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au banc

  • Procès Diar El-Kef : la police au banc des accusés !

     

    LES AVOCATS DU POLICIER INCRIMINÉ PROVOQUENT UN DÉBAT SUR LA LUTTE CONTRE LA CRIMINALITÉ

    Par : NEÏLA B.

    Le procès du policier, auteur présumé du tir sur le jeune L. Amir à Diar El-Kef, a tourné en débat jeudi sur le futur rôle des policiers intervenant dans les agressions.

    La défense s’est basée sur l’expertise balistique et le rapport du médecin légiste qui ont confirmé que la balle retrouvée sur le corps de la victime ne correspondait pas à l’arme du policier mis en cause. La défense a estimé que “le dossier est vide sans aucune preuve, mais il fallait absorber la colère” et que “le policier est victime d’un système qui n’a pu protéger ni le peuple ni le policier”.
    Le procès du policier M. L., s’est ouvert jeudi au tribunal pénal de Baïnem (BEO) après un premier report d’une semaine. Le policier, de grade de brigadier en chef détenu à Serkadji, s’est présenté à la barre ainsi que le père de la victime L. Saïd et 10 témoins dont 8 policiers en mission le jour des faits. Le policier a relaté les faits devant la présidente de l’audience, la juge Meddah. Il déclara qu’une femme à bord d’un véhicule de marque Marutti s’est présentée devant un point de contrôle de police, Saïd-Touati, pour les informer qu’elle venait d’être agressée par un groupe de jeunes armés de sabres et d’armes blanches qui ont dressé un faux barrage. 10 mn plus tard, deux autres automobilistes alertent les policiers après avoir été agressés. Immédiatement, les éléments de la Police judiciaire de la sûreté de daïra de Bab El-Oued ont été instruits d’intervenir.
    Un plan a été établi pour pouvoir encercler les malfaiteurs mais les policiers ont trouvé des difficultés puisque cette intervention coïncidait avec la sortie des élèves du CEM Bensalem, surtout que les agresseurs, au nombre de 15 à 20, ont commencé à jeter des pierres à la vue des policiers.
    Ce qui a causé des blessures à des élèves dont un a été grièvement atteint. “Mes collègues étaient coincés par les jets de pierres alors j’ai dû tirer d’abord deux balles de sommation en l’air pour secourir en premier le gosse blessé,et deux autres balles ensuite. C’est après qu’on a su qu’une personne a été touchée”. L’affaire a été brouillée et on m’a obligé de reconnaître les faits. “Moi j’ai tiré en l’air, la victime, selon les témoignages, était à gauche et dans ce cas, j’aurais touché la pizzeria ou le salon de thé selon le projectile de la balle”. Interrogé par un de ses avocats, le policier affirma qu’il a été malmené lors de l’enquête policière surtout lors de la reconstitution des faits par un haut officier de la PJ. “Il m’a ordonné de prendre une position de tir tout en me déclarant qu’il a reçu des instructions que je dois affirmer que j’étais dans cet endroit-là, j’étais humilié et je ne peux pas dire davantage”, témoigne-t-il. Ses déclarations ont été confirmées par les policiers convoqués à la barre comme témoins. Parmi eux, des policiers ont reconnu avoir tiré eux aussi en l’air. “À notre vue, les malfaiteurs nous ont agressés par des pluies de pierres, et croyez-moi ce n’était pas des pierres mais des rochers”, déclara l’un des policiers, alors que son collègue ajoute : “On était coincé au niveau des escaliers et on a dû se réfugier, moi j’ai tiré une balle de sommation pour les pousser à reculer surtout qu’il y avait à ce moment-là des enfants blessés et une panique générale”. Tous les policiers ont confirmé que le présumé accusé tentait de desserrer l’étau sur ses collègues. Ces derniers ont tous témoigné que le mis en cause “tirait en l’air”. La présidente appelle ensuite L. Saïd, le père de la victime Amir, âgé de 17 ans. Le défunt est un repris de justice qui fait l’objet de 3 condamnations pour association de malfaiteurs, vol et agression à l’arme blanche. Il a demandé la “Demmya” avant de relater les faits, selon des témoignages recueillis auprès de ses ex-voisins. “Mon fils s’est déplacé au quartier pour saluer ses amis à l’occasion de l’Aïd, il mangeait un morceau de pizza quand la police est intervenue suite à une panique causée par un malade mental”. Mais la présidente du tribunal, bien en vue du dossier, lui rappelle qu’il s’agit bien d’une intervention policière suite à une série d’agressions à l’arme blanche ce jour-là. Il réplique en disant que se sont les jeunes du quartier qui ont ramassé les douilles et ont refusé de les remettre à la police. “Ils les ont gardées pour moi”. Une déclaration qui sera bien exploitée par la défense lors de sa plaidoirie plus tard.
    Les enquêteurs reconnaissent que la douille n’a pas été retrouvée
    Les victimes, entendues lors de l’enquête judiciaire, étaient absentes lors du procès. On apprend qu’une des victimes, une enseignante, a changé de lycée par peur de représailles. Deux témoins seulement se sont présentés à la barre dont un jeune universitaire qui a vu la victime par terre blessée à la tête et qui a beaucoup insisté sur l’insécurité dans ce quartier. “Chaque jour, on enregistre pas moins de trois agressions et des échauffourées avec la police”.
    La plaidoirie des quatre avocats de la défense a duré plus de deux heures. Me Salah Abderrahmane rappelle le contenu de l’expertise balistique qui a démontré que les enquêteurs n’ont pas trouvé la douille de la balle tirée par l’auteur présumé et que la balle trouvée à côté de la victime a été tirée d’une distance qui lui fait perdre son efficacité. Alors que Me Khiat est revenu longuement sur le rapport du médecin légiste qui précise que la victime a été touchée par une balle de calibre 7 mm alors que l’accusé possède un pistolet de 9 mm. “La balle ne peut pas rétrécir !” En résumant, sa plaidoirie par le fait que ce jour-là “il fallait absorber la colère et classer le dossier”. Me Bouhanna affirme qu’“une arme à feu est en circulation au niveau de la carrière qui est, par la force des choses, devenue un État dans un État”. Concernant les déclarations du père de la victime relatives à sa possession des douilles des balles tirées, il s’interroge. “Où était la police scientifique ? Pourquoi on a procédé à la reconstitution des faits sans aviser le juge d’instruction ni même la défense ? Le dossier est vide. On voulait classer l’affaire mais on a travesti les faits, il s’agit là de l’autorité de l’État. Qu’est-ce qu’on va dire à l’avenir aux jeunes policiers chargés de la sécurité des biens et des personnes surtout ?”, avant de rappeler que “la personne armée n’est pas responsable dans les cas de légitime défense et protéger l’autre ou sur instruction, il y a un dysfonctionnement”.

    Le policier est victime
    d’un système qui n’a pas
    pu protéger le peuple
    La plaidoirie de Me Benjilali a fait pleurer l’assistance présente en se basant sur le profil de l’accusé. “C’est un fils de chahid qui s’est sacrifié pour l’Algérie, et son fils unique orphelin avec 25 ans de service, dont de longues années de lutte contre le terrorisme, se retrouve aujourd’hui incarcéré parce qu’il voulait protéger tout simplement des enfants blessés et ses collègues en danger !”, dira-t-il, avant de s’adresser à la présidente de l’audience. “Les policiers sont les enfants du peuple, mais mon client est au fond  victime d’un système qui n’a pu protéger ni le peuple ni le policier !”  Le représentant du ministère public a requis 3 ans de prison ferme pour “homicide involontaire”. Le verdict sera rendu le 18 novembre procha