoyé un message disant notamment que la France n'accepterait jamais à l'avenir que la sécurité militaire n'organise des attentats en France.
Alors j'ai dit : vous le savez, pourquoi ne le dites vous pas ?
Donc les autorités françaises savent que c'est la sécurité militaire qui a fait ces attentats…"
Après 1995, en tout cas, plus aucun responsable politique français ne prendra la risque de critiquer le pouvoir algérien. Même Lionel Jospin, pourtant peu favorable au régime des généraux, se retrouve coincé une fois devenu premier ministre.
Synthé : TF1 20h 29/9/97
Lionel Jospin
Ancien premier ministre
" Dans le cas de l'Algérie, la très grande difficulté, c'est que nous ne savons pas comprendre ce qui se passe véritablement en Algérie (…) nous sommes contre une opposition fanatique et violente qui lutte contre un pouvoir qui lui même utilise, d'une certaine façon, la violence et la force de l'état. Alors nous sommes obligés d'être assez prudents (…) je dois aussi penser aux français : nous avons déjà été frappés. Je dois veiller à ces questions. Je suis pour que nous prenions nos responsabilités, mais en pensant que la population française doit aussi être préservée. C'est lourd de dire cela mais vous comprendrez aussi pourquoi il est de ma responsabilité de le dire "
Alain Chenal
Chargé de l'Algérie au Parti socialiste
JB Rivoire : "ça veut dire que les politiques francais ne peuvent pas dire ce qu'ils ont à dire sur le pouvoir algérien parce qu'ils ont peur des bombes."
Chenal : "C'est ce que j'ai compris et c'est ce que tous les observateurs ont compris"
Quand Zitouni est tué dans le maquis, en juillet 1996, il a rempli sa mission : forcer la France à soutenir le régime, assassiner une bonne partie des intellectuels islamistes, et terroriser la population algérienne. Aujourd'hui, les massacres de civils continuent et la plupart des généraux sont toujours au pouvoir.
Colonel Ali
Ex-officier au ministère de la défense
Mouvement Algérien des Officiers Libres (MAOL)
" Ils ont besoin de la violence pour gérer l'Algérie . Un minimum de violence comme ça les Algériens pensent à une seule chose : leur vie et leur sécurité ils demandent pas où est partie la recette du pétrole ni ce qu'on fait avec l'argent des Algériens ou quoi que ce soit .C'est un pays qui fait 2 millions de kilomètres carrés. Qu'est ce qu'ils ont fait de plus par rapport à ce qu'à fait la France ? Est ce qu'ils ont construit une ville nouvelle ? Y en a pas .Est ce qu'ils ont construit des routes , des autoroutes ? Y en a pas ."
JB Rivoire : " mais on se révolte pas parce que c'est dangereux. "
Ali : " c'est très dangereux "
Colonel M. Samraoui
Ancien de la direction du contre espionnage:
" Qui soutient ces gens là à part la France ? La France est leur principal soutien. Certains services français , certains services spéciaux français , certaines sphères politiques françaises bien connues aident ces gens là . La vente de matériel militaire c'est une aide supplémentaire pour permettre la survie de ces gens là , de ces généraux là "
Ce régime que la France soutient depuis 1992 pour des raisons commerciales, stratégiques et par peur du terrorisme a aujourd'hui du plomb dans l'aile.
Depuis les massacres de 1997, beaucoup d'Algériens ont compris que le " GIA " avait souvent servi de couverture aux services secrets pour commettre massacres et attentats.
Le gouvernement français, lui, fait comme s'il n'avait rien vu: en 2003, notre pays s'apprête à célébrer " l'Année de l'Algérie en France ".
attentats de paris: on pouvait les
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Attentats de Paris: On pouvait les empêcher