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avec un aussi beau sourire

  • Avec un aussi beau sourire

    c’est tout de même pas la mer à boire !

    Par Hakim Laâlam Email : hlaalam@gmail.com

     

    Farid Bedjaoui aurait investi une partie de sa fortune dans des vignobles. Finalement, au fond, ça doit être… … un bon gars ! Je ne le connais pas personnellement. Mais de prime abord, je lui trouve une tête plutôt sympa sur les photos diffusées par la presse. Par exemple, lui sourit. Vous prenez d’autres ministres, d’autres responsables du pays, ils font la gueule tout le temps. Pour ne citer que Ziari. Là, j’ai sous les yeux un cliché illustrant un papier sur sa candidature à la succession de Belkhadem à la tête du FLN, eh bien le gars tire la tronche. M’enfin ! Tu es candidat, c’est une bonne nouvelle, souris au moins ! Mais bon, le sujet, ce n’est pas la tête à Ziari mais plutôt celle du ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Sid-Ahmed Ferroukhi. Réellement, il a la bobine du mec franc du collier. Tu irais taquiner le gardon en sa compagnie sans aucun problème. Sauf qu’il n’y a pas de rivière à gardons en Algérie. Par contre, il y a de la sardine ! Et hier vendredi, sur un marché de l’Algérois, un marché à proximité de la mer, à quelques mètres seulement pour tout vous dire de la mer et d’un port de pêche, j’ai acheté de la sardine à 400 dinars le kilo. Pourquoi je vous raconte mes courses à écailles ? D’abord, parce que c’est tout de même 400 dinars pour une poignée de sardines vachement malheureuses et flétries au fond du sachet dans lequel elles m’ont été servies. Ensuite, il se trouve que j’aime la sardine. Oui ! J’adore la sardine. Et un ami, sachant cela, me racontait hier toujours, vendredi — une journée durant laquelle la sardine est décidément au centre de ma vie — qu’il était en mission de travail en Tunisie, la semaine d’avant. Et là, en Tunisie, plus précisément dans la région de Mahdia, il a acheté de la sardine à un dinar tunisien le kilo. Un dinar tunisien, c’est l’équivalent de 50 dinars algériens. Cet ami a tenu à me préciser, par ailleurs, que tous les autres produits de large consommation ont flambé de prix en Tunisie, depuis notamment les événements, mais la sardine, elle, est restée bon marché. Alors voilà ! J’en viens à notre nouveau ministre de la pêche et du poisson. A un visage aussi avenant, aussi souriant et ouvert, je n’ai qu’une question à poser : peut-on un instant laisser de côté le discours savant sur la protection de nos ressources halieutiques, l’injection de nouvelles capacités techniques et matérielles de pêche, l’encouragement tous azimuts des jeunes entreprises d’élevage et autres beaux projets qui sentent la crevette royale tous les midis sur nos tables, et exiger ceci de tout bon ministre efficace et souriant : de la sardine à 50 dinars régulièrement, ou presque. Juste cela, loin du blabla et des théories… vaseuses. C’est un challenge pour un ministre. Venir à la rescousse des petites bourses et enfin redonner un sens à l’expression, hélas aujourd’hui incompréhensible, «sardine = viande du pauvre». Un ministre comme le nôtre, avec un aussi beau sourire, doit pouvoir relever ce genre de défis. Sinon, c’est moi qui finirais par tirer une tête à la Ziari ! Tout en fumant du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue. H. L.